vendredi 28 décembre 2018

Noël à DDU

La journée de travail sur base du 24 décembre a été plus calme qu'à l'accoutumée pour certains en raison du fort vent d'Est/Sud-Est limitant les sorties vers l'extérieur, empêchant la poursuite du chantier de réfection du toit de la centrale électrique et interdisant les opérations héliportées.

DZ hélicoptère du haut en centre base - Crédit photo: Alain Quivoron
Un fort coup de vent selon l'échelle Beaufort, avec un vent moyen maximal sur 10 minutes de 45kt (83 km/h) et une rafale maximale de 66 kt (123 km/h). De quoi faire vibrer les bâtiments et rendre difficile la marche contre le vent. On verra probablement plus tonique dans les mois à venir...
D'autres en revanche se sont beaucoup affairés pour aider à la décoration/mise en place du séjour et à la préparation du repas de réveillon. Ces DDLutins ont minutieusement travaillé avec le cuisinier et le boulanger-pâtissier pour offrir aux convives un vrai repas de fête.

Préparation du séjour - Crédit photo: Gaëtan Heymes
Et oui, on fête également Noël en Terre Adélie!
Les 55 habitants de DDU se sont retrouvés à 19h00 pour un apéritif avec champagne, foie gras et amuses-bouches. Au menu ensuite: soupe aux cèpes, langouste, caille aux raisins, plateau de fromages. Dans un coin du séjour spécialement décoré trônait le sapin de Noël avec à son pied une montagne de cadeaux, la plupart réalisés par les uns et les autres.
Laurent, le responsable technique de la TA69 au patronyme d'origine méridionale mais à l'accent vosgien, s'est chargé de la distribution, dans un déguisement plus que crédible.

Notre "Payre" Noël - Crédit photo: Gaëtan Heymes
Chacun s'est donc vu remettre des mains du "Payre" Noël, un présent offert par une tierce personne préalablement désignée par tirage au sort.

Et un petit cadeau pour Grégoire! - Crédit photo: Gaëtan Heymes
Le repas s'est achevé avec la dégustation des bûches de Tony, notre jeune boulanger-pâtissier, qui s'est surpassé pour offrir trois compositions : nougat-glacé, chocolat-gingembre-citron, poire-framboise-abricot, parfaitement réussies.

Oui, oui, il s'agit bien d'une fabrication maison! - Crédit photo: Gaëtan Heymes
Le 25 décembre, les festivités se poursuivaient avec l'accueil des collègues de la base d'été de cap Prudhomme pour le déjeuner du jour de Noël. Le vent ayant molli, il a été possible d'organiser leur transfert par hélico.
Au menu de ce nouveau repas de fête: foie gras, saumon fumé, cassolette de coquilles Saint-Jacques et artichauts, magret de canard avec accompagnement de poire au vin et de tourte aux cèpes. Pour le dessert: encore des bûches... la vie est dure à DDU!

Un menu bien sympathique - crédit photo: Gaëtan Heymes
Ces festivités de Noël, particulièrement conviviales et chaleureuses, ont permis de marquer une pause appréciée au sein d'un programme d'activité dense dans tous les domaines de compétence.
Le 26 décembre, le travail a repris son rythme normal.

Reprise du travail (lâcher d'un ballon météo) non sans un dernier clin d'oeil - Crédit photo: Jérémy Beauchard

mercredi 26 décembre 2018

lundi 17 décembre 2018

Passation de suite à Dumont d'Urville


Terre Adélie – Base Dumont d’Urville – Mercredi 12 décembre 2018.

La mission TA 69 vient d'être mise en place par madame Christine GEOFFROY, secrétaire générale des Terres Australes et Antarctiques Françaises. Alain QUIVORON, Dista 69, succède à Hélène LARMET, Dista 68.

Passation de suite au séjour de la base - Crédit photo Mervyn Ratvitchandirane - IPEV
Transfert de l'écharpe réglementaire - Crédit photo Mervyn Ratvitchandirane - IPEV
La mission 69 est officiellement en place - Crédit photo Mervyn Ratvitchandirane - IPEV

  C’est l’aboutissement de nombreux mois voire d’un an de préparation et d’attente pour les 23 membres de l’équipe d’hivernants recrutés pour l’essentiel par l’Institut polaire et, pour 4 d’entre-eux, par l’administration des TAAF. 

Dans l’immédiat, la campagne d’été bat son plein et l’heure est à la découverte et à l’appropriation des lieux et des fonctions sous l’œil avisé et bienveillant des cadres et techniciens de l’IPEV ainsi que des scientifiques présents sur site comme chaque année à la même époque. Cette période est en effet propice aux travaux sur les installations, à la conduite des programmes de recherche et aux raids de ravitaillement terrestre, à partir de cap Prudhomme, de la base franco-italienne Concordia érigée sur le Dôme C.

Le décor est planté depuis le samedi 08 décembre, date de la rencontre avec le pack de notre bateau hôte depuis Hobart en Tasmanie : le patrouilleur polaire Astrolabe, tout neuf et armé par la marine nationale. Cheminement improbable dans une glace de mer présente mais maniable nécessitant une navigation prudente et une attention de tous les instants jusqu’à l’accostage. Celui-ci, tout en douceur, intervient le dimanche 09 décembre après-midi le long de la ligne d’enrochements de l’ile du Lion à proximité immédiate des infrastructures de la base perchée sur l’ile des Pétrels.
Le passage de témoin est désormais derrière nous. Un grand merci à la TA 68 pour le travail réalisé et la qualité de la suite. Nul doute que la nouvelle équipe  aura à cœur de se montrer solide et solidaire pour faire vivre DDU et permettre à la recherche scientifique de perdurer dans les meilleures conditions possibles en Terre Adélie.

Départ de la mission 68 avec l'Astrolabe par la rotation R1 out - Crédit photo Alain Quivoron


mardi 11 décembre 2018

« Et où vont les manchots (Adelie et Empereur) quand ils ne sont pas à DDU ? »

Question-commentaire intéressant(e) de M. Tessier et dont la réponse n’est pas si simple. Le suivi est techniquement ardu. Nos ornithos ont apporté leurs connaissances et ont bûché, voici quelques éléments de réponse :

Lorsqu’ils ne sont pas en période de reproduction, les manchots vont se nourrir en mer (les seuls moments qu’ils passent sur terre sont la reproduction et la mue).
Les Empereurs ne dépassent presque pas le courant circumpolaire en termes de latitude. En termes de distance, ils parcourraient plusieurs centaines de kilomètres, voire un peu plus de mille. A titre de comparaison, en hiver, quand les femelles partent refaire leurs réserves après la pont, elles parcourent de 300 à 1000km sur les deux mois de voyage (avec une importante variabilité d’un individu à l’autre, et suivant les conditions de glace).

Les Empereurs atteignent leur maturité sexuelle vers 4-5 ans. Avant, ce sont des juvéniles, qui vont partir à la découverte et apprendre à trouver leur nourriture, connaître leur environnement : c’est la dispersion.
Cette année, un seul juvénile âgé de deux ans, né à DDU et marqué, a été repéré, quelques individus âgés de trois ans, un peu plus ayant 4-5 ans.
Ils vont se déplacer largement avant de revenir sur la colonie (parcourant sans doute de l’ordre de plusieurs milliers de km).
Une partie des juvéniles va changer de colonie après ce voyage initiatique, comme le montrent des analyses génétiques : il est estimé que dans chaque colonie, il y a entre 1 et 4% de nouveaux arrivants venant d'autres colonies (une fois sur une colonie, les adultes y seront fidèles).

Répartition des colonies connues de manchots Empereurs autour de l’Antarctique (source : programme IPEV 109)

Ci-dessous, une carte indiquant le trajet de quelques juvéniles équipés avant leur départ de la colonie de Dumont d’Urville, donnant une idée de la dispersion :
Source: programme IPEV 109
Les adultes se déplacent moins loin. Les trajets semblent complexes et très variables d’un individu à l’autre, et dépendant fortement du pack et des conditions de glace (comme actuellement avec la présence de la polynie toute proche depuis plusieurs mois). Certains se dirigent directement sur des lieux présentant une nourriture abondante.

Il semblerait que les Adélie aient un profil de déplacements assez similaire, mais sur un calendrier opposé, puisqu’ils se reproduisent en été.

lundi 3 décembre 2018

Suivi GPS des manchots Adélie

Le programme IPEV 1091, de Yan Ropert-Coudert, s’intéresse aux manchots Adélie comme "bioplateformes de l’environnement marin" : ces oiseaux, de par leur place intermédiaire dans la chaîne alimentaire, peuvent en effet être considérés comme une espèce éco-indicatrice, sur le long terme, des changements environnementaux et des pressions anthropiques.

Fred et Olivia sont donc arrivés fin octobre, par le premier avion, pour suivre les populations de ces oiseaux. Ils étudient leur réponse au stress (par exemple en dosant certaines hormones et par l'étude des télomères), leurs dépenses énergétiques pour se nourrir, leurs comportements en mer et leurs déplacements, leur régime alimentaire...

Ils ont notamment équipé de GPS 15 femelles, entre le 17 et le 20 novembre. Celles-ci sont parties en mer, après avoir pondu leurs deux œufs, pour se nourrir. Le suivi par GPS permet de les suivre pendant cette prospection alimentaire, qui dure 15 jours.

La première d’entre elles est revenue aujourd’hui avec ses précieuses informations. Le trajet qu’elle a suivi est représenté sur la carte ci-dessous, avec l’échelle :

Résultats du suivi GPS d'une femelle Adélie par le programme 1091. La carte est un support d'archive qui ne représente pas la situation actuelle de la banquise - la mer est désormais totalement libre autour de DDU. Ce manchot a pourtant largement prospecté, s'éloignant de près de 300 km de son nid.

Cette partie de l'étude se poursuit avec l'équipement des mâles avant qu’ils n’aillent à leur tour se nourrir ; puis les deux genres seront suivis lors des allers-retours plus courts qui s'enchaîneront pendant l’élevage du poussin à naître.

Ce programme, soutenu notamment par WWF, s’inscrit dans le cadre d’un large partenariat international, permettant la comparaison des données avec d’autres équipes de recherche en Antarctique.