mardi 28 mai 2019

Embâcle

La banquise est désormais bien installée autour de Dumont d'Urville. Pour autant, sa mise en place a connu quelques aléas. Rien d'anormal à ça. Les "Anciens" vous diront que les choses peuvent être très différentes d'une année sur l'autre. Gaétan, notre ingénieur météo, reprend sa plume pour nous expliquer le processus amenant à la formation de la glace de mer. Sensible aux contraintes extérieures, ce milieu reste fragile même en hiver et il convient de s'y montrer prudent en toutes circonstances. Ici comme ailleurs, l'accoutumance au risque est l'ennemi...



Embâcle

L’embâcle, c’est le phénomène de formation de la banquise,  lorsque la surface de l’eau de mer gèle.
Comme chacun le sait, dans les conditions normales de pression, l’eau douce gèle à 0°C.
En pratique, il est nécessaire que la température moyenne de l’air s’abaisse durablement en-dessous de -10°C pour que l’embâcle se généralise.
Pourquoi la mer gèle-t-elle si difficilement ?
Il y a d'abord l'action mécanique des courants, du vent et de la houle qui retardent le processus de congélation de l'eau de mer.
Et puis, il y a les lois de la physique.
D'abord, le point de congélation de l'eau de mer  n'est pas à 0°C comme l'eau douce, en raison de la présence de sel : le mélange eau-sel est eutectique, ce qui signifie que la congélation se fait à température constante, dépendant de la concentration en sel. Avec une concentration de 35 grammes de sel par litre d'eau de mer, il se situe à -1.9°C. En augmentant la concentration en sel, on abaisse encore le point de congélation, jusqu'à un minimum situé à  -21.6°C, qui correspond à une proportion de 220g de sel par litre. Ceci explique l'épandage de sel sur certaines routes l'hiver. Si l'on augmente encore la concentration de sel, le point de congélation augmente à nouveau.

Eau libre entre DDU et cap Prudhomme - Crédit photo: Gaétan Heymes
Ensuite, l'eau de mer liquide est sombre, elle a un albedo plus faible et capte beaucoup plus d'énergie solaire que la neige, qui a tendance à la réfléchir ; de plus, la capacité calorifique massique de l'eau liquide est environ deux fois plus importante que celle de l'eau solide: pendant un processus de refroidissement, un kilogramme d'eau liquide doit libérer deux fois plus d'énergie qu'un kg de glace pour perdre un degré.
Enfin, le phénomène de congélation est exothermique, ce qui signifie que le changement d'état de l'eau, de liquide à solide, dégage de l'énergie sous forme de chaleur. Cela retarde la congélation.
Malgré les obstacles de la thermodynamique, l'eau de mer parvient à se refroidir... ce faisant, elle gagne en densité, et plonge, remplacée  par de l'eau moins dense, donc moins froide, provenant de la subsurface.
Une fois toutes ces barrières d’énergie franchies, la banquise peut se former de manière homogène.
Cela commence par le frasil, les premiers cristaux de glace qui se forment dans des conditions calmes.  Avec l’action du vent et de la houle, il peut s’agglomérer sous forme de plaques circulaires opaques, appelées « pancake ice », bien visibles par contraste avec l’eau de mer non gelée, ou gelée sous forme de glace transparente à l’aspect sombre : on parle alors de nilas lorsque l’aspect est « dur », et de « slush » lorsqu’il est mou, sous forme de mélasse, ou sorbet.
 
Pancake ice près du Lion - Crédit photo: Gaétan Heymes
Ce stade ne dure que quelques jours : soit des conditions froides et calmes se poursuivent et la banquise s’épaissit de manière homogène ; soit la température se radoucit, ou bien le vent et/ou la houle brisent cet équilibre fragile, et le processus doit reprendre à zéro.
 
Nilas - Crédit photo: Gaétan Heymes

Extension de la glace de mer - Crédit photo: Gaétan Heymes
Pour les membres de la TA69, cela s’est répété à quatre reprises, en raison des conditions particulièrement douces et ventées, avec une récurrence élevée de tempêtes, qui ont prédominé de début mars à mi-avril, et à chaque fois détruit la jeune banquise en formation.
Une débâcle de la banquise pluriannuelle a même été observée mi-mars, causée par un épisode de houle particulièrement énergétique.
Début avril, une violente tempête de vent catabatique, avec des rafales dépassant les 100 nœuds (196 km/h) a réduit en miettes et en quelques heures la jeune banquise, évacuant les floes, ces larges plaques de glace, vers le large.
 
Dislocation de la jeune banquise - Crédit photo: Gaétan Heymes
 Depuis, les conditions sont plus calmes, et surtout beaucoup plus froides. Le vent n’a plus dépassé les 150 km/h en rafales à DDU depuis le 10 avril, et la température moyenne des 5 dernières semaines affiche -15,5°C.
Cela a permis une prise en épaisseur relativement continue et homogène de la banquise, jusqu’à 70 cm en moyenne actuellement.

Jeune banquise fin avril - Crédit photo: Gaétan Heymes



Lorsque la banquise s'épaissit, elle isole la mer de l’atmosphère où règnent des conditions beaucoup plus froides. Ainsi, une banquise nouvelle ne peut guère dépasser 1,5 à 2 mètres d’épaisseur, alors que la banquise pluriannuelle, qui a résisté à plusieurs saisons de fonte, peut atteindre 3 à 4 mètres, hors zones de compression. Ce sont des glaçons de cette épaisseur  qui ont été arrachés et déblayés au large par la houle de mi-mars, d’un secteur où il n’y avait plus eu de débâcle depuis 8 ans.
Cette épaisseur homogène et relativement importante de banquise n’exclut pas une débâcle ultérieure, même en plein hiver. Cela s’est déjà observé par le passé, par suite de violentes et durables tempêtes catabatiques. La banquise est un milieu élastique et fragile, plus sensible aux contraintes extérieures que sa surface blanche, homogène et lisse peut le laisser penser.
Pendant la saison hivernale, des couches de neige viennent s’empiler sur la glace, ce qui joue un rôle dans l’évolution de sa structure, notamment au printemps austral, quand le rayonnement solaire redevient suffisamment puissant. En chauffant la neige, il fragilise la banquise, bien avant la débâcle.
La houle, bien que la plupart du temps imperceptible, les courants marins et les marées travaillent la glace par dessous.
Des paramètres à garder en tête lorsque l’on évolue sur ce milieu si particulier, que ce soit en manip scientifique, technique ou pour les loisirs.


 Formation de la banquise en zone DDU - Vues satellitaires

 Les trois images ci-après permettent de se rendre compte de l'extension progressive de la banquise autour de DDU. De manière simplifiée, les parties grises en bas à droite des images représentent des nuages, les parties sombres la mer du large et les polynies (zones d'eau libre) côtières ou localisées et les zones bleu-vert devenant blanc situées dans le Nord du trait de côte, la banquise et le pack.

Image satellite défilant MODIS Aqua du 16 février 2019 - Crédit image: Neal Young - Université de Tasmanie à Hobart - Sous couvert de l'IPEV

Image satellite défilant MODIS Aqua du 22 mars 2019 - Crédit image: Neal Young - Université de Tasmanie à Hobart - Sous couvert de l'IPEV

Image satellite défilant MODIS Terra du 25 mai 2019 - Crédit image: Neal Young - Université de Tasmanie à Hobart - Sous couvert de l'IPEV


mercredi 22 mai 2019

La Centrale

Aujourd'hui, nous allons vous parler de technique avec cet article rédigé par Maëlle sous l'oeil attentif mais toujours bienveillant de Norbert. Nos deux spécialistes centraliens, formés plus particulièrement à la mécanique Marine (mais pas que), vont vous faire découvrir l'objet de toutes leurs attentions avec ses spécificités "Antarctique" sans lesquelles point de vie à Dumont d'Urville et donc point de science ni de recherche. 

La Centrale

La base est bercée par un ronronnement continu. Approchez vous du bâtiment n°24 et ce ronronnement s’intensifie. En entrant, le son prend plus d’ampleur et il faut se protéger les oreilles. En revanche, plus besoin de bonnet ni de VTN (tenue de protection polaire), la température avoisine les +25°C. Bienvenue dans la Centrale !

En entrant dans la centrale - Crédit audio: Maëlle Giraud
 
La Centrale, bâtiment n°24 de DDU - Crédit photo: Maëlle Giraud

Son nom indique beaucoup : cœur névralgique de DDU et également centrale électrique. C’est ici que l’eau et l’électricité sont produites.  Comment ? Grâce à plusieurs équipements et une surveillance constante de la part du service technique.
Le rôle principal de la Centrale est de produire de l’électricité.
Nous disposons  pour cela de 3 moteurs Diesel couplés à des alternateurs. Chaque groupe électrogène, GE, (moteur + alternateur) peut fournir jusqu’à 140kW.

Les trois groupes électrogènes Caterpillar - Crédit photo: Maëlle Giraud
Cela est en général largement suffisant pour subvenir à tous les besoins de la base qui nécessitent en moyenne 70kW. En été, mais aussi parfois l’hiver, la demande peut être plus importante et il est alors nécessaire de démarrer un deuxième GE.  Le fait d’avoir trois GEs permet une liberté de mouvement : 1 en service, 1 en secours/appoint, 1 en maintenance.
Les maintenances se font régulièrement, à un rythme préconisé par le constructeur, Caterpillar. Ce mode de maintenance, dite préventive, diminue fortement le risque d’avoir des pannes.

La Team Centrale, Norbert & Maëlle - Crédit photo: Liz Hascoët - Institut Polaire Français

En complément, un groupe de secours se trouve dans un bâtiment indépendant.


Le groupe de secours - Crédit photo: Maëlle Giraud


Il permet de produire de l’énergie pour la base si jamais le bâtiment de la Centrale n’est plus accessible. Afin de s’assurer de son bon fonctionnement, il est démarré une fois par mois et fournit de l’électricité pour le séjour pendant une demi-journée.
Ces 4 moteurs fonctionnent au gasoil qui est stocké dans des cuves. Ce n’est pas tout à fait le même gasoil que celui que vous mettez dans votre voiture… Climat particulier oblige, le notre contient des additifs pour pouvoir être pompé et donc utilisable par -35°C.

Avec cette organisation nous sommes donc sûrs d’avoir de l’électricité en permanence, et donc sûrs d’être confortablement installés et préservés de la rudesse de l’Antarctique durant l’hivernage.

Ensuite, le second rôle, et non des moindres de la Centrale, est de produire de l’eau douce. Cela est indispensable pour vivre mais également pour nos odorats délicats.
Il y a beaucoup d’eau douce disponible autour de nous sous la forme de neige et de glace mais la présence régulière de nos amis les manchots pollue cette ressource. Heureusement la base se situe sur une île et nous disposons d’eau de mer à profusion. C’est cette dernière que nous exploitons donc pour produire de l’eau douce potable.
L’eau de mer est prélevée dans l’anse du Lion via un tuyau d’aspiration courant sur le fond. Elle est aspirée par les pompes de la SPEM (Station de Pompage d’Eau de Mer) qui sont assez puissantes pour renvoyer 5000L /h d’eau de mer jusqu’à la Centrale en base haute (40m plus haut).

De la SPEM à la Centrale - Crédit photo: Maëlle Giraud

Arrivée à la Centrale, l’eau de mer est envoyée vers le bouilleur et/ou l'osmoseur pour séparer le sel de l’eau douce.


Les équipements de production d'eau douce - Crédit photo: Maëlle Giraud
Bouilleur et osmoseur, distillation et osmose inverse, deux techniques bien distinctes pour obtenir de l’eau douce. Leur principe ? Le bouilleur permet de chauffer l’eau pour qu’elle s’évapore et la vapeur d’eau douce est recondensée et récupérée, le sel étant évacué sous forme de saumure liquide car il ne s’évapore pas aussi vite que l’eau. L’osmoseur, lui, demande que l’eau de mer traverse sous haute pression (60bar) des membranes. Les molécules d’eau traversent les membranes, les molécules de sel, plus grosses, sont bloquées et évacuées.
Nous utilisons principalement le bouilleur. Il est amplement suffisant l’hiver pour produire l’eau nécessaire, voire même trop performant car nous sommes régulièrement obligés de jeter de l’eau non consommée bien que nos collègues hivernants prennent très à cœur les consignes d’hygiène, à savoir prendre de très looongues douches ! En été, en revanche, la population sur base est bien plus importante et notre cher bouilleur a du mal à suivre la cadence. Il est alors nécessaire de démarrer l’osmoseur ponctuellement.


Le bouilleur - Crédit photo: Maëlle Giraud
Mais pourquoi cet engouement pour le bouilleur ? Pour plusieurs raisons. Tout d’abord il est nettement moins gourmand en énergie que l’osmoseur. Ensuite il fonctionne par échange de chaleur, élément dont nous disposons en grande quantité, pas forcément évident au premier abord quand on connait les températures de l’Antarctique. Cette chaleur provient des groupes électrogènes et plus particulièrement de leurs gaz d’échappement. Ils sortent du moteur entre 300 et 400°C ! En faisant circuler de l’eau dans la cheminée du GE en service, on arrive à la chauffer suffisamment pour ensuite chauffer l’eau de mer jusqu’à ébullition. Et pour être plus performant encore, les chambres d’évaporation du  bouilleur sont mises sous vide ce qui permet de faire bouillir l’eau à 35°C.
Enfin, la saumure extraite du bouilleur est à 30°C, contre 20°C avec l’osmoseur, et est utilisée pour réchauffer l’ensemble des tuyauteries de la base afin d’éviter le gel. Et plus elle est chaude moins le risque que les canalisations gèlent est élevé. C’est pour toutes ces raisons que les équipes de centraliens successives prennent grand soin de ce bouilleur depuis de nombreuses années !

Le troisième rôle de la Centrale est de chauffer plusieurs bâtiments. Certains disposent de leur propre chaudière pour produire de l’eau chaude mais d’autres non. C’est un choix qui a été fait par souci d’économie d’énergie. En effet, comme expliqué précédemment, les gaz d’échappements des moteurs réchauffent un circuit d’eau. Cette eau chauffe le bouilleur mais dispose encore de chaleur à l’issue de cette action. Du coup, elle est envoyée vers différents bâtiments comme eau de chauffage. La centrale chauffe ainsi 5 bâtiments uniquement avec l’énergie récupérée dans les gaz d’échappement.
Schéma de principe du fonctionnement de la Centrale - Crédit de production: Equipes Centrale - Institut Polaire Français
 Un autre rôle attribué à la Centrale, et plus particulièrement à la personne de quart, est de veiller à la sécurité de la base. C’est dans le bureau de la centrale que sont reportées les alarmes techniques mais également les alarmes incendie. De plus, lorsque le responsable de la radio est de repos, la Centrale prend le relais et suit les sorties de la base afin de savoir en permanence qui se trouve sur la banquise.
En cas d’incident, les personnes concernées seront averties immédiatement par la personne de quart.


Les différentes alarmes à la Centrale - Crédit photo: Maëlle Giraud

Le dernier rôle de la Centrale est peut-être le plus important. La présence humaine permanente (centraliens la journée, 1 technique la nuit), la température agréable du local, le « ronron » apaisant des moteurs et la machine à café en font un lieu de refuge pour tous les hivernants. Il n’est donc pas rare d’en voir un rentrer dans le bâtiment n°24 pour trouver un accueil chaleureux au cœur de l’hiver
polaire !

Le café est toujours prêt - Norbert, Maëlle et Aurélien - Crédit photo: Alain Quivoron 

dimanche 5 mai 2019

Voyage vers Prudhomme

Avant, il y avait ça:

Cap Prudhomme (PDH) - Vue prise de l'abri du ballon météo à DDU - Crédit photo: Gaétan Heymes
Mais ça, c'était avant. Et ça n'était pas forcément mieux avant... Depuis, l'embâcle est passée et la mer libre s'en est allée.
Désormais, nous avons ça:

Cap Prudhomme (PDH) toujours - Vue du 18 avril 2019 - Crédit photo: Gaétan Heymes
La débâcle des 16 et 17 mars derniers à l'Est de l'île des Pétrels est déjà loin. Depuis, servie par une température moyenne de -15°C ces derniers temps, la glace de mer a repris ses droits dans les chenaux entre les différents patchs de terres émergées. Les activités techniques vers le Lion et scientifiques vers les îles de la ZSPA ont pu reprendre, au grand soulagement de Douglas et Virgil qui vivent désormais au rythme de "leur" colonie de manchots Empereur, à proximité de Rostand.

Une autre destination est devenue l'objet d'attentions particulières: cap Prudhomme. En effet, voilà déjà deux mois que les campagnards d'été ont quitté la base annexe et Aurélien, l'électricien de la Mission, se verrait bien aller vérifier le bon ordre des installations placées en position d'hivernage.
Grégoire, glaciologue de son état, a également mis son équipement en préchauffage et se tient prêt à faire route vers le Sud Ouest pour se rendre sur les hauts du site avec une équipe de façon à pouvoir mener à bien sa première "manip en H" mensuelle (recueil de mesures sur différents points).

Oui mais voilà: que valent les 5 km de route séparant DDU de PDH?
La très sérieuse Australian Antarctic Division précise dans son AAD Field Manual (13ème édition - septembre 2012) que pour être praticable à pied en sécurité, la jeune banquise doit posséder une épaisseur minimale de 20 cm de "fresh sea-ice".
Il nous faut donc aller sur zone, avec toutes les précautions d'usage pour ce premier transit conséquent sur la glace de mer, de façon à vérifier si, dans l'Ouest comme dans l'Est des Pétrels, il est possible de "marcher sur l'eau".

En route vers Prudhomme - Crédit photo: Mervyn Ravitchandirane - IPEV
Jeudi 25 avril, 09h00. L'équipe se met en route à partir de l'Anse du Pré, non loin du hangar bleu. Nous allons suivre le chenal Pedersen pour passer entre le Sud des Pétrels et l'îlot Marégraphe puis faire cap sur l'étrave, droit vers Prudhomme.
Devant: Norbert le chef centrale et Alain le dista. Viennent ensuite Nicolas T. notre mécanicien de précision (appellation mépré) et Guillaume, lidariste émérite (l'homme au rayon vert) également  service base de qualité à ses heures perdues. Mervyn, l'instrumagicien roi de la valise RFID est aujourd'hui derrière l'objectif.

Le sondage de la banquise se fait "à l'ancienne". On perce des trous sur le trajet à l'aide d'une tarière électrique munie d'une batterie et équipée de forets adaptables en longueur. Il reste ensuite à introduire un ruban-mesure équipé d'un arrêtoir d'extrémité repliable dans l'orifice pour pouvoir lire l'indication d'épaisseur à l'endroit choisi. Ce matériel, d'un encombrement et d'un poids non négligeables est trainé dans une pulka. Pour l'occasion, c'est Nico.T "Tarzan" qui s'occupe de l'attelage... et pas question pour lui de le lâcher avant le retour aux Pétrels!

Nico et sa pulka - Crédit photo: Mervyn Ravitchandirane - IPEV
Ces premiers sondages "longue distance" ont également permis de mettre en oeuvre pour la première fois un conductimètre mis à disposition par l'IPEV lors de la campagne d'été dans la perspective des futurs transits de l'Astrolabe par banquise bien établie de façon à pouvoir juger rapidement de sa solidité en cas de besoin de transfert de fret sur glace de mer lors de débâcles insuffisantes. Pour l'instant, l'appareil est en phase d'essais et les résultats obtenus devront être régulièrement comparés avec ceux issus des forages. Le "pilotage" du conductimètre monté sur un traineau équipé d'un support "maison" est assuré par Guillaume et Mervyn.

Les pilotes du conductimètre - Les Pétrels au fond - Crédit photo: Mervyn Ravitchandirane - IPEV

Guillaume et le traineau - L'île du Gouverneur à gauche - Crédit photo: Mervyn Ravitchandirane - IPEV
Et les trous se succèdent. A la tarière, c'est Norbert. Trou artistique ou trou classique, il suffit de demander. A l'issue, Alain mesure.

Trou artistique - Crédit photo: Mervyn Ravitchandirane - IPEV

Trou classique - Crédit photo: Mervyn Ravitchandirane - IPEV

Mesure d'épaisseur - Crédit photo: Mervyn Ravitchandirane - IPEV
Voilà environ deux heures que nous avons quitté les Pétrels. La base annexe de Prudhomme est toute proche.

Arrivée à Prudhomme - Crédit photo: Mervyn Ravitchandirane - IPEV
Nous allons pouvoir nous poser un moment pour casser une petite croûte bien méritée, non sans avoir au préalable vérifié les extérieurs des différentes installations. Tout parait clair.

Installations de Prudhomme - Crédit photo: Mervyn Ravitchandirane - IPEV
Place désormais aux sandwichs de compétition de Bertrand. Le petit thé chaud est également de rigueur.

L'équipe au poste "d'admiration" - Crédit photo: Mervyn Ravitchandirane - IPEV
Une pause appréciée - Crédit photo: Mervyn Ravitchandirane - IPEV
Aussi appréciée soit-elle, la pause et l'inactivité qu'elle génère nous ramènent rapidement à la réalité de l'environnement Antarctique. -15 à -20°C en température observée, c'est rapidement -30 à -40 en température ressentie  dès que le vent monte. Dans ces conditions, ne conserver que les sous-gants pour maitriser la dégustation du sandwich sans profiter de celle de son emballage de film plastique lorsqu'on a les lèvres engourdies par le froid, conduit rapidement à ne plus sentir ses doigts, voire à trop bien les sentir...
Midi. Il est temps de prendre la route du retour.Cette fois, pas de trous à forer. Le transit se fait à une cadence tout à fait honorable, facilité par une météo idéale et une neige assez peu présente sur la banquise, permettant à l'équipe de se passer des raquettes.
A 13h15, nous sommes de nouveau à l'anse du Pré. "La radio, la radio: retour aux Pétrels pour les cinq membres de l'équipe Prudhomme". L'incontournable appel VHF vers le BCR pour signaler les mouvements sur la glace de mer permet de connaitre en permanence la situation des membres de la Mission sur ou hors base.

Les sondages effectués à l'aller sur la jeune banquise montrent une épaisseur moyenne de l'ordre de 30 cm (GD30: glace dure 30 cm). La circulation piétonne vers Prudhomme sur l'axe reconnu est donc possible en sécurité. Néanmoins, et dans l'attente du renforcement de la glace de mer, l'accès à Prudhomme va pour l'instant être réservé à quelques manips scientifiques/techniques bien précises.


Enfin, pour conclure ce récit d'un petit voyage somme toute assez exceptionnel, il est à noter que la sortie aura permis de valider les procédures et la mise en oeuvre des équipements spécifiques destinés à sécuriser les transits "longue distance" sur la banquise. Avec l'extension progressive de celle-ci vers le large du fait de conditions hivernales chaque jour plus perceptibles, les investigations hors base vont progressivement pouvoir s'étendre à des zones jusque là accessibles aux seules espèces marines adaptées au milieu.

Parmi ces équipements, il en est un, mis en place par l'IPEV là encore lors de la dernière campagne d'été, qui autorise le suivi à à partir du BCR (bâtiment "radio" de DDU) de la cinématique suivie par la manip en cours hors base. Le "tracker Inreach" permet ainsi, à partir de signaux envoyés périodiquement par un petit émetteur équipant un des manipeurs, de suivre à distance sur écran l'avancée du groupe. Le système permet également l'envoi d'un message d'alerte en cas de nécessité.
La superposition de la capture d'écran ci-dessous avec la carte précédente est remarquable... et particulièrement rassurante!