samedi 27 mars 2021

Banquise 2021 : premier sondage

La responsabilité de laisser les hivernants se promener sur la banquise incombe au chef de district.

Depuis le 26 décembre 2020, pour des raisons de fragilité puis de débâcle, l'accès aux zones de glace de mer autour de l'île des Pétrels est interdit.

© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français

Avec le sérieux refroidissement de ces dernières semaines, la glace s'est progressivement reformée dans certains secteurs de l'archipel.

© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français

C'est donc sous l’œil curieux des manchots Empereur, qui commencent à arriver depuis quelques jours, que le premier sondage de l'année 2021 a été effectué.

© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français

La zone choisie pour ce premier sondage est une grande plaque de glace nouvellement formée, située au pied de l'abri côtier.

Elle est accessible par l'échelle du quai mais il faut tailler au préalable quelques marches dans le bourrelet de glace qui recouvre le bas de l'échelle...

© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français

... et surtout prendre garde à ne pas glisser dans l'eau qui n'est pas gelée à la jonction entre la banquise et le quai.

© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français

Arrivé sur une zone stable, c'est le moment de faire le premier sondage, à l'aide d'une tarière manuelle, l'épaisseur étant présumée faible.

© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français

Verdict : épaisseur de 8 à 10 cm de glace bien dure. Mais ce n'est pas encore assez épais.

© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français

La circulation sur la glace de mer pour les piétons ne pourra être envisagée qu'à partir d'une épaisseur minimale de 20 cm.

Si les températures bien froides (-19°C la nuit - 13°C le jour) se maintiennent, la banquise peut atteindre l’épaisseur requise dès la semaine prochaine, si il n’y a pas de débâcle d’ici là bien sûr…
 

© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français

Les manchots Empereur, bien dodus avant la saison de reproduction, pèsent jusqu'à 35 kg et se baladent allègrement sur toutes les zones englacées.

Pour les humains par contre, il va falloir faire encore preuve d'un peu de patience.

mercredi 24 mars 2021

L'esthétique de la mécanique (1ère partie)

La centrale de production électrique de la base Dumont D'Urville a déjà fait l'objet de plusieurs articles sur ce blog (que vous pouvez retrouver ICI et ICI par exemple).

© Yann NIORT - Institut Polaire Français

Il s'agit aujourd'hui de publier quelques photos prises à l'occasion d'une intervention sur le groupe électrogène N°1 "Coline".

© Alexandre DESROYS - Institut Polaire Français

La culasse a été ôtée pour être complètement changée.

Pendant la manœuvre, l'intérieur du moteur de six cylindres a donc été accessible aux photographes, qui ont pris les beaux clichés ci-dessous.

© Michaël BITEAU - Institut Polaire Français
 
© Yann NIORT - Institut Polaire Français

© Michaël BITEAU - Institut Polaire Français

© Michaël BITEAU - Institut Polaire Français

© Yann NIORT - Institut Polaire Français

© Michaël BITEAU - Institut Polaire Français

dimanche 21 mars 2021

Comment s'organisent les secours à DDU ? (2ème partie - l'équipe médicale)

Pour faire suite au premier article sur l'organisation des secours à la personne (équipe "Rescue") à Dumont D'Urville,  que vous pouvez retrouver ici (http://terreadelie-antarctique.blogspot.com/2021/03/comment-sorganisent-les-secours-ddu.html), ce second volet est consacré à l'équipe médicale.

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

Thomas, le médecin de la mission TA71, est seul pour faire face à toutes les situations qui pourraient se produire pendant les 9 mois d'isolement.

Médecin urgentiste dans le civil, il a été recruté et formé par le SSA, le Service de Santé des Armées, avant de partir en mission.

Mais dans le cas d'une opération ou de soins lourds, il va avoir besoin d'une équipe "locale" d'aides médicaux pour pallier à l'absence d'infirmiers, d'aides soignants, de radiologues etc... 

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

Une dizaine d'hivernants suit donc une formation régulière à l'hôpital de DDU, afin de s'entraîner à maîtriser certaines techniques.

Comme pour le secours à la personne "hors base", des scénarios sont élaborés afin de servir de base à l'entraînement. Cette semaine, il s'agissait de faire face à un blessé souffrant potentiellement d'un pneumothorax.

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

Thomas profite de chaque étape de la prise en charge du malade pour faire répéter les gestes appris par les différents aides médicaux.

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

Certains sont chargés de la manipulation de l'appareil de radiologie (Bandiougou et Raphaël sur la photo ci-dessus)....

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

 ...tandis que d'autres s’entraînent à poser des voies veineuses ou à monitorer le patient (Nicolas le plombier est particulièrement doué avec les tuyaux...).

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français
 

A chaque fois, les exercices de simulation sont l'occasion de répéter les procédures de préparation du bloc opératoire, et de s'entraîner à s'habiller de façon stérile, comme dans un hôpital standard.

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

Un dispositif de caméra avec micro, placé au dessus de la table d'opération, permet d'envoyer si nécessaire en direct les images d'une éventuelle intervention à des chirurgiens ou spécialistes. Il s'agit d'un dispositif de télémédecine.

Par contre, si la situation devait se présenter, il faudrait couper toutes les connexions internet de la base pour réserver le débit à cette télétransmission.

La pratique de tous ces gestes médicaux est interdite en France et réservée aux professionnels dûment formés pour les réaliser. Cependant, dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises, il possible de déroger à cette règle compte tenu des conditions d'isolement et de l'impossibilité de procéder à une évacuation pendant de longs mois (9 en Terre Adélie).

mercredi 17 mars 2021

Ils sont de retour...

La glace n'est pas bien épaisse, en tout cas trop fine pour supporter le poids d'un humain, mais les manchots Empereur sont déjà de retour...

© Adélie KRELLENSTEIN - Institut Polaire Français

© Adélie KRELLENSTEIN - Institut Polaire Français

Il ne sont pas bien nombreux, mais quelques petits groupes isolés ont pu être observés ces derniers jours.

© Adélie KRELLENSTEIN - Institut Polaire Français

Dans quelques semaines, ils seront des centaines, en file indienne, à converger vers la future manchotière.

samedi 13 mars 2021

Comment se forment les aurores australes ?

Les nuits s'allongent et la probabilité d'assister au magnifique spectacle des aurores australes à DDU augmente.
 
© Alain MATHIEU - Institut Polaire Français
 
Mais comment se forment ces fameuses aurores polaires (australes au sud, boréales au nord) ?
 
© Alain MATHIEU - Institut Polaire Français
 
L'article ci-dessous, rédigé par Emmanuel OBERMEYER, hivernant VSC Sciences/Informatique, explique le processus de formation  des aurores et les moyens de prévision.


1 - Formation des aurores polaires:

Le soleil émet en permanence un flux de particules chargées électriquement : c’est ce qu’on appelle le vent solaire.
Ce vent solaire se propage dans l’espace. Lorsqu’il arrive au voisinage de la terre il rentre en contact avec le champ magnétique terrestre. Cette zone de contact s’appelle la magnétosphère (elle est située au-delà de la ionosphère, de 800 à 1 000 km d'altitude).
Le champ magnétique terrestre joue un rôle de bouclier en déviant les particules mortelles du vent solaire.
Sous l’influence du vent solaire, le champ magnétique terrestre (à droite) se déforme pour prendre une forme allongé:

Représentation artistique de la magnétosphère terrestre
Lors du choc, une partie des particules du vent solaire s’engouffre dans l’atmosphère en suivant les lignes du champ magnétique jusqu'à arriver au niveau des pôles.
Les couleurs des aurores sont provoquées par l’interaction de ces particules avec les molécules gazeuses de l’atmosphère (oxygène, azote, hélium..).
En fonction de l’altitude de ces interactions (et donc de la densité des molécules gazeuses dans l’atmosphère) les aurores polaires peuvent prendre différentes teintes.
La couleur jaune-verte, la plus éclatante et la plus fréquente, est émise par les atomes d'oxygène qui sont entre 100 et 200 km d'altitude.

2 - Prévision des aurores polaires:

Pour prédire les aurores polaires il faut commencer par observer l’endroit ou tout commence, le soleil.

Éjection de masse coronale

Des satellites le scrutent en permanence. Ils observent entre autres les éjections de masse coronale : ce sont des grosses éjections de plasma (des milliards de tonnes de matière) dues à de puissantes explosions magnétiques dans la couronne du Soleil.
Ces éjections provoquent des rafales de vent solaire, qui se dirige vers la Terre.   
En fonction de la puissance des éjections, le vent solaire sera plus ou moins rapide, plus ou moins intense et sera plus ou moins dense en particules (protons/cm3).
Il se déplace à des vitesses comprises entre 400 et 750 km/s environ. Il met donc entre 2 et 3 jours pour parcourir la distance soleil-Terre (~150 000 000 km) et atteindre la magnétosphère terrestre.

La deuxième chose à observer est le champ magnétique terrestre.
A l’aide de satellites et d’appareils de mesures situés sur Terre, on peut mesurer son intensité et son orientation.

Ainsi, en fonction du vent solaire qui arrive du soleil et de l’état actuel du champ magnétique terrestre on peut prédire la probabilité de voir des aurores polaires.
L’indice de mesure le plus utilisé est l’indice Kp qui a le mérite d’être simple et pertinent.
"K" : pour « Kennziffer » : en allemand ça veut dire «numéro de code».
"p" : pour « planetary » : le "Kp" est une moyenne mondiale calculée à partir de différents observatoires répartis sur la planète.
Il est mesuré sur une échelle de 1 à 9.
C’est l’indice de déformation du champ magnétique terrestre. En gros, plus le vent solaire sera puissant et plus le champ magnétique terrestre sera perturbé.

L’histogramme affiché ci-dessous affiche la prévision de l’indice Kp pour les 3 prochains jours.

 
Plus il est élevé et plus on a de chances de voir une aurore australe à DDU.
A partir d’un indice Kp ≥ 5 on parle d’orages géomagnétiques.
Les rectangles bleus représentent les créneaux de nuit et les rectangles jaunes ceux de la journée. (en ce moment à DDU, c'est pendant la journée que l'indice est le plus élevé ... dommage !)

L’image Aurora forecast est une prévision des aurores pour l’heure à venir, elle est plus pertinente que l’indice Kp à lui seul.
 

Elle est réalisée grâce au satellite DSCOVR situé à plus d’un million de km de la Terre. Vous pouvez la retrouver à l'adresse suivante : https://www.swpc.noaa.gov/products/aurora-30-minute-forecast
Le satellite permet de préciser les conditions du vent solaire avant qu’il ne rentre en contact avec la magnétosphère (environ une heure plus tard).
Dans les deux cas, les données sont prises sur le site de la NOAA (l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique)

Conclusion : si la météo est bonne et qu’un indice Kp ≥ 5 est prévu, il y a des chances de voir une aurore australe ! 

On peut confirmer la prévision de l’indice Kp avec l’image Aurora Forecast.

jeudi 11 mars 2021

Hommage aux victimes du terrorisme

Pour la deuxième année consécutive, le 11 mars est la journée nationale d'hommage aux victimes du terrorisme.
© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français

A cette occasion, une minute de silence a été respectée par la plupart des hivernants de la base Dumont D'Urville.

mercredi 10 mars 2021

Comment s'organisent les secours à DDU ? (1ère partie)

Quand 22 personnes se retrouvent isolées au bout du monde pendant 9 mois, sans possibilité d'aide extérieure, il faut se préparer à toutes les éventualités.
 
Trois équipes ont donc été constituées pour intervenir en cas de problème, que ce soit un incendie, une urgence médicale à l'hôpital ou un secours à la personne.
 
Ce premier article est consacré à l'équipe de secours à la personne, appelée sur base équipe "rescue".

14 hivernants font partie de l'équipe "rescue" et s'entraînent régulièrement.

Cette fois ci, l'exercice consistait à récupérer deux "blessés" dans le val joli, et les transporter jusqu'à l'hôpital situé dans le bâtiments 42.

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français
 
La distance entre le lieu théorique de l'accident (A) et l'hôpital (B) est assez courte, puisqu'il n'y a que 321 mètres.
 
Le val joli © Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français
 
Les passerelles métalliques © Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

Cependant, les rochers du val joli, lieu de l'accident, et les passerelles métalliques sur pilotis, ne vont pas faciliter la tâche des sauveteurs.
 
Le scénario est le suivant : en manipe dans le val joli, Alex a glissé dans les rochers et a entraîné dans sa chute Camille, en voulant se rattraper à elle..
Le premier faux blessé, Alex, a manifestement un fémur cassé. Quant à la seconde victime, Camille, elle se plaint d'une violente douleur à l'épaule.
 
© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français

Un témoin, Adélie, donne l'alerte et protège la victime allongée au sol avec une couverture de survie. Le vent qui souffle et la température de -10°C font courir un fort risque d'hypothermie.

© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français
 
L'équipe de secours et le médecin se rendent sur les lieux avec tout le matériel nécessaire - barquette de transport, cordages, sac médical etc...

© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français
 
© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français
 
Camille, qui pouvait se déplacer sur ses jambes, a été évacuée aussitôt du val joli et transportée au chaud sur base.
S'agissant d'Alex, un collier cervical et une attelle ont été posés, puis il a été transféré dans la barquette de transport.
 
© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français
 
La barquette, sécurisée par des cordes, a été remontée jusqu'à la passerelle métallique menant à la base.
 
 
© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français
 
© Adélie KRELLENSTEIN - Institut Polaire Français

Hissée jusqu'en haut du val joli, Alex, dans sa barquette et sous la surveillance de Thomas le médecin, a été transporté jusqu'à l'hôpital de DDU.

Il a fallu que huit porteurs se relaient sur la distance pour arriver à bon port.

Cet exercice a duré une 1h25, entre l'alerte et l'arrivée à l'hôpital.

samedi 6 mars 2021

Le Fulmar argenté

Appelé également Fulmar antarctique ou Fulmar austral (Fulmarus glacialoides), cet oiseau d'environ 800 grammes niche dans la falaise située sous le dortoir des hivernants (le bâtiment 42) et la centrale électrique.

© Nathan CELLE - Institut Polaire Français

Cet oiseau fait l'objet chaque année d'un suivi par le programme 109 "ornithoéco". Tous les nids, plus d'une centaine, sont identifiés par un numéro.

© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français
 
© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français

D’une longueur de 45 à 50 cm pour une envergure pouvant atteindre 120cm, ils ont une longévité de 25 à 30 ans et atteignent leur maturité sexuelle à l'âge de 6 ans.

© Nathan CELLE - Institut Polaire Français

© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français

D'octobre à avril, ces oiseaux viennent se reproduire à DDU et nourrir leurs poussins jusqu'à l'émancipation thermique de ces derniers.
 
© Nathan CELLE - Institut Polaire Français
 
Les couples, plutôt fidèles, reviennent chaque année sur le même nid.

© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français

Les Fulmars se nourrissent de poissons, crustacés et calamars capturés essentiellement en surface mais peuvent également plonger à faible profondeur si nécessaire.
 
© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français
 
© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français

© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français

A partir d'avril, les Fulmars antarctiques quittent la falaise de l'île des Pétrels pour remonter vers le nord (vers le 45°S) et passer l'hiver austral dans des zones plus clémentes.