Début novembre 2021, un important vêlage du glacier de l'Astrolabe a donné lieu à la formation de très grands icebergs qui désormais s'étalent sur une bonne dizaine de kilomètres à l’est et au nord-est de la base. Ces "gros bergs" barrent l'accès et la vue vers l'est du continent Antarctique. Il n’en fallait pas plus pour en constituer un des objectifs de l'hivernage : allez voir ce qui se passe derrière !
Mais ce n'est pas facile pour des raisons de sécurité. Outre une banquise en mouvement sous l'effet des marées et de la houle créant des cassures, des rivières et des zones de chaos, c'est la chute de blocs de glace depuis ces mastodontes qui demeure le danger plus redouté.
Après une première tentative infructueuse en juin dernier pour cause de sécurité (il faut parfois savoir renoncer), après un travail sur cartes satellitaires pour essayer de localiser les brèches entre les bergs, la météorologie se présentant favorablement, nous avons décidé d'y retourner le dimanche 14 août.
Pas moins de douze volontaires, la sortie "gros bergs" fait recette.
Céline DUPIN/TAAF |
Départ en début de matinée pour nous donner le maximum de temps, équipements grands froids de rigueur car on dépasse les -21°, vent faible et soleil de la partie.
Pendant ce temps-là, le reliquat de l'équipe assure les astreintes indispensables au bon fonctionnement de la base (centrale électrique, équipe pompiers, équipe de secours, météorologie, radio, cuisine).
Emmanuel LINDEN/Météo France |
Voici un "gros berg" isolé. Un mastodonte de glace dont la partie visible émergée représente à peine de 1/7 à 1/9 du volume total. Imaginez ce qu'il peut y avoir sous l'eau.
Bastien LERAY/Institut Polaire Français |
Le premier travail consiste donc à repérer sur carte un passage possible entre deux bergs. Pour des raisons évidentes de sécurité, il est hors de question que le passage soit étroit de type canyon très encaissé. Une fois cette condition acquise, il faut vérifier in situ l'état des parois et s'assurer que la banquise au niveau du passage permet un franchissement sans risque de chute ou de blessure.
Céline DUPIN/TAAF |
Dernière condition enfin, on franchit le défilé par binôme et sans s'arrêter, avec distance de sécurité entre les équipes, pour diminuer les conséquences d'un potentiel incident.
Bastien LERAY/Institut Polaire Français |
Mais que c'est beau et grandiose !
Bastien LERAY/Institut Polaire Français |
Et voilà le moment tant attendu par les participants : le débouché vers l'Est et la vue sur la partie orientale du continent Antarctique, au delà du glacier de l'Astrolabe ! L'immensité blanche à perte de vue. Une banquise plus plane sans doute explicable car protégée de la houle par les "gros bergs".
Céline DUPIN/TAAF |
Une photo pour la postérité et il est temps de rentrer car après quatre heures de sortie, il commence sérieusement à faire froid et il reste une bonne heure de trajet retour. S'agirait pas que l'hypothermie gagne les doigts de pieds ou de mains, ni le nez de quelques-uns.
Bastien LERAY/Institut Polaire Français |
Le retour se fait en ordre dispersé, au rythme de chacun mais toujours à vue car si la sortie est collective, l’effort est toujours individuel. C'est majestueux, non ?
Emmanuel LINDEN/Météo France |
Il reste à organiser une seconde sortie pour........tous ceux qui sont restés par obligations professionnelles sur la base et nous ont suivis à la radio. On fait quand même des trucs sympas dans cet univers blanc et froid.
Quel spectacle visuel gratifiant après toutes les mesures de sécurité prises en compte et les efforts fournis ! En espérant que le personnel d'astreinte puisse rapidement profiter de la beauté du site. La sensation de se sentir infiniment petit face à cette étendue blanche...
RépondreSupprimerMerci, c'est magique et magnifiquement beau.... profitez bien !!
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