lundi 27 juin 2022

Midwinter 2022-TA72

La Midwinter a eu lieu du 20 au 26 juin en terre Adélie comme partout ailleurs sur le continent Antarctique et dans les iles subantarctiques (Kerguelen, Crozet, Amsterdam). 

Pour tous les anciens des milieux polaires, vous savez ce que c'est. Pour tous les autres, deux mots de synthèse en complètement des articles précédents concernant les élections et le Onzta auxquels je vous renvoie.

La Midwinter, c'est la semaine de coupure de l'hivernage, à mi-chemin du temps "du huis clos" des hivernants en terre Adélie (entrée en hivernage le 28 février dernier et sortie d'hivernage prévue fin octobre prochain). Hormis les astreintes et les urgences, on prend du repos et on s'amuse. Ce sont nos vacances ! 

Et on échange des cartes de vœux avec toutes bases françaises et étrangères en Antarctique. Ci-dessous la notre.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Autant vous le dire tout de suite, vous ne saurez pas tout 😕. Je ne vous parlerai que de ce qui est "IPEVement" et "TAAFement" exportable...😁. Normal, une partie de ce qui se passe en terre Adélie....demeure en terre Adélie !

Compte tenu des conditions météorologiques annoncées pour la semaine (vents et neige), les festivités ont débuté par la seule activité extérieure prévue : "l'igloo fest".

Emmanuel LINDEN/Météo France

Patinoire, chamboule-tout givré, bowling sur glace, molkky, apéri-glace, bouée tractée....bref, un festival d'activités dans la bonne humeur et la franche rigolade. Un bon moment de cohésion.

Emmanuel LINDEN/Météo France

La Mid s'est poursuivie au séjour, avec un concours de moustaches lancé en début d'hivernage. Dix candidats ont défilé devant un public admiratif et un jury barbu et féminisé (aucun rapport entre les deux termes 😂...).

Céline DUPIN/TAAF

Le trio gagnant Nicolas, Jimmy et Bertrand.

Céline DUPIN/TAAF

Un "escape game" intérieur toujours dans le séjour, en deux équipes compte tenu du nombre de participants, a occupé les cerveaux tout un après midi. Un gros travail d’organisation salué unanimement par les participants. Ci-dessous, l'équipe vainqueur......

Adrien COLOMB/Météo France

....et Nicolas en pleine action de révélation d'un indice écrit à l'encre invisible, sous l’œil attentif d'Iban.

Adrien COLOMB/Météo France

Entre "secret story des hivernants" et "karaoké", les soirées ont aussi été bien chargées. Ici, les trois filles de la TA aux micros....

Emmanuel LINDEN/Météo France

Un public acquis, participant et.....tolérant. Y aurait-il un lien avec le temps froid et venté qui est annoncé pour cette nouvelle semaine 😨?

Emmanuel LINDEN/Météo France

Un atelier de "light painting" a également été organisé. L’opportunité de s’essayer à la réalisation de figures originales, liées à la technique photographique.

Emmanuel LINDEN/Météo France

En parallèle toute la semaine, de nombreux tournois d'échecs, de billard, de ping-pong, de fléchettes et de baby-foot, sans oublier le jacuzzi installé au garage et les dégustations de gaufres au séjour...

Emmanuel LINDEN/Météo France

Enfin, dimanche matin, dernier jour de la Midwinter, une sortie banquise était organisée, profitant de la relative clémence de la météo (vent faible, température de -13°). Les deux plus courageux (ou les plus matinaux), Emmanuel et Jean-Philippe, se sont donc rendus sur l’ilot...Midwinter situé à proximité immédiate de la base Robert Guillard sur le continent. Une bonne sortie à skis et raquettes dans une belle poudreuse.

Emmanuel LINDEN/Météo France

L'îlot Midwinter sous un superbe "jour blanc" (lorsque tout est blanc, ne permettant plus de distinguer la ligne d'horizon, ciel et sol se confondant). 

Un dernier clin d’œil à cette Midwinter 2022. Un bon cru qui s'est parfaitement déroulé malgré un temps peu clément. Désormais, les jours rallongent 👍.

mercredi 22 juin 2022

Du gazole à l'eau potable

Vous êtes plusieurs à m'avoir demandé comment nous vivions au quotidien. Parlons aujourd'hui énergies et fluides. 

Vous vous doutez bien que compte tenu de son isolement, la station DDU est totalement autonome pour ses besoins en chauffage, en eau potable et en électricité, trois domaines sans lesquels toute vie humaine serait très complexe en terre Adélie. 

Le cœur du système, c'est la centrale électrique thermique, fonctionnant au gazole (au premier plan, les trois cuves blanches contenant 45 m3 d'eau potable).

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Évidemment, ce n'est pas le mode de production d'électricité le plus écologique qui soit mais si les énergies renouvelables ont bien été tentées en Antarctique (solaire et éolien notamment), force est de constater que la nature n'est pas très "accueillante" pour ces deux technologies (entre vents catabatiques, tempêtes et nuit polaire). Et par ailleurs, le nucléaire est interdit d'Antarctique par les traités internationaux. Donc, à défaut pour le moment d'une solution alternative pérenne, c'est à l'énergie fossile que nous devons notre confort.

Le gazole spécial grand froid (point de congélation à -37°) est livré chaque été par "l'Astrolabe" et stocké dans des cuves disposées en plusieurs emplacements de la base, reliés entre eux par un subtil et complexe réseau de canalisations. 

Audrey A./Marine Nationale

La centrale dispose de trois moteurs de 180 Kwa chacun, permettant de produire une électricité en triphasé de 400V et monophasé de 220V pour les besoins courants. Un seul moteur est en fonctionnement constant et suffit aux besoins habituels de la base. Un second, disposé en secours, est constamment prêt à prendre le relais si besoin était, tandis que le troisième peut se trouver en maintenance. Pour plus de sécurité (ceinture et bretelles mais ici on ne joue pas avec ça), un quatrième moteur de même nature, déporté dans un bâtiment à l'écart, permettrait de subvenir aux besoins élémentaires de la base en cas de destruction de la centrale, par incendie par exemple.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Le pupitre de commande et de paramètres est digne d'une centrale thermique métropolitaine classique, en modèle plus réduit et adapté aux besoins locaux. La centrale est le seul point de la base qui bénéficie 24h/24 d'une présence humaine. Elle ne doit pas s'arrêter de fonctionner !

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Ces moteurs thermiques produisent donc l'électricité nécessaire à l'ensemble des besoins de la base : vie courante des hivernants, ateliers techniques, appareillages scientifiques, éclairage extérieur, fonctionnement des systèmes de communication  (parabole satellitaire  et relais radio.....). Cette électricité est acheminée jusqu'aux différents bâtiments via des chemins de câbles au sol ou sur pilotis (pas de poteau ou de pylône à cause des vents puissants).

Pour ses besoins en eau chaude, la base est équipée d'un chauffage central composé de trois chaudières à gazole implantées en trois points indépendants, permettant la réalisation de "boucles de chauffage". Ces chaudières fonctionnent en continu (même en été on a besoin de chauffage et de douches chaudes 😏). Un système de cogénération (récupération de la chaleur des moteurs et de l'échappement des moteurs thermiques de la centrale) permet de diminuer la consommation de gazole de la chaudière de la centrale.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

L'eau chaude ainsi produite est distribuée via un réseau de tuyaux extérieurs qui relient les bâtiments entre eux. Compte tenu des températures extérieures, pour éviter le gel des canalisations ainsi qu'une trop grande déperdition de chaleur durant le transport, outre utilisation du glycol (point de gel abaissé), les canalisations sont calorifugées et systématiquement contiguës à une seconde canalisation de saumure (eau chaude iodée issue de la production d'eau potable, voir ci-dessous).

Vianney à gauche et Gaëtan à droite, respectivement adjoint et chef centrale, sont les deux hommes clés du système.

Pauline MARCEL/Institut Polaire Français

Le système de cogénération, qui récupère la chaleur du moteur et de son échappement pour un chauffage d'appoint de la chaudière, permet de diminuer la consommation de gazole (rien ne se perd 👍).

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

On peut donc désormais s'éclairer et se chauffer. C'est déjà pas mal. 

Mais il nous faut aussi de l'eau potable pour vivre. Ça, c’est le travail du bouilleur et de l'osmoseur.

Ci-dessous le bouilleur. C'est l’appareil principal. Le principe est simple : On capte l'eau de mer via une station de pompage située au niveau de la banquise dans l'anse du Lion. On l'appelle la SPEM (Station de Pompage de l'Eau de Mer). On l'achemine via des pompes jusqu'à la centrale (47 mètres plus haut). On la fait bouillir pour séparer d'une part l'eau non iodée qui devient donc potable (douche, cuisine, alimentation) de l'eau iodée d'autre part, donc non potable (la saumure, utilisée pour les toilettes et le réchauffage des tuyaux d'eau extérieurs afin d'éviter le gel).

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

La base consomme en moyenne 3,5 m3 d'eau potable par jour et la réserve générale est de 45 m3 (voir photo n°1). En été, compte tenu du volume plus élevé de personnels sur la base, le dispositif principal du bouilleur est complété par un osmoseur, système qui fonctionne avec une série de membranes filtrantes recevant de l'eau sous pression et permettant de séparer le sel de l'eau.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Enfin, pour être tout à fait complet, sachez que les trois cuves d'eau potable (45 m3) sont également la réserve d'eau en cas d'incendie sur la base et que l'eau pompée via la SPEM sert également, via un circuit fermé, à refroidir le ou les moteurs en fonctionnement. 

La SPEM ne peut donc tout simplement pas s'arrêter de pomper car sinon le moteur en fonctionnement n'est plus refroidi, chauffe et doit être arrêté avant de casser, ce qui provoque l'arrêt de la production électricité et donc celui du chauffage et enfin celui de l'eau potable également....Vous m'avez bien compris, ce serait le scénario catastrophe !

Vous savez désormais presque tout de nos énergies et nos fluides.

(article réalisé avec le concours de Nicolas le responsable technique et Gaëtan le chef centrale)

 

lundi 20 juin 2022

Le ONZTA 72

La Midwinter approchant (semaine du 20 au 26 juin), l'élection du ONZTA a été fixée au dimanche 19 juin. 

Pour ceux qui n'ont pas suivi, le ONZTA est l'hivernant qui a en charge l’animation et le fonctionnement courant de la station en lieu et place du DISTA durant la semaine de la Midwinter. Cette élection a été précédée d'une campagne électorale d'une dizaine de jours qui a vu les trois listes officiellement déposées, rivaliser d’ingéniosité pour tenter de séduire les électeurs (clips vidéo, affiches électorales, tracts, dégustation de crêpes, journal de campagne.....).

Deux rendez-vous incontournables durant cette campagne : 

1/ Jeudi 16 juin au soir, la présentation des listes et des programmes au séjour, chaque liste bénéficiant de 30'.....

Emmanuel LINDEN/Météo France

Liste n°1 : "Raptocratie, un parti qui déchire" avec Loïc tête de liste. Vous l'aurez compris, un fan de la saga Jurassic park, de ce qui bouge et du "gros son".

Emmanuel LINDEN/Météo France

Liste n°2: "C'est parti mon kiki", liste emmenée par Zoé qui prône ouvertement le fun et l'amusement.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Liste n°3 enfin : "PC, plaid et Camomille", liste conduite par Iban avec pour slogan de campagne "Et si on prenait le temps ?".

Emmanuel LINDEN/Météo France

2/ Second temps fort de la campagne électorale, le vendredi 17 juin au soir, le débat entre les trois candidats.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Débat d'une heure avec de nombreuses interventions d'un public pointilleux et attentif aux propositions des trois listes. Certains électeurs affichent résolument un comportement de type "plaid et Camomille".....

Emmanuel LINDEN/Météo France

.....tandis que d'autres mettent en évidence un positionnement nettement plus stratégique au bar.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Nos trois candidats ont rivalisé de bonne humeur et de franche rigolade, dans ce numéro d'improvisation où ils se sont révélés particulièrement doués.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Dimanche 19 juin à 14 h, le bureau de vote ouvre pour le premier tour de scrutin. Chaque électeur a reçu sa carte électorale par la poste, les bulletins sont en place ainsi que les enveloppes, l'isoloir a été installé par le bureau technique du district....

Emmanuel LINDEN/Météo France

Le bureau est tenu par Lucie, Jean-Philippe et Nicolas. Liste d'appel, liste d'émargement, tampon, urne, bref....tout comme vous, presque au même moment en métropole.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Au premier tour, sur vingt et un électeurs de terre Adélie, on notait un taux de participation de 85,71% (deux électeurs s’abstenant et le troisième ne se réveillant pas). Les bulletins nuls recueillaient 9,52% des suffrages, la liste n°2 obtenait neuf voix, la liste n°1 arrivait en seconde position avec cinq suffrages et la liste n°3 complétait ce vote avec deux voix d'électeurs.

Conformément au code électoral de terre Adélie, un second tour de scrutin était nécessaire pour départager les deux listes arrivées en tête au premier tour : "C'est parti mon kiki" et "Raptocratie, un parti qui déchire". 

Emmanuel LINDEN/Météo France

A 17h30, au terme d'une campagne de second tour éclair digne d'une "blitzkrieg" et d'un second tour de scrutin, les résultats suivants étaient proclamés par le Dista : Sur vingt et un inscrit, on comptabilisait dix-sept votants, soit un taux de participation légèrement en baisse de 80,95%. Dans un retournement de tendance ou une mobilisation des abstentionnistes du premier tour, la liste n°1 " Raptocratie, un parti qui déchire" obtenait neuf voix, devançant largement la liste n°2 "c'est parti mon kiki" qui ne rassemblait que quatre électeurs, quatre votes nuls complétant ce second tour.

A 19h30, le dimanche 19 juin, Loïc a été officiellement installé dans ses fonctions de ONZTA 72 pour la semaine de la Midwinter. Le Dista peut partir en vacances😎.

Lucie VIVENSANG/Institut Polaire Français

Le ONZTA 72 : Loïc  au moment de prononcer son premier discours !

Lucie VIVENSANG/Institut Polaire Français

La soirée s'est poursuivie par un repas de circonstance venant clôturer cette séquence de vie démocratique en terre Adélie.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Compte rendu de la semaine de la Midwinter dans un futur article.

vendredi 17 juin 2022

Jules Dumont d'Urville

Nous vivons au sein de la base polaire française en terre Adélie appelée base "Dumont d'Urville" ou DDU. 

Mais que savez-vous réellement de Jules Sébastien César Dumont d'Urville ? 

à Condé sur Noireau (Condé-en-Normandie depuis 2016 - Calvados) le 23 mai 1790, c'est un officier de marine qui réalise durant une douzaine d'années (1807-1819) une carrière militaire classique à bord de différents bâtiments de la marine de guerre. Il se marie avec Adèle Pépin le 01 mai 1815.

Passionné de sciences, à partir de 1819, il poursuit sa carrière dans la marine par des voyages d'explorations scientifiques. Il effectue un premier périple en mer noire et dans les iles grecques où il est en charge d'archéologies et des observations en histoires naturelles. Il participe notamment à l'identification de la Venus de Milo alors récemment exhumée.

De 1822 à 1825, en charge de la botanique et de l'entomologie (les insectes), il participe à un voyage autour du globe dont il ramènera 3000 espèces de plantes (dont 400 nouvelles) et 1200 espèces d'insectes (dont 300 nouvelles).

Jules Dumont d'Urville - source internet

A partir de 1826, il embarque à bord de l'Astrolabe pour une exploration des mers du sud. Il demeurera 35 mois entre l'Océanie et le Pacifique sud découvrant de nombreuses iles (dont les iles loyautés en Nouvelle-Calédonie) et cartographiant tant les côtes que les fonds marins de nombreux territoires océaniens. Il participa également à la recherche des restes de l'expédition "La Pérouse" disparue en 1788 au nord du Vanuatu.

L'Astrolabe prisonnier des glaces - source internet

Tombé en disgrâce au gré des régimes politiques qui se succèdent en France au cours de cette première moitié du 19ème siècle, il lui faut attendre 1837 pour que lui soit confiée une expédition dans l’océan Antarctique. En rivalité avec deux expéditions britanniques, il quitte le port d'Hobart le 01 janvier 1840 et prend pied au nom de la France dans l'archipel de Pointe géologie, sur le rocher désormais appelé "rocher du débarquement", le 22 janvier 1840. Il baptise aussitôt cette terre "la terre Adélie" en hommage à son épouse Adèle.

 

Prise de possession au rocher du débarquement - source internet



Le voyage de janvier 1840 - source internet
 

Au terme de ce voyage, il rentre en France en passant par la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie et l'Ile Maurice. Il est nommé amiral en décembre 1840 et meurt à 52 ans avec son épouse et l'un de ses fils dans la catastrophe ferroviaire de Meudon le 8 mai 1842 (55 morts officiellement, probablement plus de 150). Il repose au cimetière du Montparnasse à Paris.

La tombe de Jules Dumont d'Urville - source internet

Aujourd'hui la base polaire française Dumont d'Urville est installée dans l'archipel de pointe Géologie, sur l'ile des pétrels et l'ile du Lion, à 7 km au sud-ouest du rocher du débarquement. Elle se compose d'une partie base vie (à droite sur la photo, sur l'ile des pétrels) et d'une base technique (à gauche sur l'ile du Lion en forme de piste d'aviation).

Audrey A./Marine Nationale

Ouverte le 15 janvier 1956, la base haute est la partie de vie et de travail utilisée notamment en hivernage......

Audrey A./Marine Nationale

...et la base basse qui sert principalement en campagne d'été pour faire face à l'afflux de personnels (la base haute en fond de tableau).

Audrey A./Marine Nationale

 

lundi 13 juin 2022

Les élections en terre Adélie

Alors que les élections présidentielles se sont déroulées durant notre séjour et que les élections législatives françaises sont en cours, certains d’entre vous se demandent comment nous votons en terre Adélie.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

S'il le Dista assume la fonction d'officier d'état civil comme un maire (il peut par exemple célébrer des mariages, réaliser des actes de naissance comme de décès), il n'y a pour autant, pas de bureau de vote en terre Adélie. 

Dès lors, les hivernants qui souhaitent voter, doivent prendre leurs dispositions en amont des élections. Les procurations de vote sont l'outil indispensable pour cela. La plupart des hivernants les ont réalisées avant de partir de métropole, pour la durée maximale autorisée par la loi, à savoir une année. 

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Le Dista, cette fois en sa qualité d'officier de police judiciaire, peut également établir des procurations de vote (comme les policiers, les gendarmes et certains personnels consulaires). Une seule condition toutefois et de taille : pour que la procuration soit valable, il faut que l'original de l'exemplaire destiné à la mairie du lieu de vote, soit parvenu avant le jour du vote. Le dernier bateau est parti de Dumont d'Urville le 28 février dernier, il fallait donc que la procuration soit établie avant cette date pour figurer dans le dernier sac postal.

Enfin, pour être complet, la procuration de vote par électronique (télé-procuration) ne s'applique pas en terre Adélie.......car les TAAF ont été "oubliées" dans les textes officiels prévoyant cette possibilité nouvelle. Alors que s'il y a bien un endroit dans le monde où ça aurait été utile.......

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Quand je dis qu'il n'y a pas de bureau de vote en terre Adélie, ce n'est toutefois pas tout à fait vrai. Il y en aura un dimanche 19 juin prochain. Mais aucun rapport avec le second tour des législatives (ici on s'en fiche un peu, ça nous parait tellement loin tout ça vu de notre bulle antarctique...).

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Toute la population de Dumont d'Urville est convoquée (le vote est obligatoire sous peine de tour supplémentaire de service base) pour élire le Onzta ! Non non, il n'y a pas de faute de frappe, j'ai bien dit le Onzta. Il y a un Dista (dix-ta), on va donc élire le Onz-ta. Marie, faut suivre😉.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Petite minute d'explication : Nous approchons du 21 juin qui constitue le solstice d'hiver pour nous, le jour le plus court, le milieu de l'hiver. Et toutes les bases antarctiques (48 en hiver) vont fêter la "Midwinter", c'est à dire pour les non anglophones "le milieu de l'hiver". Une semaine de "repos" et d’activités sportives, intellectuelles et ludiques, d’échanges de cartes de vœux entre toutes les bases (russes et ukrainienne comprises). 

C'est aussi la "semaine de congé" du Dista qui laisse la place donc à un Onzta, celui qui va "diriger" le programme des festivités de la station durant une semaine (du 20 au 26 juin). Le Onzta est élu par ses pairs et donc il y aura un bureau de vote dimanche prochain pour procéder à cette élection (CQFD).

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

La campagne électorale a été officiellement ouverte le vendredi 10 juin à 12h. Trois listes ont déposé leur candidature et.......je vous tiendrai informés dans un prochain numéro. Patience fidèles lecteurs, patience 😍

Vive la Midwinter !

PS : Ne cherchez aucun rapport entre le texte et les images, il n'y en a pas, ça me faisait juste plaisir de les partager avec vous (prises le vendredi 10 juin 2022).

 

dimanche 12 juin 2022

Balade au milieu des gros bergs

Ça faisait un petit moment qu'on en rêvait mais comme toujours en Antarctique, rien ne sert de se précipiter, il faut savoir être prêt et...patienter. En novembre 2021, un très gros morceau du glacier "l'Astrolabe" a vêlé, créant de fait de gigantesques icebergs à quelques kilomètres seulement de la station DDU.

Céline DUPIN/TAAF

Comme la banquise a mis un peu de temps à se former dans ce secteur en raison de ces mastodontes de glace qui bougent au gré des courants, des marées, de la houle et du vent, il n’avait pas été possible de s'y rendre jusqu'à présent.

Céline DUPIN/TAAF

Profitant d'une belle fenêtre météorologique le samedi 11 juin, une grande partie des hivernants s'est rendue dans ce secteur après que le Dista ait validé par une série de sondages de la banquise que l’épaisseur de glace était suffisante pour autoriser les déplacements en sécurité.

Céline DUPIN/TAAF

Signe que la banquise travaille sous la force des mouvements marins, ces très belles failles dans la banquise que l'on nomme des rivières. Attention, ne vous y trompez pas, la glace est ici beaucoup plus fragile que tout autour. On ne traverse ces rivières qu'avec beaucoup de précautions et moult sondages, soit en marchant dessus si les 20 cm nécessaires sont établis, soit en les enjambant.

Céline DUPIN/TAAF

Tous ont pu alors s'approcher des "monstres" haut parfois comme des immeubles de quinze étages pour certains, aux formes les plus diverses. Une sortie au milieu de ces géants qui nous a fait encore plus prendre conscience de l'immensité de notre cadre de vie.

Céline DUPIN/TAAF

Et quand je dis "s’approcher", je devrais ajouter "à distance raisonnable". Car outre le danger majeur lié à la chute de plusieurs tonnes de glace, c'est l'impact sur la banquise qui pourrait être fatal en la cassant. Je vous laisse imaginer le scenario de l'hivernant qui serait trop proche et verrai alors la banquise se fracturer sous ses pieds. Vous avez l'image ?

Céline DUPIN/TAAF

On reste donc à une distance au minimum deux fois égale à la hauteur du berg. Ci-dessus un très beau berg dit "tabulaire".

Céline DUPIN/TAAF

La sortie étant relativement longue, on a vu le soleil se lever vers 11h15 puis se coucher vers 13h50...

Céline DUPIN/TAAF

...et la lune apparaitre au dessus du glacier et du continent (magnifique)....

Céline DUPIN/TAAF

...le tout se reflétant dans une légère mare gelée, signe que l'eau n'est jamais très loin.  Une bien belle journée et une balade dans un décor grandiose. L'envie de pousser plus loin l'aventure exploratoire polaire.