vendredi 28 octobre 2022

Devoir de mémoire

Pour ne pas oublier l’histoire et le prix des sacrifices consentis pour que l'instant présent puisse se vivre, il faut périodiquement prendre un moment pour se poser sur le passé et se remémorer : C'est le devoir de mémoire.

Il en est en terre Adélie comme de l'histoire de la Nation française, les cérémonies d'hommages rythment le cours du temps et tentent d'assurer la transmission du souvenir. Les témoins disparaissent progressivement, rendant nécessaire ces rendez-vous de commémoration.

Au delà des cérémonies nationales traditionnelles qui balisent notre calendrier (8 mai, 14 juillet, 11 novembre...), cette année en terre Adélie, nous avons décidé de commémorer les personnels décédés dans l’accomplissement de leur devoir en terre Adélie, depuis le début des expéditions polaires françaises en 1950.

10 personnels ont perdu la vie. Leurs noms figurent sur la plaque commémorative installée au siège des TAAF, à St Pierre de La Réunion.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Il était donc important que nous puissions consacrer un petit moment de recueillement et d'hommage en leur mémoire. La date du 28 octobre a été localement choisie car elle correspond à la fois à date anniversaire des quatre derniers décès mais aussi parce qu’elle permettait cette année de réunir l’ensemble des hivernants sortants de la TA 72 avec les premiers campagnards d'été dont majoritairement ceux de la base Robert Guillard, base de laquelle étaient issus deux des quatre personnes disparues. 

Une plaque en leur mémoire est d’ailleurs apposée à la base Robert Guillard : Frédéric Vuillaume (chef de raid IPEV), Anthony Mangel (technicien IPEV), Jean Arquier (mécanicien hélicoptère) et Lionel Guignard (pilote hélicoptère).

Mathieu LAFON/Institut Polaire Français

Si l'accident d'hélicoptère du 28 octobre 2010 sur la banquise demeure aussi vivace dans les mémoires en terre Adélie, c'est parce qu'il reste des témoins contemporains du drame. Que certains personnels qui travaillent toujours pour l'Institut Polaire Français ont connu ces personnes, ont travaillé avec elles, étaient plus que des amis, de véritables "Frères d'armes polaires", et pour certains étaient aussi dans le vol qui précédait. Une émotion intacte.

L'hélicoptère en terre Adélie avait déjà précédemment emporté le 8 février 1999 trois autres personnels dans un crash sur l'ile des pétrels. Bruno Fiorèze (pilote hélicoptère), Dario Lattanzi (ingénieur mécanicien de l'Astrolabe) et Pascal Le Mauguen (responsable technique IFRTP, appellation à l'époque de l'IPEV). Une plaque du souvenir est installée sur l'ile des pétrels.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Les trois autres personnes décédées sont André Prudhomme (chef météorologue, décédé le 7 janvier 1959 d'une chute dans l'océan), Fabrice Lefèvre (technicien TAAF, décédé le 5 mars 1993 des suites d'un accident cardiaque) et Oleksander Grékov (marin de l'Astrolabe, décédé  le 27 janvier 2005 d'une chute dans l'océan).

En raison d'un vent moyen de 80 km/h (avec rafales à 115 km/h) et d'une température ressentie de -22,9°, la cérémonie s'est déroulée en intérieur (et oui, nous portons toujours nos chaussons en intérieur, c'est notre tenue de travail). Elle rassemblait l'intégralité des personnels des bases Dumont d'Urville et Robert Guillard, qui avaient tous fait le déplacement pour la commémoration.

Emmanuel LINDEN/Météo France

La cérémonie a débuté avec l'appel des décédés dans l'exercice de leur mission, suivi d'un bref rappel des circonstances.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Elle s'est poursuivie par une minute de silence permettant à chacun un instant de recueillement personnel....

Emmanuel LINDEN/Météo France


Emmanuel LINDEN/Météo France

...avant de s'achever par une Marseillaise chantée. Une cérémonie du souvenir simple et très symbolique pour dire : "Nous ne vous oublions pas !".

Emmanuel LINDEN/Météo France

Un vin d'honneur a prolongé ce moment solennel, 

- en l'honneur et en mémoire de nos dix camarades auxquels que nous venions de rendre hommage, 

- en l'honneur de tous nos prédécesseurs dans ce district du bout du monde, qui depuis plus de 70 ans permettent de porter haut les couleurs de la présence et de la recherche scientifique française, 

- en l'honneur  des hivernants de la TA 72 qui achèvent prochainement leur séjour,

- et enfin en l'honneur des campagnards d'été arrivants qui reprennent le flambeau et forgeront à leur tour le nouveau maillon de la chaine qui nous relie aux premières expéditions françaises en Antarctique.

 

Emmanuel LINDEN/Météo France

Le déjeuner qui a suivi, pris en commun, a rassemblé les 39 actuels résidents de terre Adélie. Il y avait quelques mois que nous n'avions pas eu d'aussi grandes tablées à DDU......

Emmanuel LINDEN/Météo France

Le devoir de mémoire nous oblige. Parfois négligé, il donne pourtant du sens à nos actions et de la profondeur à notre histoire. 

Alors, ami lecteur du blog, à ton tour, prends quelques secondes pour te souvenir que ceux qui servent dans ce territoire extrême aux multiples dangers, le font la plupart du temps avec passion, abnégation et dévouement, parfois au prix de leur vie. Ils ont droit à ton respect et ta considération.  

Je formule le vœux que cette cérémonie d'hommage puisse s'inscrire dans le temps long des commémorations annuelles en terre Adélie.

Nous ne vous oublions pas !


jeudi 27 octobre 2022

Arrivée du premier avion

Lundi 24 octobre en journée, nous recevons la confirmation d'un vol programmé depuis la station italienne Mario Zuchelli vers Dumont d'Urville pour le lendemain mardi. Ce vol doit amener les dix-huit premiers campagnards d'été. Le compte à rebours est lancé, l'hivernage de la TA 72 vit ses dernières heures. 

A 4h du matin ce mardi 25 octobre, les dernières observations météorologiques sont transmises aux italiens et à 6h30 l'avion décolle. Il lui faut quatre heures pour rallier la terre Adélie, il est donc temps d’organiser son arrivée, opération qui mobilise toute la base.

Pendant qu'une première équipe file rapidement vers la piste à D10 sur les hauteurs du continent pour assurer les derniers préparatifs, une seconde se rend à la station Robert Guillard pour la mettre en chauffe et en eau. Une troisième équipe enfin, assure le transfert de la nourriture et des boissons (le sec, le frais +4° et le congelé -20°). C'est effervescence.

Céline DUPIN/TAAF

Ce matin-là, le vent catabatique souffle fort (35/45 Kt en continu, rafales à 50/60) avec un léger mur de neige qui réduit la visibilité. La piste est en bon état mais certains drapeaux ont été arrachés. Les matériels nécessaires ont été apportés, trois engins et trois remorques (pour les bagages, pour les pax et pour le kérosène). L'équipe pompiers est présente.

Céline DUPIN/TAAF

En venant de la base italienne située à un peu plus de 1000 kms, l'avion devra en effet impérativement être ravitaillé en kérosène car il n'a pas suffisamment d'autonomie pour effectuer un aller/retour. Mardi, il "refuellera" 4,2 tonnes de carburant. Il y a donc sur le trajet un point de non retour avant lequel l'équipage doit prendre sa décision : aller jusqu'au bout ou faire demi-tour pendant qu'il est encore temps.

Le vent souffle toujours aussi fort, heureusement pour le pilote dans l'axe de piste.

Au vu des dernières informations qu'il reçoit, ce dernier communique sa décision de poursuivre le vol jusqu'à D10. 

Céline DUPIN/TAAF

A 10h30, avoir avoir effectué un passage à la verticale, l'avion se présente dans les turbulences du continent. Le responsable technique positionné en seuil de piste, allume les fumigènes pour bien signifier au pilote le début de la piste et si nécessaire lui indiquer le sens du vent (ce jour-là, ce n'était pas vraiment nécessaire.....😱).

Céline DUPIN/TAAF

Ça "tangue sévère" sur le plan de descente et dixit les "anciens" qui reviennent tous les ans par le premier vol, c'était "un atterrissage.....sportif".

Céline DUPIN/TAAF

L'équipage canadien, qui a certes l'habitude de ce type  de climat et de phénomène météorologique, fait la démonstration de son expertise aéronautique et pose son avion dès la première tentative. Atterrissage court !

Céline DUPIN/TAAF

Une fois sécurisé, l'avion livre son contingent de passagers. Moment d'émotion pour les hivernants présents, nos premiers visiteurs depuis huit mois. L'hivernage 2021/2022 de la TA 72 vient de prendre fin ! Il est 10h47 ce mardi 25 octobre 2022.

Céline DUPIN/TAAF

"Les envahisseurs" sont de retour...😂. Quelques fruits frais, de nouveaux visages et la joie de revoir quelques campagnards d'été connus feront rapidement passer le moment délicat de la page qui se tourne. La campagne d'été 2022/2023 de l'IPEV est officiellement lancée.

lundi 24 octobre 2022

Fin d'hivernage

La base Dumont d'Urville prend parfois les allures du village gaulois d'Astérix : 

1/ Nous résistons à l'envahisseur (le manchot Adélie) qui tous les ans nous assiège et tente de nous pousser hors de son territoire (mais nous résistons comme de valeureux gaulois); 

2/ Nous finissons toujours notre histoire par un banquet.

Ce vendredi 21 octobre, en prévision de l'avion des premiers campagnards qui pouvait potentiellement arriver le dimanche 23, nous avons donc marqué comme il se doit par un traditionnel repas amélioré (enfin, avec ce qu'il reste dans les stocks...😟), la fin imminente de nos huit mois d'hivernage.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Rassemblés au séjour, la grande table dressée, les 21 hivernants ont dégusté le repas préparé par Jérôme et Zoé, sous l’œil expert du photographe infatigable Manu. Chacun avait choisi sa tenue...

Emmanuel LINDEN/Météo France

Menu de fête oblige, tranche de foie gras préparé par Jérôme, brioche au foie gras, saumon fumé et St jacques à la provençale en entrées, le tout accompagné d'un Riesling.......

Emmanuel LINDEN/Météo France

La soirée a aussi été l'occasion pour le comité de fêtes de remettre les "Awards de la TA 72", avec Paul et Zoé à la manœuvre. 27 catégories récompensées. Parmi elles, l'Award de "la plus grosse bêtise (connue)", celui de "la meilleure soirée à thème", l'Award de "l’hivernant le plus bienveillant" ou encore celui "du meilleur photographe", l'Award "des plus belles fesses" ou encore de "la plus belle chute" (liste complète des Awards disponible sur demande).

Emmanuel LINDEN/Météo France

On a poursuivi le diner avec un filet mignon de veau et sa sauce aux morilles, accompagné de lentilles vénérés et d'un fagot de haricots verts, servi comme il se doit avec un Bordeaux rouge.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Trois heureux élus des Awards (de gauche à droite du "bureau le mieux rangé", du plus beau sourire", du "meilleur jeudi de la connaissance").

Emmanuel LINDEN/Météo France

L'Award de l’hivernant "le plus ingénieux".....

Emmanuel LINDEN/Météo France

....ou celui de "la plus belle coupe de cheveux".

Emmanuel LINDEN/Météo France

On a fini par un St Honoré préparé par Zoé.......

Emmanuel LINDEN/Météo France

...accompagné de Champagne qui décidément ne fait toujours pas la joie de Lucie même après huit mois d'hivernage....😂.

Emmanuel LINDEN/Météo France

Une page se tourne, le terme d'une aventure hors du commun, la fin du huis clos antarctique de nos 21 exilés volontaires. La campagne d'été 2022/2023 de l'Institut Polaire Français peut commencer.

dimanche 23 octobre 2022

D10 reprend vie

Pour venir en terre Adélie, deux possibilités : le bateau et l'avion.  A Dumont d'Urville, on a bien une piste avion, on l'appelle même la "piste du lion" avec son hangar avions au toit jaune. Vue du ciel, elle est "tip-top", juste à côté de la base, bref idéale mais.......elle n'a jamais accueilli le moindre avion ! Ce n'est pas l'histoire du jour.

Audrey A./Marine nationale

Alors, sur les hauteurs du continent vers 270 mètres d'altitude (D10 pour les puristes), bien au dessus de la station Robert Guillard, un vaste plateau (moins de 1% de pente), suffisamment plat pour y recevoir des avions de petites capacités, a été aménagé. Comme il n'y a pas de vol en hiver, à chaque début de campagne d'été, il faut la retracer et la remettre dans un état acceptable pour faire poser des avions sur ski.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

C'est le travail de l'équipe technique sous la responsabilité de Nicolas, en particulier de son mécanicien Loïc. A l'aide du challenger (le même qui servait à tirer les cuves de gazole), il tracte alors un "groomer" de plusieurs tonnes qui a pour effet de tasser et lisser la neige. C'est un travail fastidieux, régulier et monotone mais indispensable, pour offrir au pilote une piste digne de ce nom.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

D'une longueur de 1200 mètres pour une largeur maximale de 70 mètres, la piste est alors parcourue durant plusieurs jours consécutifs, sous forme d'allers et retours afin de casser les accumulations de glace, tasser la neige durcie pour que l'avion ne s'y enfonce pas et bien entendu lisser pour qu'il ne rebondisse pas. Après 3h de travail par séance pour un passage intégral, on laisse le froid de la nuit produire son "effet durcisseur".

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Pendant de temps-là, l'équipe météorologique prépare son instrumentation. Le pilote a non seulement besoin d'une piste en très bon état mais aussi de quelques informations minimales, à savoir la force et la direction du vent. Pour cela, au même moment, un mat météo de 10 mètres est réinstallé, solidement fixé et c'est à son sommet que sera positionné l'anémomètre qui donnera directement à la station DDU, la force du vent, ainsi que la girouette qui indiquera sa direction. Ces informations sont indispensables aux pilotes pour préparer leur vol et prendre la décision de venir ou pas (4h de vol depuis la station la plus proche).

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

L'équipe du montage : Adrien, Bertrand, Étienne et Nicolas.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Mais avant d'arriver jusqu'à DDU, nos amis campagnards d'été ont quelques escales à réaliser. En effet, nous ne recevons à DDU que des petits avions qui effectuent la liaison entre les bases antarctique. Aujourd’hui à Hobart en Tasmanie, les campagnards d'été prendront initialement un A319 pour arriver sur la base américaine de Mac Murdo (la seule cette année en situation de recevoir les gros porteurs), puis un petit avion pour rejoindre la base italienne "Mario Zucchelli" et enfin à nouveau un petit avion pour rejoindre DDU. Et s'ils ne tardent pas trop, il restera un peu de banquise pour rejoindre l'ile des Pétrels....Ouf ! Quand on vous dit que rien n'est facile en Antarctique....😂

lundi 17 octobre 2022

Les grandes "manips phoques"

Les grandes concentrations de phoques dans les iles de l'archipel de pointe géologie sont de retour. C'est d'ailleurs à la date du 15 octobre qu'un comptage est en principe effectué chaque année (évidemment selon l’état de la banquise et la situation météorologique du jour).

Et cette année, le rocher du débarquement (la pointe nord-est de l'archipel) a déjà les pieds dans l'eau pour trois de ses quatre cotés. Il était donc temps d'y aller (sans doute une dernière fois), ce qui fut fait le mardi 11 octobre.

Céline DUPIN/TAAF

Depuis son sommet qui culmine à 19 mètres, on a une superbe vue sur le continent à l'ouest et l'on constate l'avancée de la polynie qui ne se trouve plus qu'à 5,3 km de la base.....(le terrain de jeu des hivernants se réduit 😢).

Céline DUPIN/TAAF

La "manip phoques" consiste donc à parcourir le secteur (à l'est ce jour-là, au nord deux jours plus tard) afin de vérifier à proximité des différentes fractures de la banquise préalablement répertoriées (dénommées des rivières), la présence de phoques. Comme ce superbe phoque de Weddell adulte ci-dessous.

Céline DUPIN/TAAF

Le phoque profite d'une fracture de la banquise pour y aménager un trou qu'il entretient avec ses dents, afin de pouvoir partir se nourrir en mer et revenir. La présence d'un trou est donc synonyme d'un espace fréquenté par ces mammifères. Un bon signal pour notre ornithologue Jimmy.

Céline DUPIN/TAAF

Quand le phoque est présent, il n'est jamais très loin de son trou. Très à l’aise dans l'eau, il est beaucoup moins mobile sur la glace. Faut dire que pesant de 300 à 400 kilos à l'age adulte, la reptation pour se déplacer n'est pas aisée....

Céline DUPIN/TAAF

Premier travail : photographier l'animal et noter sa position GPS. Les taches sur son pelage font figure de carte d'identité car sont uniques pour un animal donné. Comme une empreinte digitale pour l'homme.

Il faut ensuite vérifier s'il s'agit d'un animal déjà connu. Pour cela, l’ornithologue passe en bas du dos et à proximité de la nageoire caudale ("la queue" de l'animal) un lecteur de transpondeur.

Si l'animal est connu, on le laisse tranquille, il peut poursuivre sa sieste.

S'il n'est pas connu, il va falloir le transponder, c'est à dire lui insérer sous la peau du bas du dos, un petit transpondeur de 1,5 cm de longueur. Il le gardera à vie.

Céline DUPIN/TAAF

Parfois, cela se fait sous l’œil expert et intéressé de "pépère tranquille" (sa majesté l'empereur), toujours à l'affut d'une curiosité locale.

Céline DUPIN/TAAF

Vous pouvez largement imaginer que transponder un phoque adulte n'est pas forcément une activité de tout repos. L'animal est peu coopératif. Il faut pouvoir le faire bien évidement sans le blesser, le plus rapidement possible et avec le moins de stress pour l'animal. Une seule technique : Parvenir à lui glisser une sorte de capuche sur la tête, puis à trois ou quatre personnes, parvenir à l'immobiliser, le temps que l’ornithologue lui injecte le transpondeur. Puis, après une dernière action de prise de mesure de sa taille, l'animal est relâché.

Céline DUPIN/TAAF

Idéalement, c'est beaucoup plus facile à faire sur un bébé phoque (on l'appelle un veau), immédiatement après sa naissance, comme celui sur la photographie ci-dessous.

Vu le 11 octobre, il ne pesait que 41 kilos. Bon d'accord, faut surtout gérer la mère pendant ce temps-là car l'instinct maternel existe bel et bien chez les phoques......

Céline DUPIN/TAAF

Une nageoire caudale en gros plan. C'est un peu au-dessus que sera positionné le transpondeur.

Céline DUPIN/TAAF

Ci-dessous, un phoque crabier. Généralement, on n'en voit très peu dans l'archipel car ils vivent plutôt en mer, sur les plaques de la banquise. Mais ce jour-là,on a eu la chance d’en croiser un. Vous noterez sa belle dentition.....faudrait pas y mettre la main ! Les phoques crabiers ne font pas partie de l'étude du programme scientifique IPEV P109. En conséquence, à part les photographier et les localiser pour les recenser, on ne s'en occupe pas d'un point de vue scientifique.

Céline DUPIN/TAAF

La météo du 15 octobre n'aura pas été de la partie cette année. Vent et neige se sont conjugués pour limiter la visibilité à quelques dizaines de mètres seulement, rendant impossible toute sortie banquise. Qu'à cela ne tienne, dès que le temps le permettra, par groupe de deux ou trois hivernants (et en fonction de ce qui restera de banquise), la journée de recensement des phoques de l'archipel aura lieu.

(article réalisé avec le concours technique de Jimmy)

Et la polynie atteint l'ile des pétrels....

Le week-end du 15 et 16 octobre a été fatal pour la banquise dans l'archipel de pointe géologie. Alors que la polynie se situait encore à plus de cinq kilomètres les jours précédents, une très forte houle du nord (6,5 mètres / 15 secondes) est venue fracturer la banquise durant les deux jours, ce qui associé à un fort vent du sud, à conduit à une débâcle importante.

Céline DUPIN/TAAF

Toute les parties nord et nord-est de l'archipel sont désormais dans l'eau. Le rocher du débarquement, les iles Dumoulin, Pasteur, Curie, Florence et la Dent ne sont désormais plus accessibles (nous y étions mardi dernier).

Céline DUPIN/TAAF

Fracturée, les plaques de banquise sont poussées vers le nord. En raison des forts vents et du chasse-neige induit, on ne l'a pas vu tout de suite. C'est dimanche dans la matinée, entre deux bourrasques, lorsque la visibilité s'est un peu améliorée, que l'on a pris conscience de l'ampleur des dégâts.

Même si ça n'a pas été une grosse surprise parce que nos météorologues l'avaient annoncé (bien vu les gars 👍), il faut avouer que l'ampleur de la débâcle nous a émotionnellement touchés (on perd notre terrain de jeu, c'est une page de notre l'hivernage qui se tourne 😢).

Céline DUPIN/TAAF

Les "gros bergs" qui nous ont accompagnés tout au long de notre hivernage, se sont également mis à bouger. Ci-dessous, le "Tiramisu" qui a fait l'objet de nombreuses sorties durant huit mois, s’est lui aussi mis en mouvement vers le nord. L'impression désagréable de perdre un "compagnon" d'hivernage tellement on s'était habitué à sa présence...

Céline DUPIN/TAAF

Puis, dimanche après midi, c'est l’anse du lion qui a son tour a été victime de cette débâcle. Fracturée par les coups de boutoir de la houle, c'est en spectateurs tristes et impuissants que nous avons assisté au spectacle de son morcellement progressif, suivi de l'éloignement des plaques.

Céline DUPIN/TAAF

Pour le moment, le coté ouest de l'archipel de pointe géologie, en direction du continent et de la station Robert Guillard, semble tenir. Si au loin, les iles Fram et Ifo sont désormais dans l'eau, à proximité du glacier, il semble que le passage vers le continent soit encore possible. Tout cela sera vérifié dès que l'épisode toujours en cours, s’achèvera.

Céline DUPIN/TAAF

Un "time lapse" réalisé par Loïc dimanche après midi...... 


Cette évolution de la banquise n'est pas anormale à cette époque de l'année. Elle vient nous rappeler une nouvelle fois que la fin de l'hivernage approche. La boucle est en train de se boucler....