dimanche 20 janvier 2019

Pétrels et Damiers

Moins emblématiques et moins nombreux que les manchots, les Pétrels des Neiges et les Damiers du Cap sont néanmoins bien présents à Dumont d'Urville.

Pétrel des Neiges - Crédit photo: Virgil Decourteille - IPEV
65 pontes de Pétrels des Neiges ont été observées cette année à l'occasion du suivi de la colonie de Pylône. Les nids sont situés dans des enrochements. Leur taux d'occupation sur oeuf est moins important que l'an dernier. Les températures clémentes enregistrées ces derniers temps ont généré la fonte d'une quantité de neige importante, entrainant du ruissellement et la formation de plaques de glace préjudiciable à la bonne conservation des oeufs.

Damier du Cap - Crédit photo: Virgil Decourteille - IPEV
276 couples de reproducteurs de Damiers du Cap ont été recensés sur l'ile des Pétrels et sur l'ensemble de la zone protégée de l'archipel.

Alors que les jeunes "Empereur" ont quitté massivement la manchotière en décembre pour rejoindre la mer libre et que les poussins d'"Adélie"commencent déjà à se rassembler en crèches, de nouveaux petits font leur apparition.

Pétrel des Neiges au nid - Crédit photo: Virgil Decourteille - IPEV

Jeune Damier du Cap - Crédit photo: Virgil Decourteille - IPEV

Après une quarantaine de jours d'incubation, voilà que les petits de Pétrels des Neiges et de Damiers du Cap montrent le bout de leur bec. A la sortie de l'oeuf, l'oisillon ne pèse qu'une quarantaine de grammes.
Il est temps pour les parents de commencer à le nourrir tout en le couvant à tour de rôle jusqu'à ce qu'il soit autonome thermiquement (quelques jours chez le Pétrel des Neiges).

Après une vingtaine de jours, les jeunes auront rejoint leur poids d'adulte; entre 300 et 400 gr selon la taille de l'oiseau et son sexe, les femelles étant plus petites que les mâles.

Il faut compter un mois et demi pour que les juvéniles soient prêts à l'envol... et que le cycle continue!

Jeux de Pétrels des Neiges - Crédit photo: Virgil Decourteille - IPEV




mardi 8 janvier 2019

Hommage à André PRUDHOMME

Il y a 60 ans, André Prudhomme disparaissait.


A l’extrémité nord-ouest de l’île des Pétrels se trouve la croix André Prudhomme, du nom de l'éminent météorologue et pionnier des expéditions polaires françaises en Antarctique.

Né à Paris en 1920, Prudhomme fait de brillantes études, interrompues par la Seconde Guerre Mondiale, pendant laquelle il s’engage dans la Résistance. Il entre à l’Office National de la Météorologie en 1945 et devient ingénieur au Service Central où il travaille à la Prévision Générale puis à la Prévision Moyenne et Longue Echéance. A l’époque, pas de satellite, pas de radar pour mieux observer l'atmosphère, ni de supercalculateurs pour simuler le comportement futur de l'atmosphère dont on commençait à comprendre la complexité. Les prévisionnistes étaient en quelque sorte des aventuriers de la science.
Travailleur acharné, Prudhomme effectue de nombreux travaux : sur les mesures hygrométriques, le régime pluviométrique des Alpes, la vitesse ascensionnelle des ballons, les  applications météorologiques des bandes d’absorption de l’ozone et de la vapeur d’eau, les singularités de pression et enfin l’étude de la nature des phénomènes solaires susceptibles de modifier la circulation atmosphérique. Grâce à ce dernier travail, il obtient le titre de docteur ès-sciences de la faculté de Lyon.

André PRUDHOMME - Photo d'époque

A la fin des années 50, le monde s’intéresse de plus en plus aux régions polaires et en particulier à l’Antarctique, continent encore largement inconnu et un peu délaissé depuis l’âge héroïque des expéditions d'Amundsen, Scott, Shakleton, Charcot ou Mawson.
L'année 1958 est celle de l'AGI, Année Géophysique Internationale, événement scientifique multidisciplinaire et international à l'occasion duquel ont été fondées la plupart des bases antarctiques actuelles.
La France vient pour sa part de construire celle de Dumont d’Urville ; l'engouement scientifique international sans précédent pour la science polaire permet de pérenniser des installations qui n’étaient au départ que temporaires.
Prudhomme, qui a déjà effectué un hivernage sur la base de Port Martin, est amené à revenir en Antarctique en tant que Chef de la Section Météorologie de la troisième expédition antarctique de l’AGI.

Il disparaît dans l'après-midi du 7 janvier 1959, à la fin de son hivernage, alors qu'il était sorti pour réaliser des observations météo, par un vent soufflant entre 60 et 100 km/h. Une vitesse de vent atteinte fréquemment, même en été. A cette époque, l'abri météo se situait au nord-ouest de l'ile des Pétrels, à proximité immédiate de la mer. André Prudhomme est vraisemblablement tombé à l'eau, soit en effectuant des mesures près de la mer, soit en glissant depuis une pente de glace à proximité de l'abri de radiosondage. Malgré les importantes recherches effectuées, à pied, en bateau et même par hélicoptère, son corps n'a jamais été retrouvé.

Croix André PRUDHOMME sur l'ile des Pétrels - Crédit photo Gaëtan Heymes
La croix André Prudhomme se trouve désormais à l'endroit de sa disparition et fait partie de la liste des Monuments Historiques en Antarctique, à l'instar des ruines de la base de Port Martin.

Aujourd'hui, 7 janvier 2019, le temps est radieux et le vent moins fort ; le vent catabatique a atteint 112 km/h en rafales hier et tend à se calmer depuis ce matin où on a relevé 83 km/h.

Les éléments de biographie au sujet d'André Prudhomme ont été pris dans la revue "La Météorologie" numéro du premier trimestre 1960, spécialement dédié à la météorologie antarctique, et dans la revue T.A.A.F. n° 6 (janvier-mars 1959) qui consacre une importante rubrique nécrologique  au disparu.

La Terre Adélie dispose à ce jour du cap Prud'homme situé à cinq kilomètres dans le Sud-Ouest de l'ile des Pétrels qui porte la base Dumont d'Urville. Sur ce cap sont positionnées les installations d'où partent chaque été austral les Raids logistiques et scientifiques terrestres vers la base franco-italienne de Concordia, à 1100 km de là à l'intérieur du continent antarctique.

Les installations de cap Prud'homme derrière un engin du Raid - Au fond, en milieu de photo, l'ile des Pétrels. (Photo G.H)