Cette fois c'est au tour de Charles, notre mécanicien garage, de nous faire part de ses impressions à l'occasion du départ de l'Astrolabe de DDU pour la rotation R4, marquant ainsi la fin de la campagne d'été 2018/2019. Un moment fort pour tous.
Et soudain, le silence...
Vendredi 22 février, 06h00.
Sortant du dortoir, je me prépare à aller
prendre le quart à la centrale électrique. Le soleil est déjà haut dans le ciel et
brille sans concurrence, aucun nuage d’un horizon à l’autre. Le vent est tombé,
la mer est plate, sans une ride. La
température est agréable, environ cinq degrés négatifs. Rien à voir avec la veille.
Mais quelque chose a changé: tout est calme et tranquille.
Les Adélies se font rares sur
le haut de la base. Pas un véhicule ne circule. L’hélico est parti. Un
curieux sentiment me gagne. Je suis frappé par le silence. Je n'y avais pas prêté attention jusqu'ici.
Tout cela, je le redécouvre dans la fraicheur du matin: ça y
est, l’hivernage a commencé.
Depuis la veille au soir, nous sommes vingt-trois. Vingt-trois
hivernants isolés sur un morceau de rocher, seuls pour huit mois sans
ravitaillement possible. La base permanente littorale la plus proche de Dumont d'Urville est australienne (Casey) et se trouve à plus de 1000 km à l'Ouest.
L'Astrolabe a appareillé hier à 21h30 pour son ultime rotation de la saison, emportant avec lui
les derniers campagnards d’été. Dans la pénombre naissante, nous saluons le
départ avec quelques fumigènes. L’image est exceptionnelle et le temps très
antarctique. Un vent catabatique bien établi traverse les couches de vêtements, et le
plafond nuageux assez bas cache la lune.
R4 - Ils sont partis. Crédit photo: Gaëtan Heymes |
R4 - Un salut digne de ce nom. Crédit photo: Gaëtan Heymes |
Après le départ du bateau et à l'occasion de la remontée vers le séjour, un sentiment d’euphorie s'est fait sentir. L'hivernage... trois mois que nous l'attendions, un peu plus même pour les premiers arrivés. Heureux. Le plaisir du moment nous incite à le prolonger un peu plus tard dans la nuit et à partager ces nouvelles impressions.
Le samedi suivant, avant de prendre les dispositions pour fermer le dortoir d'été pour la mauvaise saison, un barbecue nous rassemble sur la terrasse du bâtiment, sous un soleil magnifique
et un vent presque inexistant. Moment de cohésion apprécié pour marquer le début de cette nouvelle période du séjour. Sur la mer d’huile qui nous sépare du
continent, on observe les premiers pancakes de glace, début du processus de
formation de la banquise. Le léopard de mer, présent dans notre zone depuis quelques temps, vient former quelques rides sur la
surface plane de l’eau. Le moment est génial, le temps semble suspendre son
cours, les rires fusent autour de la table. Bertrand, notre chef cuisinier, s’est
surpassé comme d’habitude.
Sur la terrasse du dortoir d'été |
Une belle tablée |
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