jeudi 2 juin 2022

L'activité scientifique à DDU (2ème partie)

Suite et fin de nos articles consacrés à la science en terre Adélie. Aujourd’hui, nous nous intéressons aux programmes scientifiques portés en hivernage par Etienne.

Céline DUPIN/TAAF

Premier programme, un programme de climatologie

De loin celui qui occupe le plus Étienne, le P209 LIDAR/SAOZ. Piloté par le laboratoire LATMOS du CNRS en lien avec les Observatoires de Paris et Versailles-Saint Quentin-en-Yvelines, il s'agit d'une étude qui vise à l'analyse des particules et aérosols contenus dans la stratosphère (entre 10 et 30 km d'altitude) et plus particulièrement les facteurs d'origines humaine ou naturelle qui entrainent la modification de la composition atmosphérique. C’est dans le cadre de ce programme que les scientifiques étudient par exemple les conséquences des aérosols issues des éruptions volcaniques ou des CFC si nuisibles à la couche d'ozone. 

Audrey A./Marine Nationale

Pour ces travaux, Étienne met en œuvre un laser dans le cadre d'un programme mondial de stations Lidar (light detection and ranging). Pour essayer de faire simple, la station émet des tirs laser en direction du ciel (le fameux rayon vert) puis capte la lumière en retour au moyen d'un télescope. En calculant le temps écoulé entre le tir et le retour, le scientifique peut déduire, couche par couche, l'état, la concentration et la nature des particules contenues dans la haute atmosphère.

Audrey TEISSEIRE/Institut Polaire Français

Dans le cadre de ce programme, Étienne dispose également d'un appareil SAOZ (Système d'Analyses et d'Observations Zénithales) pour mesurer la concentration d'ozone dans l'atmosphère, dispositif complété par des lâchers de ballons. C'est lui à DDU, l'homme qui travaille sur le sujet du trou de la couche d'ozone.

L'appareil SAOZ - Etienne MEFFRE/Institut Polaire Français

Lâcher de ballon ozone - Emmanuel LINDEN/Météo France

Second programme suivi par Étienne, le programme "Adelise" est un programme de chimie de l'eau dans l'atmosphère.

L'objectif poursuivi par ce programme, qui s'insère également dans un réseau de plusieurs stations internationales en particulier en Antarctique, est d'analyser la composition de l'eau en milieu polaire afin d’étudier le cycle de l'eau et de la glace, le système glace/atmosphère de l'Antarctique et son interaction avec le reste de l'hémisphère sud. En complément, le programme étudie également l'humidité de l'atmosphère.

En pratique, Étienne prélève en plusieurs emplacements de la station, des échantillons de neige après chaque épisode neigeux, échantillons qui sont ensuite analysés.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Le troisième programme étudie la glaciologie.

En suivant l'évolution de l'accumulation de glace sur le continent, les scientifiques d'un laboratoire CNRS de l'Université de Grenoble cherchent à comprendre et mesurer les évolutions du climat en Antarctique. Basé sur des mesures régulières sur le terrain de hauteur de glace, le programme est relativement simple à mettre en œuvre autour d'une cinquantaine de piquets témoins plantés dans la glace en forme de H, d'où son nom : "la manip en H". Une fois par mois en hivernage, dès que la banquise le permet, les hivernants se rendent sur le continent pour effectuer leurs mesures.

Iban FERNANDEZ/Institut Polaire Français

Dernier programme suivi par Etienne, toujours piloté par l'université de Grenoble, le programme CAPOXI est un programme de chimie atmosphérique. Il vise à étudier le fonctionnement de l’atmosphère polaire australe, sa circulation autour du continent et ses effets sur le climat, en effectuant un suivi des aérosols contenus dans l'air ambiant.

Pour cela, plusieurs filtres à air disposés dans la station capturent les particules contenues, les filtres étant ensuite analysés en laboratoire.

Jean Philippe GUERIN/TAAF

Enfin, cerise sur la gâteau, dans le cadre d'un programme de sismologie, en appui d'une étude de l'Institut de Géophysique du Globe de Paris, une à deux fois par mois, à un emplacement bien précis, nous devons aller frapper la banquise...à coup de masse ! L'objectif est de faire réagir deux sismographes immergés pour synchroniser leur horloge sur une mesure GPS. Le genre de truc pas naturel du tout ! Un peu comme scier la branche sur laquelle tu es assis 😕.

Camille FEVRIER/TAAF

Nous concluons avec cet article l'essentiel des études scientifiques menées à DDU en campagne d'hiver. Pas de quoi nous ennuyer donc puisque au fond, la science est la finalité de notre présence ici.

(Merci à Étienne pour son précieux concours)

3 commentaires:

  1. Bonjour JP et merci de nous faire vivre ce séjour hors du commun, pour en comprendre toutes les particularités. On ne l'imagine pas si vous ne nous le racontez pas. Et en plus, tu le fais comme à ton habitude mêlant sérieux sur le fond et légèreté sur la forme. Je ne soupçonnais pas que l'on puisse avoir autant d'activités scientifiques françaises en terre Adélie. Tu n'as pas du tout parlé de la faune et de la flore sous-marine. Est-ce impossible de plonger à Dumont d'Urville ? Trop dangereux ? Merci d'égayer notre quotidien pas toujours très réjouissant et de nous faire rêver. Bon courage avec toute ton équipe. Ta fan calédonienne.

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    1. Bonjour Maureen, il n'y a actuellement aucun programme scientifique en lien avec le milieu sous marin à DDU. Il y en a eu par le passé, il y en aura probablement dans le futur mais rien pour le moment. La plongée n'est pas dangereuse si elle respecte des règles de sécurité, certes un peu plus draconiennes qu'en Nouvelle Calédonie compte tenu de l'isolement, de l'environnement hostile et de la température de l'eau. Il est même possible de plonger sous la banquise (dans ce cas, les règles sont encore plus strictes). A+

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  2. Lectrice e-assiDDU6 juin 2022 à 22:02

    Merci pour toutes ces explications, bravo !

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