jeudi 28 juillet 2022

Sur les traces de Jules...

Il est mythique pour les hivernants. Il est au commencement de l'histoire de l'épopée française en Antarctique. Il est situé à 7,2 km au nord-est de la base Dumont d'Urville et fait partie de l'ensemble dénommé "les îles Dumoulin", composante nord-est de l'archipel de Pointe Géologie. Il en est même l'extrême pointe nord, la première ile rencontrée en arrivant de Hobart. 

Par 66°36'19'' Sud et 140°03'50'' Est, il constitue la porte d’entrée de la partie française du 6ème continent. Il culmine à une altitude de 18,7 mètres. C'est là que l'expédition de Jules Dumont d'Urville a posé le pied le 21 janvier 1840 en fin de journée (ou le 22 janvier selon les versions) : C'est le rocher du débarquement !

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Alors évidemment, s'y rendre est un des enjeux de l'hivernage. Mais ce n'est pas simple de réunir toutes les conditions : une banquise suffisamment épaisse, un ciel clément, des températures agréables, peu ou pas de vent, une visibilité à longue distance, une durée du jour suffisante et aucun risque de dégradation brutale des conditions météorologiques.

Comme pour beaucoup d'activités à DDU, on prépare, on peaufine le sujet et....on attend la bonne fenêtre. Pour nous, elle est arrivée le mercredi 27 juillet. Malgré un épisode neigeux important les jours précédents nous laissant craindre une poudreuse conséquente, en raquettes ou à ski, sept hivernants (Emmanuel, Adrien, Céline, Loïc, Bastien, Iban et Jean-Philippe) ont décidé de tenter l'aventure, avec un départ au petit jour.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Autant vous le dire tout de suite......il y avait de la neige ! Mais nous l'avons fait, quitte à redécouvrir le lendemain certains muscles oubliés...😂.

Céline DUPIN/TAAF

Chacun prend son rythme, la sortie est collective mais l’effort physique toujours individuel. Rapidement, le groupe s’étale sans prendre aucun risque, la visibilité est optimale et on se regroupe ponctuellement pour s'assurer que tout le monde va bien.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Tout au fond, l'objectif à atteindre. Il le sera après 2h20 d'une marche "complexe" dans la poudreuse, là où en temps normal nous aurions mis 1h30 environ. L'Antarctique, ça se mérite.

Céline DUPIN/TAAF

Enfin, moment tant attendu, témoignage de notre persévérance (et accessoirement faire regretter à ceux qui n'ont pas pu ou voulu venir), la photo auprès de la plaque commémorant l'évènement de 1840. Nous foulons le rocher sur les traces de Jules...💪. Notre histoire personnelle est en marche.

Bastien LERAY/Institut Polaire Français

Il fait presque chaud au soleil. Une seconde photographie pour apercevoir tout le monde......

Adrien COLOMB/Météo France

....et il est temps de reprendre le chemin du retour. Tout au fond, pour les yeux experts, la base Dumont d'Urville. Mais que c'est loin la maison.....!😕

Céline DUPIN/TAAF

Heureusement, le retour sera moins fatiguant que l'aller, la trace est faite, il suffit juste de la reprendre. Ça avance quand même plus vite et avec moins d'efforts. On comprend mieux pourquoi les manchots empereurs cheminent tous les uns derrière les autres....

Emmanuel LINDEN/Météo France

Un petit coup de vent catabatique non prévu, viendra néanmoins nous chatouiller dans les derniers kilomètres, histoire de nous rappeler que la prudence et la vigilance doivent constamment être de mise et que la nature a toujours le dernier mot. L'occasion aussi d'admirer de jolis "snown devil" (tourbillons de neige soufflée pour les francophones).

Céline DUPIN/TAAF

Un dernier effort, un ultime regard sur cet environnement magique, grandiose et majestueux tandis que le vent se lève plus fort, faisant rapidement chuter les températures ressenties. Il est temps d'arriver, on atteint la base à 15h, six heures après l'avoir quittée.

Céline DUPIN/TAAF

Le rocher du débarquement, un objectif incontournable des hivernants. La TA 72 a répondu présente. En espérant que la glace puisse tenir encore quelques temps pour permettre à d'autres hivernants de s'y rendre prochainement.

mardi 26 juillet 2022

Que ne nous manque t-il pas ?

Second volet de nos réflexions : que ne nous manque t-il pas ?

Comme pour l'article "miroir" :

1/ Les photos n'ont aucun rapport avec le fond de l'article. Elle sont signées de notre toubib Céline et sont justes superbes, d'où l'envie de vous les partager.

2/ Aucun filtre dans les réponses des participants.

Quelques iles et icebergs de l'archipel "pointe géologie" - Céline DUPIN/TAAF

Sans surprise, le tiercé gagnant dans l'ordre : le Covid et les maladies en général (l'Antarctique est une zone de "covid free" et nous ne souffrons pas des virus habituels), les hommes politique et les élections, la guerre en Ukraine et son climat anxiogène. Conjoncture métropolitaine oblige, la canicule complète le quarté.

Le "mur de neige" qui descend du continent vers la banquise - Céline DUPIN/TAAF

"Les cons" apparait en très bonne position des réponses des hivernants. Pourtant, "c'est drôle, les cons ça repose, c'est comme le feuillage au milieu des roses" © Serge Reggiani.

La croix Prud'homme à la pointe nord de l'ile des Pétrels - Céline DUPIN/TAAF

La pollution visuelle et sonore de la ville, les moyens de transport (voiture, métro, bus, tramway), les embouteillages et leur corollaire les délais de transport pour aller au boulot apparaissent fréquemment dans les réponses. Il faut dire que quitter sa chambre à 7h59 pour être sur son lieu de travail à 8h, est un luxe incomparable...😂. Si si, je vous assure qu'il y en a qui y arrivent et trouvent même le temps sur le trajet, de passer prendre un café express au séjour.

Les congères à Dumont d'Urville - Céline DUPIN/TAAF

La télévision et la surinformation des médias sont également citées. La connexion par satellite, bien que conséquente, ne permet pas de direct (hors visio). Ce que nous souhaitons regarder (tournoi des six nations, étapes du tour de France, grands prix de F1...) demande des heures de téléchargement à notre informaticien Paul. Alors, on se limite au nécessaire (on reçoit néanmoins "Le Monde" tous les jours) et ça nous suffit largement.

Le rocher du débarquement depuis l'ile des pétrels - Céline DUPIN/TAAF

Moins intuitif mais tout aussi pertinent, devoir payer, être à découvert, faire ses courses, faire la queue au supermarché, les centres commerciaux tout simplement ou encore faire à manger (désolé Jérôme, c'est sur toi que ça repose.....) font partie du quotidien métropolitain qui ne nous manque pas du tout.....!

Un "gros berg" tabulaire - Céline DUPIN/TAAF

Un petit clin d’œil à notre "réunionnais de l'équipe" à qui les 80% d’humidité de la saison cyclonique ne manquent vraiment pas....Comme on te comprend Adrien !

Pour conclure cette liste non exhaustive, les démarches administratives sont enfin avancées par deux hivernants, manifestement inspirés par la phobie administrative de Thomas Thévenoud.....😉.

Coucher de soleil hivernal à DDU - Céline DUPIN/TAAF

En synthèse, on peut tout simplement se poser la question de savoir si au final, ce n'est pas la société dans son ensemble qui ne manque pas à nos hivernants ? J'espère que les psychologues qui suivent le mental des exilés volontaires à DDU tout au long de l'hivernage, ne lisent pas le blog.....😉.

Allez, courage les amis, encore quelques mois pour en profiter.

lundi 25 juillet 2022

Les jeux

Dans la longue tradition des bases antarctiques, il y a en hivernage quelques rendez-vous incontournables. 

Il en est ainsi des rencontres sportives et artistiques inter-bases qui prennent l’appellation de jeux. Cette année, les hivernants de DDU ont décidé de participer aux deux compétitions mises en place : les jeux antarctiques et les jeux "australiques".

Emmanuel LINDEN/Météo France

Les jeux antarctiques ont été organisés du 02 au 17 juillet par la base américaine Amundsen-Scott, dite aussi "South pole" puisque implantée au pole sud géographique. Ces rencontres sont ouvertes à toutes les bases hivernant en Antarctique et dans les îles sub-Antarctiques (Kerguelen et consorts). Au final, douze bases pour dix nations ont participé à l'édition 2022 (Pologne, Russie, France, Japon, USA, Afrique du sud, Australie, Chine, Royaume-Uni et Italie).

Emmanuel LINDEN/Météo France

Les épreuves étaient les suivantes : Crossfit, challenge de danse libre, challenge artistique, tétrathlon local (ski de fond, course à pied, rameur, vélo en salle) et e-sport (console de jeux en ligne). Et toute la base participe, "girls power" en tête (Zoé, Céline et Lucie).

A ce jour, les résultats ne sont pas encore connus (non, les américains ne magouillent pas, du moins on ne l'a pas pensé....), mais au fond, ce n'est pas le plus important.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Les jeux australiques en revanche, sont réservés aux bases françaises (terre Adélie, Kerguelen, Crozet, Amsterdam) et franco-italienne de Concordia. Cette année, ces jeux ont été organisés par la base de Kerguelen, vainqueur de l'édition 2021.

Météorologie adélienne oblige, tout se déroule à l’intérieur à Dumont d'Urville. Du coup, il n'y a jamais eu autant de monde dans la salle de sport......😂. Presque une rame de métro de la ligne 13 à 18h.....

Emmanuel LINDEN/Météo France

Douze épreuves se sont succédé le week-end des 23 et 24 juillet : Gainage, corde à sauter, crossfit, apnée, danse, lancer de fléchettes, billard, développé-couché, course sur tapis, jonglage, course d'habileté et tournoi d'échecs.

Apnée en bassine comme ci-dessous sous surveillance et protocole médical,....

Emmanuel LINDEN/Météo France

 ....parties d’échecs inter-bases via Whatsapp.....

Adrien COLOMB/Météo France

...ou encore gainage dont le vainqueur pour DDU est....une vainqueure (mot très usité par nos amis québécois). Bravo Lucie pour tes onze minutes !

Emmanuel LINDEN/Météo France

Le crossfit a "détruit" le souffle et les muscles (Jimmy et Loïc en pleine action sous l’œil expert de Bertrand)....

Emmanuel LINDEN/Météo France

....tandis que l'épreuve de la corde à sauter a laissé chez certains quelques séquelles aux mollets, bien visibles les jours qui ont suivi....😕 n'est-ce pas Iban ? Ci-dessous, Étienne en pleine action sous les regards contemplatifs de Gaëtan, Céline et Iban.

Emmanuel LINDEN/Météo France

La base qui remportera l'édition 2022 (non connue à ce stade) sera à son tour chargée d’organiser l'épreuve en 2023. 

Ce qu'il importe surtout de retenir à l'instant de conclure, au delà de la compétition, c'est le grand moment de cohésion et de bon état d'esprit qui a rassemblé l'ensemble des hivernants autour d'un objectif commun. 

Prochain défi d'hivernage : le festival du film antarctique mi-août.

 

mercredi 20 juillet 2022

Que nous manque t-il ?

Après sept mois et demi de séjour en moyenne en terre Adélie, dont quatre mois et demi d'hivernage, un soir de grande discussion au "comptoir de l'empereur" (café de DDU), à refaire le monde en général et l'Antarctique en particulier, sans qu'on l'ait vue venir, la question est apparue, innocente au départ mais au final terriblement éclairante : Que nous manque-t-il ? Suivie de son corolaire immédiat : Que ne nous manque t-il pas ?

D'où l'idée de vous partager en deux articles successifs, les réponses à ces deux questions existentielles des confinés volontaires de terre Adélie.

Trois remarques préalables :

1/ Autant vous le dire tout de suite, aucun filtre de ma part, toutes les réponses des hivernants qui ont bien voulu prendre le temps de jouer le jeu, sont retranscrites.

2/ Comme on sait qu'on va rentrer dans quelques mois, bien entendu, nos familles nous manquent. Voilà c'est écrit, ouf, on avait peur d'oublier....😂. On ne voulait pas que vous pensiez le contraire.....

3/ Les photos n'ont aucun rapport avec le fond de l'article (et pour cause), ça me faisait juste plaisir de les partager avec vous.

Anse du lion un jour de "chasse-neige" - Emmanuel LINDEN/Météo France

Commençons par les connexions avec la nature : le chants des oiseaux notamment au réveil, les balades en forêt, en montagne ou en bord de mer, un arc- en-ciel, marcher pieds nus notamment dans l’herbe ou le sable, des ballades à vélo, un peu de pluie et des ciels orageux, l'odeur du gazon coupé et du sous-bois ou enfin la douce chaleur des rayons du soleil sur le visage.

Toc toc, it's time - Jimmy ALLAIN/Institut Polaire Français

Poursuivons par des nourritures plus terrestres : Du picon, de la bonne bière, des salades vertes, des fruits et des légumes frais, du chocolat à la menthe, un véritable cappuccino italien, des "Tim Tam" (si vous ne connaissez pas, regardez sur Google, une tuerie !), un dîner en tête à tête aux chandelles mais sans dix-neuf personnes pour vous observer....Et enfin, la cuisine de maman.

Premiers jours - Jimmy ALLAIN/Institut Polaire Français

Quelques éléments bien particuliers : du produit anti-buée pour les lunettes, un humidificateur d'air (l'air est ici très sec), de vrais vêtements de travail pour les femmes (et pas les côtes mal taillées de type vêtements techniques), des Doc Martens (pour les "has been", utilisez Google à nouveau 😁), des cheveux longs (ça sent l'expérience capillaire regrettée, cf article précédent), des chaufferettes pour les mains (car la dotation par l'employeur est microscopique).

Le rocher du débarquement, l'île ultime de terre Adélie - Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Et puis, plusieurs hivernants ont cité les câlins. Pour être tout à fait honnête, ça arrive même souvent en tête de liste des carences ressenties. Certains en ont profité pour rajouter le sexe (les hivernants n'ont pas voué leur vie à Dieu.....). Une virée avec les potes ou un enterrement de vie de garçon ont complété la liste, au même titre que les amis (es).

Au delà de l'horizon, c'est Hobart à 2500 km - Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Une personne a indiqué un lieu de prière dédié à l'exercice du culte. Il n'y a en effet aucun lieu pour se recueillir sur la base, pas de chapelle ni d'oratoire. Il y a bien une messe chaque dimanche matin mais ça, désolé, je ne peux pas vous en parler, ça relève du secret de la confession....🙈🙉🙊. Une bonne foire agricole avec de bons gros tracteurs ont complété un besoin très breton de festival de musique comme les vieilles charrues ou un méga-concert au stade de France.

La base de nuit : tir laser et aurores australes - Emmanuel LINDEN/Météo France

Malgré les immenses espaces qui nous entourent mais peu accessibles dans les faits (il faut rentrer tous les soirs à la base), la liberté d'aller où bon leur semble fait défaut à quelques hivernants et la moto manque à celui qui a écrit sur son profil Whatsapp "born to ride". Dans le même style, les voyages sont régulièrement cités par les hivernants.

 15h17 : fin du jour à Dumont d'Urville - Adrien COLOMB/Météo France

Pour conclure cet énoncé non exhaustif, prendre un verre en terrasse avec des amis revient régulièrement, carence à laquelle il a été ajouté "avec des lunettes de soleil pour pouvoir "mater" les jolies filles, ce à quoi certaines ont ajouté et les beaux mecs".

Enfin, mais j'ose espérer qu'il s'agit d'un trait humour au second degré, de chouettes collègues......Sympa pour les autres hivernants ! Humour de cinq mois d'hivernage quand tu nous tiens.....

Voilà pour les principaux retours. 

Et après un petit temps de réflexion, on s'est aussi dit que si on devait se poser la question dans un an, la réponse tournerait probablement autour des points suivants : un bon froid sec, de magnifiques icebergs, de splendides aurores australes, d'attachants manchots empereurs avec leurs poussins, une belle et solide banquise, des congères de "ouf" pour faire de la luge et du snowboard en partant du toit des bâtiments, une excellente ambiance quasi-familiale, une déconnexion totale, une bulle de vie hors du temps....et on a décidé d'encore plus en profiter pour les quatre mois restants !

A très bientôt pour ce qui ne nous manque pas du tout.

 

vendredi 15 juillet 2022

Expériences capillaires...

Le huis clos hivernal de Dumont d'Urville est le moment idéal pour toutes sortes d'expérimentations sans le regard des autres ni la pression sociale que la vie métropolitaine génère. Et comme à DDU, le groupe se vit comme une famille qui ne juge pas.....on tente.

Il en est ainsi des expériences capillaires. Vous allez donc découvrir ce que vous ne devriez jamais voir et tant pis pour les mamans à qui j'adresse dès à présent toutes mes excuses pour le choc brutal auquel vous allez être confrontées.....

Il y a ceux qui y vont franco, sans discussion ni hésitation, parce que dans ces cas là, on trouve toujours un bon camarade très, très, très bienveillant (et même plusieurs) pour manier la tondeuse....Alors parfois le dimanche matin, au réveil, on découvre l'ampleur de la "transformation" et on se rassure en pensant qu'il reste encore plusieurs mois d'hivernage......Ci-dessous Paul...👍.

Lucie VIVENSANG/Institut Polaire Français

C'est parfois osé mais devant l’insistance des copains, on s'abandonne aux mains plus ou moins expertes. N'est-ce pas Nico ?😉

Institut Polaire Français

Certains comme Loïc, espèrent secrètement parvenir au Graal, à savoir  une remarquable imitation du modèle, une belle coupe mulet en l'occurence......(Loïc, vous vous souvenez, c'est notre Onzta).

Institut Polaire Français

Et puis, il y a ceux qui n'ont pas compris la première fois, testent différentes approches ou qui préfèrent y aller en plusieurs étapes, une sorte de "deuil progressif" de leur ancienne coupe de cheveux.....comme "Zoé 1"....

Institut Polaire Français

...puis "Zoé 2" (impossible de passer à "Zoé 3" vous en conviendrez aisément).

Institut Polaire Français

On peut aussi encore davantage prendre son temps, comme "Étienne 1" (ça c'est du mulet !)...

Céline DUPIN/TAAF

...puis "Étienne 2"...

Céline DUPIN/TAAF

...et enfin "Étienne 3". Là, on aurait pu tenter le "Étienne 4" mais la proposition, que dis-je les pressions de tous tes bons camarades qui te veulent du bien, n'ont pas reçu un écho favorable de la part de l'intéressé qui a bien résisté !

Céline DUPIN/TAAF

  Et puis, il y a les paris perdus......comme Céline,

Emmanuel LINDEN/Météo France

 ou Jean Philippe....

Céline DUPIN/TAAF

ou encore Lucie. C'est marrant comme les paris sur la base ont souvent un enjeu capillaire...

Céline DUPIN/TAAF

Autre variante, pour ne pas être en reste, parce qu'ils n'ont déjà pas un "poil sur le caillou", il y a les imitateurs, les nostalgiques du cheveu, comme Camille..... 

Céline DUPIN/TAAF

 ....ou Laurent rhabillé pour la circonstance en époque gauloise.

Céline DUPIN/TAAF
 
Si certains résistent bien aux tentatives d'expériences capillaires, il y a un truc très pratique en terre Adélie, qui marche du tonnerre de dieu et qui se fond parfaitement dans le paysage local : c'est le bonnet ! On règle ainsi d'un coup la question de la coupe. Il se dit même que certains "traumatisés" de la coiffure d'un soir, en portent désormais un depuis l'expérience malheureuse.....Adrien n'est pas dans ce cas-là, il est affublé d'un bonnet depuis son arrivée à DDU. Donc même si dessous, il devait y avoir une coupe d'enfer....on ne le saurait pas. Bien joué !

Audrey A./Marine Nationale

Comme quoi, à tous ceux qui énoncent que la terre Adélie est une terre de contraintes (et ce n'est pas faux), il reste tout de même de grands espaces de liberté. 😂

samedi 9 juillet 2022

Les circulations sur la banquise

Contrairement à ce que certains pourraient penser, la circulation sur la banquise qu'elle se fasse à pied, en ski ou en véhicule, n'est pas libre. Elle est réglementée par un arrêté du préfet administrateur supérieur des TAAF (arrêté n°2020-66 du 26 août 2020) qui délègue cette compétence au chef de district via l'article 2 : "la circulation sur la banquise en terre Adélie est soumise à l'autorisation préalable du chef de district de terre Adélie"

Emmanuel LINDEN/Météo France

Pour faire simple, le chef de district, en fonction de différents paramètres (épaisseur et état de la banquise, conditions météorologiques, besoins opérationnels, scientifiques, de loisirs.....) va déterminer les zones ouvertes à la circulation ainsi que leur classement. 

Pour ce qui concerne la circulation des véhicules, cette dernière nécessite toujours une autorisation au cas par cas. 

Pour la circulation pédestre en revanche, le Dista va identifier 3 types de zones, de Z1 à Z3, qu'il va reporter sur une carte de référence mise à disposition de tous les hivernants. Ci-dessous à titre d'exemple, une des premières cartes de l’hivernage le 12 mai 2022, avec une partie en Z1 (verte) et une partie en Z2 (bleue). Vous noterez dans cet exemple, que la portion de banquise ouverte à la circulation, entre l'ile des Pétrels d'une part et les iles du Lion et de la ZSPA¹ (en rouge) d'autre part, était en Z1, alors que celle entre les iles de la ZSPA était en Z2 (donc soumise à des contraintes plus restrictives).

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

En fonction de la zone définie, les modalités de circulation varient. 

En Z1 (verte), l'hivernant peut se déplacer seul et d'initiative, en signalant par radio son entrée et sa sortie de banquise. C'est une zone considérée comme très sécurisée, en pratique si la glace le permet, le tour de l'ile des Pétrels et celle du Lion. Il s'agit de fait d'une autorisation permanente du Dista.

Toute sortie en Z2 implique nécessairement la présence minimale de deux personnes, chacune équipée d'une radio, le signalement des entrées et sorties de banquise ainsi que des contacts radios réguliers avec la base.

La sortie en Z3 enfin, nécessite une demande d'autorisation plus formelle avec un délai d'instruction, une attention particulière à la justification du déplacement et aux moyens de secours envisagés, un minimum de trois personnes et divers matériels (téléphone satellitaire, GPS....).

Céline DUPIN/TAAF

Constamment adaptées à l'état de la banquise, les cartes de zonage sont donc périodiquement revues en extension ou en diminution, en fonction de l'évolution de la banquise. Des sondages d'épaisseur de glace sont régulièrement réalisés ainsi que des reconnaissances de son état. Ci-dessous la carte de zonage à la date du 07 mai dernier, au moment où il était nécessaire de se rendre sur le continent.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Contrairement à l'impression que cela pourrait donner, la banquise est une matière vivante qui évolue au gré des courants marins, des marées, de la houle, de le température de l'eau et de l'air, du mouvement des icebergs, des vêlages du glacier....Le principal danger pour l’hivernant est celui d'une chute dans l'eau, soit en raison d'une glace trop fine (il faut un minimum de 20 cm pour un piéton), soit par fracture d'une plaque, créant ce que l'on appelle une rivière (plaques qui s'éloignent)....

Emmanuel LINDEN/Météo France

...ou au contraire un zone de chaos (plaques qui se chevauchent). Ces dernières se franchissement avec moult précautions en raison des risques de chute et de blessures.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Bien entendu, en fonction des circonstances, notamment météorologiques, le Dista peut restreindre le périmètre de circulation ou suspendre temporairement toute sortie banquise dès lors qu'il estime que les conditions de sécurité ne sont plus réunies.  Au titre de la sécurité, élément primordial d'une sortie banquise, chaque participant doit être équipé d'un sac banquise étanche contenant un change vestimentaire intégral, des chaufferettes et une corde flottante à lancer à un camarade tombé à l'eau. Car il serait illusoire de penser rentrer à la base pour se changer, l’hypothermie n'en laisserait pas le temps.

Ci-dessous la carte à date de l'article, le 09 juillet 2022 (une dizaine de kilomètres d'est en ouest)

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Enfin pour être complet, toutes les personnes amenées à se déplacer sur la banquise doivent être formées au secourisme incluant les situations d'immersion et d'hypothermie et avoir reçues une formation théorique et pratique aux circulations et dangers sur banquise.

Emmanuel LINDEN/Météo France

¹ Zone Spécialement Protégée de l'Antarctique (ZSPA) : zone dont l'accès est soumis à une autorisation spécifique. Autour de l'ile des Pétrels, les îles de la "ZSPA 120" constituent une réserve pour les oiseaux. N'y pénètrent que les personnes relevant de programmes scientifiques autorisés par le préfet.