La fin du mois de mars est généralement le signal du retour des températures basses permettant le début de la formation de la banquise. Un moment très attendu par Jimmy l'ornithologue, qui doit aller sur une ile baguer des poussins pétrels géant d'Antarctique avant leur départ vers la mi-avril. Autant dire qu'il y a un peu de pression......
Céline DUPIN/TAAF |
Eau salée oblige, il faut une température de l'air de - 8° à - 10° minimum pendant quatre à six semaines et une température minimale de l'eau de mer de -1,8° sur un mètre de profondeur, pour que la glace de mer (la banquise) débute son embâcle (sa formation, par opposition à la débâcle, sa rupture).
Jean Philippe GUERIN/TAAF |
Nous assistons alors progressivement au blanchissement (non pas de la campagne comme l'a si bien dit Victor Hugo) de la surface de l'océan. 3 phases successives : le fraisil comme ci-dessus, puis apparaissent les crêpes et enfin la phase de cimentation où l'ensemble se lie pour former une surface compacte.
Jean Philippe GUERIN/TAAF |
L'évolution est extrêmement rapide dans un sens....comme dans l'autre. Au gré de la houle, des marées, des vents et des températures, cette première jeune glace se forme puis se casse, puis se reforme, puis se casse à nouveau.......Un cycle qui peut durer plusieurs semaines, mettant les nerfs à rude épreuve...
Jean Philippe GUERIN/TAAF |
A ce stade évidemment, pas question de tenter de marcher dessus. Seulement quelques centimètres d’épaisseur, seuls les manchots s'y risquent sans grande conséquence en cas de rupture. L'humain, prisonnier de son ile des pétrels, observe, tantôt avec joie, tantôt avec tristesse...
Jean Philippe GUERIN/TAAF |
Les crêpes (ou galettes, un bonjour à tous les bretons qui nous suivent 😉) sont aussi appelés Pancakes par les canadiens, Blinis par les russes et Sikuaq par les groenlandais. Un bel exemple ci-dessous. A ce moment, ils ne sont pas encore cimentés, on ne s'y risque toujours pas.
Jean Philippe GUERIN/TAAF |
Un gros plan entre Fraisil et Pancake, ça ne donne pas envie d'y poser le pied, n'est ce pas ?
Jean Philippe GUERIN/TAAF |
Comme on peut le constater sur la photo ci-dessous, la surface de la banquise est loin d'être uniforme. N'imaginez surtout pas une glace de patinoire.
Jean Philippe GUERIN/TAAF |
Alors devant la pression mise par Jimmy (et surtout le besoin de sortir du bureau, soyons honnête), mardi 5 avril après midi, nous partîmes à quatre (Jimmy, Jean Philippe et Jérôme accompagnés de Céline la doc/photographe) pour effectuer nos premiers sondages de l'année, entre l'ile des pétrels et celle de Rostand. Rapidement rejoint par Nico le responsable technique....qui a ramené le bon foret ! C'est le début de saison, on tâtonne encore un peu, faut se chauffer.
Céline DUPIN/TAAF |
Des micro-spikes aux pieds (crampons à glace amovibles) pour ne pas glisser, une perceuse, un énorme foret, un décamètre et un piolet, et nous voilà sur la banquise. Bon ok, on y va mollo pour la première descente. La baignade, c'est déjà fait et le léopard de mer rode toujours dans le coin....donc guère envie de se louper.
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On commence modeste, juste au bord et il faudrait aller.....jusqu'en face ! Le personnel communal de DDU s'affaire, un qui bosse, trois qui regardent et une qui mitraille. 37 cm de profondeur ! Waouh, on est pas mal du tout ! (il en faut entre 20 et 30 pour marcher dessus en toute sécurité).
Céline DUPIN/TAAF |
Mais ça ne dure pas longtemps. Au fur et à mesure de l’avancée et au terme d'une quinzaine de sondages, l'épaisseur de glace s'amenuise. Lorsqu'on arrive à 7 tous petits cm, on décide de stopper l’expérience. Vous noterez la position du perceur frileux dont on devine clairement qu'il n'a pas envie de passer à l'eau......
Céline DUPIN/TAAF |
Pauvre Jimmy, promis on remettra ça prochainement. Le sondage de banquise va devenir une occupation quasi quotidienne pendant de nombreuses semaines pour élargir le périmètre des sorties, au fur et à mesure de l’avancée dans l'hiver. Les jambes vont pouvoir se dégourdir.
A DDU, c'est le Dista qui est le responsable des autorisations de sortie sur banquise. Une grosse responsabilité car les conséquences peuvent être graves.
La magie de la formation de la banquise qui se prépare sous plusieurs formes aux petits appellations bien spécifiques
RépondreSupprimerUne chouette métamorphose à découvrir pour tous les primo-adéliens
Merci pour tous les détails
A bientôt
Un émerveillement comme à chacune de vos publications que je ne manque pas chaque semaine. Merci à vous pour ce partage et votre bonne humeur.
RépondreSupprimerPrenez bien soin de vous tous.
Monsieur Dista... effectivement prudence pour toutes vos équipes et pour la sécurité de vous tous/tes.
RépondreSupprimerCordialement.
Merci Dista pour cet article dont j'aime toujours autant le fond que la forme. Ce mélange de côté pédagogique et en même temps ce ton que l'on sens très humoristique. On comprend mieux les enjeux et les risques de la banquise, le souci sécuritaire si souvent abordé. Prenez bien soin de vous ainsi que de toute la petite équipe. Petit clin d’œil très affectueux à celui qui m'est très cher et se reconnaitra....
RépondreSupprimerJ'ai expliqué en classe la formation de la banquise... Les élèves se sont réjouis à l'idée de manger (cette fois...) des pancakes!!!
RépondreSupprimerUn grand merci pour tous ces articles passionnants!