mardi 30 octobre 2018

Arrivée du Basler: la campagne d'été est lancée!

Les deux vols, entre Hobart et Mario Zucchelli et entre Marion Zucchelli et D10, ont finalement pu être réalisés hier, après plusieurs reprogrammations.
Le Basler a ainsi atterri à 19h07, heure locale, et nous avons accueilli 18 personnels de plus sur l'archipel: 12 sur la base de Prudhomme et 6 à Dumont d'Urville.

Atterrissage du Basler (crédit photo: Bastien PRAT)

vendredi 26 octobre 2018

Préparation de la campagne d'été, suite: "groomage" de la piste D10 et réinstallation du mât météo

Les premiers personnels de la campagne d'été doivent arriver par avion, sur la piste dite "D10", à quelques kilomètres de Prudhomme.
Crédit photo: Gilles BOCCARD (campagne d'été 2017-2018)
Pour permettre l'atterrissage des avions, deux critères essentiels: la qualité de la piste, et les données météorologiques.

Quentin C et Bastien ont ainsi commencé depuis plusieurs semaines le lissage de la piste, à l'aide d'une herse ("groomer") attelée à un Challenger.
Il a tout d'abord fallu excaver le groomer, ainsi que les traîneaux de kérosène qui serviront lors des ravitaillements, et déplacer l'abri météo.

Le groomer après 8 mois d'hiver (crédit photo: Bastien PRAT)

Déneigé (crédit photo: Nathalie JAMOT)

Le groomer attelé au Challenger (crédit photo: Romain VERITE)

Le conducteur multiplie alors les allers-retours, par bandes, dans le sens de la longueur. L'opération prend 6 heures environ (la piste est longue de 1200 mètres, large de 70 mètres).
On obtient ainsi une surface plane, homogène, sans bosse ni sastrugi* (jusqu'à la tempête suivante).
 
* Les sastrugi sont des crêtes pointues et dures formées à la surface de la neige par l’érosion du vent et des dépôts - peu compatibles avec le roulement d'un véhicule ou le glissement des patins d'un avion

Le groomer en action (crédit photo: Bastien PRAT)

Aspect final de la piste (crédit photo: Bastien PRAT)

La station météo, démontée en fin de campagne d'été pour la préserver, a également été réinstallée par les techniciens de Météo France, Nathalie et Romain. L'anémomètre-girouette est replacé en haut du mât télescopique, qui est remonté et haubané.
Le matériel (crédit photo: Nathalie JAMOT)
Le mât remonté sur son socle (crédit photo: Nathalie JAMOT)

Remise en place et en service des panneaux photovoltaïques alimentant les instruments (crédit photo: Nathalie JAMOT)

Orientation du mât et haubanage (crédit photo: Bastien PRAT)

Le mât, le shelter et les traîneaux de kérosène fin prêts (crédit photo: Bastien PRAT)

Enfin, la station de Prud'homme a été pré-ouverte par l'équipe technique: elle a été partiellement déneigée, les groupes électrogènes et les chaudières lancés, les réseaux vérifiés, les chambres froides remises en service... Tout a été testé, puis ré-éteint jusqu'au jour J.
Crédit photo: Bastien PRAT

Crédit photo: Bastien PRAT

Nous sommes donc (presque) prêts à ce que notre isolement soit rompu.
Il ne nous reste plus qu'un dernier "groomage" le jour de l'atterrissage et la mise en place des piquets de balisage de la piste.

Les 18 premiers passagers de la saison sont des personnels du siège de l'IPEV, des scientifiques, le personnel de Prud'homme et les techniciens devant participer au premier raid de la saison vers Concordia.
Nos voyageurs doivent quitter Hobart en Airbus A319 pour la station de Mario Zucchelli à Terra Nova Bay, puis être conduits en Basler de Mario Zucchelli à ici.

Les deux avions étaient initialement programmés aujourd'hui, mais la météorologie en a décidé autrement: le premier vol n'a pas pu se faire ce matin, et nous avions de toute façon trop de vent pour les accueillir.
L'ensemble de l'opération est donc attendue pour demain, suivant la météo qui règnera à Hobart, à Mario Zucchelli, à McMurdow (piste de repli, plan B nécessaire pour déclencher l'opération) et enfin ici.

mardi 23 octobre 2018

ILS sont de retour


Les manchots Adélie sont de retour!
Quelques-uns ont été aperçus par les ornithologues sur les îles environnant Pétrels. Puis un individu a grimpé sur la base haute.
Manchot Adélie attendant les autres sur la base haute
 
Ils sont maintenant chaque jour dix fois plus nombreux, retrouvant leur nid de cailloux de l'année passée ou trouvant un nouvel emplacement.
Les mâles reviennent les premiers, pour commencer à préparer les nids. Les transports de petits cailloux ont donc débuté; quelques petits malins chipent ceux des voisins dans leur dos. Ça commence à piailler et... l'odeur caractéristique est revenue aussi...
Une semaine après, base haute
Vers la colonie d'étude
Adélie sur son nid (crédits photos: Hélène LARMET)
La colonie d'Empereurs s'est déplacée suite à la dernière tempête, comme pour laisser la place aux voisins (crédit photo: Delphine MENARD)
Côté oiseaux, nous sommes donc presque au complet.
Le Pétrel géant Antarctique est déjà revenu depuis début juillet, avec la naissance des poussins Empereurs.
Pétrel Géant Antarctique (crédit photo: Alexandre Baduel)
Certains sont particulièrement curieux (crédit photo: Hélène LARMET)

Puis à l'appel de l'été les Pétrels des neiges, les Fulmars, les Damiers du Cap, les Skuas ont suivi, ces toutes dernières semaines:
Pétrel des neiges (crédit photo: Alexandre BADUEL)
Pétrel des neiges (crédit photo: Delphine MENARD)
Pétrel des neiges au clair de lune (crédit photo: Delphine MENARD)
Fulmar Antarctique (crédit photo: Delphine MENARD)
Fulmar Antarctique (crédit photo: Delphine MENARD)
Damier du Cap (crédit photo: Jean-Luc SINARDET)
Skua Antarctique (crédit photo: Alexandre BADUEL)
Skua Antarctique (crédit photo: Delphine MENARD)

Nous avons même eu la visite inopinée d'un goéland dominicain, arrivé avec les premiers Adélies:
Goéland dominicain (crédit photo: Delphine MENARD)

Il ne manque plus que les Océanites de Wilson:
Océanite de Wilson (crédit photo: Alexandre BADUEL)

Et les personnels de la campagne d'été!

jeudi 18 octobre 2018

Le phoque de Weddell

Les tâches sombres sur la banquise se sont multipliées, moins mobiles et plus grosses que les manchots Empereurs: ce sont des phoques de Weddell.

Ils semblent bien passer le plus clair de leur temps à dormir, à proximité de rivières ou de trous qu'ils ont formés dans la glace. Les mâles gardent en effet un "trou de phoque", un accès à l'eau travers la banquise, qu'ils ont dû défendre violemment contre d'autres mâles. A la surface, leur harem.

Respiration dans une rivière: le phoque de Weddell plonge en moyenne à 200-300 mètres (le record enregistré étant une profondeur de 800 mètres), jusqu'à 80 minutes (crédits photos: Romain VERITE)


A cette période, les femelles viennent "vêler" (c'est le terme consacré pour la mise bas - comme pour un glacier) dans la baie. Nous avons observé le premier veau de l'année cette semaine. A la naissance, il pèse environ 25 kg pour 1m20. Il gagnera 100 kg jusqu'au sevrage (qui dure 7 semaines) tandis que la mère en perdra 150 (elle ne se nourrit pas pendant cette période).

Veau de Weddell et sa mère (crédit photo: Georges VERNOIS)
Petit veau de Weddell, âgé d'environ deux jours (crédit photo: Nathalie JAMOT)

Dans le cadre du suivi à long terme de la population de phoques de Weddell, de nombreuses manips, impliquant jusqu'à 30 km de marche dans la journée, sont donc organisées, pour les dénombrer, suivre les naissances, et transponder les animaux qui ne le sont pas. Le transpondage, qui consiste à insérer une petite puce sous leur peau servant à les identifier, nécessite l'intervention de plusieurs hivernants pour immobiliser les adultes, qui pèsent entre 300 et 400 kg.
Alexandre, l'ornithologue du programme 109, vérifiant avec son détecteur si un phoque de Weddell est transpondé (crédit photo: Nathalie JAMOT).
Isabelle, la glacio, en scribe, pour noter le lieu de l'observation, le sexe de l'animal, la longueur de son corps, son numéro d'identification, la filiation éventuelle, le poids pour les petits veaux... (crédit photo: Delphine MENARD)

Les Weddell appartiennent à la famille des Phodicés (à distinguer des otaries, notamment). Parmi ses proches cousins, quelques éléphants de mer viennent, très occasionnellement, du côté de DDU; quelques léopards de mer sont observés chaque année, comme on a pu en apercevoir l'été dernier ou fin septembre; beaucoup plus nombreux sont les phoques crabiers.
Le phoque crabier a une fourrure plus uniforme, sans tâches sur le ventre et plus dorée, la tête moins massive et un museau plus allongé (crédits photos: Romain VERITE/Alexandre BADUEL)
Il est tout aussi dynamique que le Weddell (crédits photos: Delphine MENARD)
Phoques crabiers en rivière (crédit photo: Delphine MENARD
Crédit photo: Romain VERITE/Alexandre BADUEL
Les phoques crabiers sont l'espèce la plus représentée au niveau mondial, avec 13 millions d'individus estimés - contre 250 000 à 750 000 phoques de Weddell (la fourchette est large tant il est difficile de les suivre).

En Terre Adélie, la population de Weddell est estimée à 350 individus.
Il semblerait qu'il y ait de "nouveaux venus" chez les Weddell cette année autour de DDU, à l'ouest de la baie, non transpondés; peut-être en raison de la débâcle partielle qui a créé des opportunités de sorties de l'eau, d'accès à la banquise: on parle d'émigration temporaire.
Les comptages réalisés cette semaine indiquent en effet:
- à l'ouest de Pétrels: 142 individus, dont un seul veau
- à l'est de Pétrels: 94 individus, dont 36 veaux
Une seconde série de comptage sera organisée 10 jours après la première, pour dénombrer la totalité des veaux encore à naître.
Soit un total, pour l'instant, de 235 individus! A la même époque l'année dernière, la mission 67 avait dénombré 66 individus dont 21 veaux; au second comptage, ils avaient 90 individus, dont 31 veaux.

mardi 16 octobre 2018

Préparation de la campagne d'été: rapatriement du Kässbohrer et transferts de charges

Nous sommes désormais dans les dernières semaines de l'hivernage.
Pour préparer la campagne d'été, l'équipe technique a été à pied d’œuvre dès le retour du soleil, afin de profiter d'une banquise saine pour réaliser des transferts de charges entre DDU et la base de Prudhomme située à 5 km.

La première étape a été de créer une route sur la banquise entre DDU et Prudhomme. Des sondages ont donc été réalisés pour confirmer l'épaisseur de glace de mer et sa capacité à supporter le poids des engins.
Avec une épaisseur supérieure à 1m20 et des températures comprises entre -10 et -20°C, nous pouvons aisément transporter des charges de 30 tonnes. 
 
Le résultat des sondages

Le Kässbohrer, engin de déneigement stocké à Prudhomme, a ainsi pu être "déshiverné" et rapatrié pour quelques vérifications, avant d'être utilisé pour créer un linéaire régulier entre DDU et Prudhomme.
Le retour du Kässbohrer, escorté par le Kubota sur la banquise (crédit photo: Hélène LARMET)
Arrivée triomphale du Kässbohrer sur Pétrels - couplée aux appels à la vigilance à l'attention des hivernants car nous avons un peu perdu l'habitude de voir des engins circuler (crédit photo: Hélène LARMET)
Cambouis aux commandes du Käss, traçant la route pour rejoindre la base de Prudhomme - à l'approche de celle-ci (crédit photo: Hélène LARMET)
 
Puis l'équipe technique s'est attaquée aux transferts de gasoil (SAB, Special Antarctic Blend).
En effet, c'était un succès majeur pour l'IPEV l'été dernier, après quelques années plus contraintes, que de pouvoir livrer des quantités de SAB suffisantes pour la base de DDU, pour Prudhomme et pour la base franco-italienne de Concordia, à l'intérieur du continent.
Un premier raid terrestre entre Prudhomme et Concordia (sur trois prévus pour l'été) devrait partir dès la mi-novembre 2018, avant l'arrivée de la première rotation de l'Astrolabe, pour alimenter Concordia avec les premiers litres de carburant et les premiers matériaux de chantier.

Pour ce faire, une plateforme a été aménagée au bas de Prudhomme, puis des cuves vides ont été rapatriées pour être remplies à DDU; les cuves pleines ont été tractées par des Challengers, eux-mêmes déshivernés (notre mécano ne chôme pas), dans le sens inverse.
 
Récupération des cuves vides à D3 (crédit photo: Hélène LARMET)
Pompage au Lion, par Patrice et Christophe (crédit photo: Bastien PRAT)
Transfert des cuves pleines sur la banquise, tractées par les Challengers conduits par Bastien, Eloi, Quentin P (crédit photo: Hélène LARMET)

Pompage à D0 par Bastien, Quentin P, Quentin C, Patrice (crédit photo: Bastien PRAT)
Cuves bien rangées sur la plateforme de D0 et vue d'ensemble de Prudhomme (crédit photo: Hélène LARMET)
 
Grâce à l'équipe technique de la mission 68, ce sont 331 m3 de carburant et 4 containers de matériel qui ont ainsi été transférés vers Prudhomme, garantissant la disponibilité du fret pour ce premier raid.
Rangement d'un container à D0 (crédit photo: Bastien PRAT)