C’est au tour de Killian, notre informaticien, de nous parler de son expérience en Terre-Adélie. Un travail ô combien important dans le fonctionnement de notre base.
Portrait de Killian Pareilleux - © Geoffrey Houpert (Dista)
« Mon arrivée en Antarctique, à 18 000 km de la métropole, part à la base d'une blague qui va un peu trop loin. Quelques semaines avant de recevoir mon diplôme d'ingénieur, ma sœur m'envoie un article parlant du poste d'informaticien à DDU, et me défiant d'un ton moqueur. Trois ans plus tard, je suis ici à considérer des manips sur banquise comme du temps de travail, donc je la remercie !
Mon rôle sur la station est divisé en deux tâches principales : maintenir en état de marche l'infrastructure informatique de la base, et apporter un soutien technique aux différents programmes scientifiques.
La première de ces taches est peut-être la plus discrète des deux. La station Dumont D'Urville accueille une vingtaine d'hivernants en hiver, mais surtout presque une centaine de campagnards en été, qui ont pour beaucoup besoin d'Internet pour travailler. Nous avons ici les mêmes outils qu'une moyenne entreprise en métropole : une boite mail, des serveurs de partage de fichiers, plusieurs sites web internes. Cependant, nous avons aussi beaucoup plus de contraintes. Une trentaine de bâtiments sont reliés au réseau via fibres optiques et câbles qui sont posés à l'extérieur, protégés seulement par une gaine de plastique et un cadre de métal. En hiver, la glace et la neige rendent la plupart de ces passages de câbles inaccessibles, nous obligeant à profiter de la courte période d'été pour effectuer toutes les réparations et les nouveaux chantiers. Avec ces contraintes en tête, la surveillance et les maintenances préventives du matériel sont primordiales pour que chaque hiver se passe au mieux.
Réparation réseau programme 137- © Natacha Planque (Ornithologue Programme 109)
L'accès à Internet est aussi une contrainte constante, particulièrement en été. Tout le monde a besoin à un moment ou à un autre d'avoir accès au reste du monde, que ce soit pour des besoins professionnels ou personnels. Nous disposons ici d'une connexion satellitaire gérée par le Bureau des Communications Radio, mais celle-ci reste limitée, particulièrement au vu des besoins grandissants du monde extérieur (applications bancaires, etc). Il faut donc très souvent arbitrer, limiter et prioriser les demandes.
La deuxième grande partie de mon temps est dédiée aux différents programmes scientifiques de la station. La majorité d'entre eux disposent d'appareils de mesure reliés au réseau, qui permettent d'envoyer régulièrement leurs données en France. Chacun de ces appareils nécessite une surveillance et des maintenances régulières. Il en va de même pour les serveurs de stockage qui sauvegardent toutes les données sur place pour éviter toute perte. En plus de ces travaux de routine, de nombreuses modifications des systèmes en place sont nécessaires tout au long de l'année, au fil des demandes d'installation de nouveaux matériels et surtout... Des pannes fréquentes.
En bref, on trouve toujours de quoi s'occuper ici, que ce soit en donnant des coups de mains sur les manips sciences variées quand il fait beau, ou en réparant les dégâts après une tempête. C'est cette pluralité de taches que je cherchais en venant ici, et c'est probablement ce qui me manquera le plus en repartant. »