vendredi 25 avril 2025

Portrait d'Adélien - Victor, l'homme des réseaux Antarctique

 Chaque Jeudi, nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un de nos compatriotes du bout du monde. Vous découvrirez les portraits de ces hommes et de ces femmes qui exercent leur art dans le territoire français le plus éloigné de la métropole, en Terre Adélie, sur le grand et mystérieux continent blanc.

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Cette semaine, nous vous présentons Victor, 23 ans, qui nous vient de Strasbourg.

Après 2 ans de DUT informatique, Victor a intégré une licence administration des systèmes et réseaux. Pourtant, très rapidement, l'appel du terrain l'assaille, une volonté inébranlable d'aventure, loin des bureaux sombres et étouffants de la métropole. Il a un objectif bien en tête, partir à l'aventure, de l'autre côté du globe, en Antarctique. Une fois sa licence en poche, il se tourne entièrement en direction de ce projet. Finalement, il apprend en 2024 que l'institut polaire français le sélectionne pour faire partie de la 75ème mission française en Antarctique. 

Victor occupe la fonction d'informaticien science sur la base Dumont d'Urville, avec deux principales missions :

La première consiste en la supervision informatique des installations de la base, il veille donc au bon fonctionnement de l'ensemble des infrastructures, il contribue à la mise en œuvre des nouveaux serveurs, il vérifie l'acquisition des données sciences de la base, entretien et améliore les différents outils à disposition des hivernants (Intranet, serveur fichiers, ...). Et enfin, bien sur, il répond aux sollicitations  des différents personnels de la base dans son domaine de compétence. 

La deuxième mission est consacrée à la science, Victor contribue aux observations scientifiques, au bénéfice de l'EOST (école et observatoire des sciences de la Terre) basée à Strasbourg. A ce titre, il réalise quotidiennement, en alternance avec son collègue instrumentiste, une mesure absolue du champ magnétique terrestre à l'aide d'un Théodolite (instrument optique mesurant des angles dans les plans horizontaux et verticaux pour réaliser les mesures de triangulation). En parallèle, toujours quotidiennement, il analyse les courbes sismiques relevées la veille par l'observatoire sismique de la base. 

Victor profite de chaque instant en Antarctique, "j'en ai rêvé", il avait ça en tête pendant toutes ses études. Finalement, il aime cette expérience pour de nombreuses raisons, d'abord il aime le terrain, et encore plus la rudesse que nous offre ces terres glacées. Il aime partager avec des personnes d'horizons très différents, manger au déjeuner avec notre mécanicien et notre plombier puis dîner avec l'électricien et l'ornitho, en somme, découvrir des environnements qui ne lui sont pas familiers. 

Au détour d'un café, vous pourrez parler avec lui de géopolitique, il entretient ses connaissances et sa curiosité dans le domaine, l'occasion de voyager malgré les glaces qui nous enferment loin de tout. 


Bien-sur, il est toujours partant pour explorer l'archipel avec l'ornithologue et faire des manips scientifiques sur les oiseaux, "Je n'aurai jamais cru pouvoir faire une chose pareille dans ma vie". 

Enfin, il apprécie également la responsabilité qui lui est confiée ici, "chacun dispose de sa part de responsabilité et de compétence pour faire fonctionner la base et je trouve que c'est une grande marque de confiance à notre égard."     

Victor s'est engagé dans l'équipe pompiers de la base, en tant que pompier lourd. En cas d'incendie, il enfile rapidement sa tenue de feu et se prépare à intervenir avec ses collègues afin d'extraire les éventuelles victimes des bâtiments sinistrés et de lutter contre le début d'incendie. Une activité indispensable pour la base et une nouvelle responsabilité qui plaît beaucoup à notre informaticien science.   

Si vous cherchez Victor dans la base et que vous ne le trouvez ni dans la salle serveur ni dans les observatoires scientifiques, deux hypothèses à privilégier pour vos recherches:  Il sera soit à la salle de sport, Victor s'astreint à un vrai programme sportif quotidien, soit en train de gambader sur l'île, appareil photo en main, à la recherche d'un pétrel géant Antarctique, qui selon la légende ici, est partout sauf où Victor se trouve. Nous souhaitons à ce photographe passionné d'enfin se réconcilier avec ce géant des airs pour capturer ses plus beaux envols.

Dernière aide pour repérer Victor sur l'île, si malgré nos conseils vous n'y parvenez pas : Vous ne le verrez jamais en rouge, il délaisse toujours sa grosse parka rouge pour une simple veste softshell bleue. Le rude climat Antarctique ne semble pas encore perturber notre aventurier dans ses habitudes vestimentaires... A suivre. 

 Une anecdote à nous raconter ?

 "J'ai été surpris par le nombre de manchots Adélie présents sur l'île, ça fait vraiment bizarre de sortir de l'avion à D10 où tout est silencieux puis se retrouver quelques minutes plus tard au milieu de la base avec tous les manchots."

Un mot pour terminer ?  

"J'ai trouvé ce que j'étais venu chercher, je n'ai aucun regret, chaque jour j’apprends de nouvelles choses, c'est très enrichissant."

jeudi 17 avril 2025

Portrait d'Adélien - Andréas COINCE, le centralien qui éclaire la nuit polaire

Chaque Jeudi, nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un de nos compatriotes du bout du monde. Vous découvrirez les portraits de ces hommes et de ces femmes qui exercent leur art dans le territoire français le plus éloigné de la métropole, en Terre Adélie, sur le grand et mystérieux continent blanc.

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Cette semaine, nous vous présentons Andréas COINCE, 24 ans, originaire d'Aix-en-Provence et qui nous vient des basses alpes.

Andréas est avant tout un marin, sorti de l'ENSM (Ecole Nationale Supérieure Maritime) après 5 ans de formation, en qualité d'officier polyvalent de la marine marchande. Durant ses années de formation, il aura cumulé plus d'un an de navigation à travers les océans. Ces embarquements ont été l'occasion pour lui de découvrir des secteurs d'activité maritimes très différents, des navires de croisière, au porte-conteneur, en passant par les ferries et les navires océanographiques. On pourrait également ajouter à ses expériences, la navigation à bord du patrouilleur polaire Astrolabe, qui l'a emmené jusqu'en Antarctique...  Andréas, dont le cœur est indéniablement au milieu des océan, s'est finalement offert un interlude terrestre parmi nous. 


 Andréas, plus communément appelé en langage Adélien, "Dédé la Saumure", occupe ici la fonction de centralien de la base Dumont d'Urville. Il est en charge, avec le chef centrale, du bon fonctionnement de la centrale électrique de la base Antarctique. Il est donc garant de la production d'électricité pour l'ensemble des installations, indispensable à notre survie dans ce milieu hostile, mais aussi indispensable pour le bon fonctionnement des équipements scientifiques et des observatoires.


 Au-delà de la production d'électricité, son rôle est aussi de produire de l'eau douce pour l'ensemble de la base, permettant aux Adéliens de s'abreuver, de cuisiner et de se laver... Il veille ainsi au bon déroulé de cette production dans toutes ses étapes, du prélèvement de l'eau de mer à sa transformation en eau douce à plusieurs centaines de mètres plus haut sur l'île, à la centrale. 

"Notre rôle c'est aussi le suivi des consommations et de notre production d'eau afin de réajuster et au besoin de sensibiliser les personnels."  


 
Ici, tout est plus complexe, il s'agit aussi d'anticiper et d'éviter tout incident et à défaut, d'y apporter des solutions correctives très rapidement. En effet, les conditions climatiques extrêmes, complexifient le travail, si les précautions ne sont pas prises les tuyaux d'eau peuvent geler rapidement et mettre en péril les installations. 

 Le travail en milieu isolé n'aide pas non plus, il faut savoir être débrouillard, travailler avec le matériel dont on dispose. En effet, ici, pas de livraison pendant l'hiver, les solutions doivent être trouvées avec le stock existant et avec ce que l'on est capable de produire made in DDU. Tout incident peut être lourd de conséquence et c'est pourquoi Andréas reste disponible à toute heure du jour ou de la nuit pour répondre à tout incident ou panne des installations. 

"C'est parfois un peu ambivalent, on attend la panne, tout en espérant qu'elle n'arrive jamais"

 

En somme, le travail d'Andréas ici, c'est avant tout de la maintenance préventive et de la conduite et surveillance des infrastructures de production. 

Quand on demande à Andréas ce qui lui plaît ici, sa réponse peut être très rapide et courte: "Tout". Il aime l'ambiance sur base, la vie en petit comité, les activités collectives qui souvent s'organisent spontanément. Il apprécie aussi la vie en milieu isolé, cette vie loin de tout. Enfin, bien-sur, il y a le paysage, exceptionnel, mais aussi l'aspect étonnamment vivant de l'Antarctique, avec une présence importante d'animaux, qui vivent avec les hommes dans une proximité intrigante et sans crainte de ces derniers. 


Andréas, Alias "Dédé la Saumure" propose aussi chaque mois aux Adéliens, une caricature publiée dans le pétrel enchainé, le journal de la Terre Adélie.

Enfin, il détient d'autres compétences et records, celui du meilleur joueur de Mario-Kart de la Terre Adélie, probablement de l'Antarctique ..., compétence qu'il entretient avec rigueur. Si vous croisez son regard au séjour, un petit sourire au coin des lèvres, vous le savez, il vous défie à Mario-Kart et vous vous apprêtez à subir une nouvelle défaite.

Enfin, Andréas est toujours volontaire pour partir en expédition, ce qu'il aime finalement c'est aussi l'aventure polaire tout simplement. Affronter le froid et les vents glaciaux c'est aussi un peu ce qu'il vient chercher ici.  

Une anecdote à nous raconter ?

"Au début de l'hivernage, alors que je traversai une passerelle, j'ai entendu des coups de fusils, j'ai cru que quelqu'un chassait des Skuas Antarctique ! Certes, vous me direz, ce n'est pas une activité courante ici...Mais les Ornithos ont parfois de curieuses méthodes. Puis j'ai compris que c'était le vêlage du glacier de l'Astrolabe au loin qui provoquait ce son si caractéristique ...


Un mot pour terminer ?

"Être centralien sur la Base Dumont d'Urville en Antarctique c'est aussi un peu être antiquaire, on travaille dans un lieu chargé d'histoire, sur certaines installations datant des premières expéditions, c'est aussi ce qui fait le charme de notre travail dans cette lointaine contrée."

 

 

 

jeudi 10 avril 2025

Portrait d'Adélien - Gabriel LE BARCH, Météorologue du continent blanc

 Chaque Jeudi, nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un de nos compatriotes du bout du monde. Vous découvrirez les portraits de ces hommes et de ces femmes qui exercent leur art dans le territoire français le plus éloigné de la métropole, en Terre Adélie, sur le grand et mystérieux continent blanc.

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Cette semaine, nous vous présentons Gabriel LE BARCH, 58 ans, qui nous vient de Bretagne et qui occupe la fonction de Météorologue au sein de la base Dumont d'Urville.   

Gabriel connait bien la météo Antarctique, et pour cause, il ne se contente pas d'en réaliser les prévisions, il la vit au quotidien avec l'équipe des hivernants, il est au cœur des catabatiques, des tempêtes et autres phénomènes météorologiques extrêmes du bout du monde.

 En somme, Gabriel est avant tout un prévisionniste météo de terrain, qui observe des phénomènes météorologiques très particuliers, que l'on ne retrouve qu'ici en ces terres lointaines. 

 
Gabriel a pour mission principale sur base, avec l'équipe de Météo-France, de participer et alimenter le réseau de l'organisation météorologique mondiale (OMM) en réalisant des observations et des radiosondages (lancé quotidien d'un ballon-sonde dans l'atmosphère). Les radiosondages permettent de mesurer la pression atmosphérique, la température et l'humidité. La radiosonde, portée en altitude par un ballon météorologique, enregistre en outre sa position exacte, ce qui permet de déterminer l'altitude, la vitesse et la direction du vent.  
  

 Notre météorologue réalise également les prévisions localement pour la base (édition des bulletins et du météogramme), garantissant la sécurité de l'ensemble des personnels par l'anticipation des conditions météorologique. 

Gabriel n'en ai pas à ses premières expériences, avant de rejoindre l'équipe de la 75ème mission, ce vieux loup de la météo a d'abord été engagé dans l'armée de l'air pendant 5 ans, jusqu'en 1991, où il décide alors de rejoindre Météo-France. Il commencera d'abord par un passage de 2 ans au centre de Toulouse avant de rallier Caen en qualité de prévisionniste-climatologue puis Vannes. En 2015, alors que la station Météo France de Vannes ferme, il change de poste et devient assistant commercial, il assure alors notamment le suivi des prises de commande réalisées via le site internet de Météo-France.  Ce n'est pas le premier hivernage pour Gabriel, il avait effectué un premier hivernage à Amsterdam en 1997 (il y a bientôt 30 ans). "Je m'étais promis d'y retourner, me voici".

Quelle est la journée type d'un météorologue en Antarctique ? 

C'est aux aurores que Gabriel débute sa journée, alors que le reste de la base est généralement encore endormi, il affronte le froid matinal du continent pour rallier le bureau de Météo-France sur la base. Il réalise alors la première observation de la matinée (observation à la vue des phénomènes météorologiques) vers 7h du matin, ces observations seront réalisées toutes les 3h jusqu'à 19h. Il rédige ensuite le premier météogramme de la journée. Il gagne alors le séjour afin d'afficher le météogramme du jour et en profite pour partager le petit déjeuner avec le reste de la base. Une règle à respecter quand on connaît Gabriel : toujours s'assurer que le beurre salé est sortit, au risque de déclencher la tempête en lui.

 

Rapidement, il regagne les locaux de la météo pour réaliser le lancé du ballon-sonde aux alentours de 9h (lancé plus ou moins complexe selon les conditions météorologiques du jour). Il surveille alors la bonne progression et le bon fonctionnement du ballon-sonde durant son ascension. Dans le courant de la matinée, une musique se fait entendre à la radio, c'est le jingle météo, Gabriel annonce à la radio la météo du jour pour que chaque hivernant soit bien informé. Une salve de remerciements des hivernants suit alors le bulletin radio. Il finit sa matinée en préparant le transfert des données climatologiques de la veille afin d'alimenter la banque de données de Météo-France. 

Après un déjeuner partagé avec l'ensemble de l'équipe, il réalise son observation de 13h avant d'évaluer l'évolution de la situation météorologique (en Antarctique, la météo peut vite changer). L'après-midi est aussi l'occasion pour Gabriel de noter ses observations sur l'état de la banquise et son évolution. Il prépare ensuite le bulletin météo du soir. Enfin, sa journée se termine par le briefing météo, soudainement son bureau se remplit, il présente les prévisions météo des jours à venir au chef de district et au responsable des opérations, ainsi qu'au pilote d'hélicoptère et au "radio". Ce briefing permet, notamment l’Été, au chef de district et au responsable des opérations, d'ajuster les mouvements logistiques prévus au planning et de garantir la sécurité de l'ensemble des personnels dans la réalisation de leurs activités scientifiques, techniques et logistiques.  

Durant l’Été, à ces missions, s'ajoutent des missions nécessitant des prévisions plus pointilleuses et des observations de proximité afin de permettre les flux aériens en toute sécurité sur la piste D10. 

Voilà, il est 19h passé, Gabriel réalise sa dernière observation de la journée puis regagne le séjour pour le dîner.  

Gabriel est un amoureux de la nature, c'est avant tout pour cela qu'il s'était promis de refaire un hivernage, il côtoie au quotidien la faune sauvage de l'Antarctique et admire, sans se lasser, les paysages de glace grandioses qui s'offrent à lui. Vous le trouverez toujours le regard tourné vers une fenêtre pour admirer les paysages en même temps que la météo. Le seul moment, peut-être, où il ne regardera pas par les fenêtres, c'est lorsqu'il est concentré sur le Puzzle de 40 000 pièces dans lequel se sont lancés les hivernants de la mission. Sans prendre de risque, on peut dire que Gabriel en est l'un des plus grands contributeurs. C'est aussi ça, un hivernage, c'est la vie dans un collectif avec des personnes de tout âge et de tout corps de métier qui s'allient dans cette aventure.

Ce féru de course à pied, traileur et marathonien, bien que limité par la géographie de l'île en l'absence de banquise, n'hésite pas à partager ses connaissances et ses expériences auprès des hivernants qui souhaitent progresser dans cette activité sportive.

Le reste de son temps libre, il profite de balades autour de l'île, dans le silence glacé du continent. 

Une anecdote à nous raconter ?  

"La vie ne tient parfois qu'à un fil ... Le 3 février, je marchais sur une passerelle en regardant un couple de Skuas qui volait au-dessus de ma tête ... J'ai dévié de ma trajectoire et j'ai chuté de près d'1 m dans les cailloux.
Par chance, je ne me suis rien cassé et ma tête n'a rien heurté. Au final, je n'ai eu que de simples contusions et hématomes ... avertissement sans frais... Depuis, je m'arrête pour regarder le paysage ...
"


Une citation favorite ?

“Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction.” Antoine de Saint-Exupéry

Un mot pour terminer ? 

 "J'hésite entre deux mots pour définir le paysage qui nous entoure ... Les plus simples seraient sûrement : Magique ou Grandiose ..."

 



 

 



 

jeudi 3 avril 2025

Portrait d'Adélien - Narcisse SERINA, Boulangère-Pâtissière des 60èmes déferlants

 Chaque Jeudi, nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un de nos compatriotes du bout du monde. Vous découvrirez les portraits de ces hommes et de ces femmes qui exercent leur art dans le territoire français le plus éloigné de la métropole, en Terre Adélie, sur le grand et mystérieux continent blanc.

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Cette semaine, nous vous présentons Narcisse SERINA, 29 ans, qui occupe la fonction de boulangère-pâtissière au sein de la base Dumont d'Urville. 

Narcisse occupe une fonction très particulière et unique au monde, elle est la boulangère-pâtissière la plus isolée de notre vaste monde. 

Tradition oblige et puisque la gastronomie française ne se conçoit pas sans un bon pain, des viennoiseries et des desserts raffinés, nous avons la chance de disposer de l'expertise de Narcisse pour nous permettre de continuer à respirer un peu de l'odeur et de la saveur du pays de notre enfance. 



Narcisse s'est d'abord lancée dans un bac scientifique avec le rêve de devenir océanographe... Pourtant, elle s'est vite rendu compte que les matières scientifiques et elle, cela ne matchait pas. C'est un dîner avec une amie boulangère qui va tout chambouler et lui faire découvrir le métier de la restauration. Rapidement, elle s'engage à l'école Ferrandi à Paris en débutant par un bachelor "manager de restaurant". Elle va alors quitter son pays natal pour rejoindre l'Angleterre, réalisant le service en salle dans différentes maisons (Bulgari hôtel, avec le chef Alain DUCASSE; The Connaught, avec la cheffe Hélène DARROZE; Dinings SW3, avec le chef Masaki Sugisaki). Après cette parenthèse anglaise et à l'issue de la pandémie mondiale du COVID, elle décide alors de reprendre ses études en France en s'engageant dans un CAP pâtissier suivi d'un CAP connexe, boulanger. Elle travaillera alors avec Christophe MICHALAK, qui lui transmettra les finesses du métier avant de rejoindre le Plaza Athénée où elle fera ses armes durant 2 ans avant de rejoindre l'aventure Antarctique. 

Ici, aux confins du monde, Narcisse a pour mission de préparer le pain tous les jours, afin que chaque repas puisse être accompagné de pain frais. Elle prépare également les goûters tous les Mercredi, les viennoiseries, une fois par semaine et régale les hivernants avec des desserts variés et élaborés avec soin. 

"Ma mission s'est de donner le sourire aux gens au quotidien à travers le pain, la viennoiserie et les desserts"

 

Le matin, durant la campagne d’Été en particulier, elle se lève tôt pour réaliser la cuisson du pain et offrir ainsi un pain moelleux et chaud aux hivernants. Elle enchaîne avec les finitions pour le dessert du jour, avant de lancer le pétrin pour le pain du lendemain. Ensuite, elle s'affaire au tourage pour les viennoiseries (technique de fabrication du feuilleté d'une viennoiserie consistant à incorporer du beurre dans la pâte en l'étalant puis à travers de multiples pliages afin d'obtenir les stries et la légèreté, le côté aérien de la viennoiserie). Elle prépare également la mise en place du prochain dessert et répond aux commandes de la station voisine (Station Prud'homme), dont les personnels sont contents de recevoir parfois un peu de pain frais. 


 

Narcisse prépare également les gâteaux d'anniversaire de chaque hivernant ou campagnard, répondant aux envies de chacun, un beau cadeau sucré ! 

 





Enfin, Narcisse apprécie partager son savoir faire, à travers des ateliers de confection de viennoiseries notamment. Elle n'hésite pas à mettre en compétition les différents apprentis du jour afin de décerner la palme du meilleur croissant, dont les résultats sont ensuite publiés dans le pétrel enchainé. 

Narcisse apprécie beaucoup l'indépendance professionnelle dans son exercice quotidien, un environnement de travail très formateur pour elle. Elle apprend ici la gestion de stock, les commandes, l'élaboration d'un menu, gère la mise en place et le service... "J'aime sublimer un peu plus chaque jours les préparations, arriver à faire du noble avec des produits de la vie courante, tout en s'adaptant à un environnement très sec"

Autrement, "j'apprécie beaucoup notre équipe d'hivernage, la TA 75, c'est un groupe avec une très belle homogénéité, on se complète tous assez bien

Et puis, il y a aussi ce côté extraordinaire de notre lieu de vie, "Le paysage, la vie aux côtés des animaux, la beauté des couleurs du ciel à travers une aurore australe, des couchers et levers du soleil éblouissants, le réveil chaque matin face aux glaciers... Bref, ça change des bâtiments parisiens..."

Une anecdote à nous raconter ? 

"La baignade dans l'océan Antarctique, dans une eau à -1,7°, dans une eau cristalline, face à un décor de glace, au côté des manchots, qui réalisaient comme un ballet aquatique. C'était un instant magique. Ce décor était une vraie motivation pour se jeter à l'eau ! Mais quel choc ! Pas certain que j'y retourne une 2ème fois !"

Une citation favorite ?

"Si tes rêves ne te font pas peur, c'est qu'ils ne sont pas assez grands" Mike HORN  

"Je rêve que chacun puisse prendre la mesure de ses talents et la responsabilité de son bonheur. Car il n’est rien de plus important que de vivre une vie à la hauteur de ses rêves d’enfant…" Raphaëlle GIORDANO 

 

Un mot pour terminer ?

"Je voulais explorer le monde et voguer sur les mers en tant qu'océanographe. En travaillant dans la restauration, je perpétue cette volonté et je vis mon rêve d'enfant jusqu'ici en Antarctique."

 

samedi 29 mars 2025

Le retour des manchots Empereurs

 L'hiver venant, les manchots Adélie ont peu à peu quitté la Terre Adélie, laissant l'archipel dans un profond silence, après des mois de présence à nos côtés. Les manchots Adélie nous laissent alors seuls sur l'île dans la rigueur de l'hiver et ne reviendront que lorsque l’Été prochain pointera le bout de son nez. 

Bien que seuls sur l'île, nous ne le seront pas dans l'archipel. En effet, le départ des Adélie qui marque l'entrée dans l'hiver, coïncide également avec le retour des manchots empereurs. 

Les manchots empereurs seront nos compagnons d'hiver et lutteront avec nous face au froid et aux vents catabatiques. 

Colonne d'Empereurs progressant par l'Ouest de l'île des Pétrels vers la manchotière. Photo : Pierre BASCELLI 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

Nous pouvons observer depuis quelques jours les premières colonnes de manchots sur la banquise. Ils progressent en file indienne avec cette démarche unique. Le braiement ou jabotement (cris très spécifiques du manchot empereur) résonne à nouveau dans l'archipel. Ce son si particulier est plaisant à retrouver, comme le son familier de la voix d'un vieil ami que l'on n'a pas entendu depuis longtemps.  

Colonne de manchots empereurs à l'Ouest de l'Île des Pétrels. Photo: Pierre BASCELLI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le retour des premiers empereurs est intervenu cette année aux alentours du 7 Mars. L'installation des premiers manchots à la rookerie (colonie d'oiseaux polaires qui se protègent du froid par leur réunion), plus communément appelée manchotière a eu lieu le 12 Mars. 

Un premier comptage a été effectué par Amandine, notre ornithologue, le 22 Mars, la rookerie comptabilisait alors 725 individus.

Le dernier comptage d'Amandine, réalisé le 26 Mars comptabilisait 2118 individus. 

Les manchots Empereurs en attente sur la banquise. Ouest Ile des Pétrels. Photo: Pierre BASCELLI

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Nous aurons l'occasion de vous donner de leurs nouvelles au fil de l'hiver ...  

jeudi 27 mars 2025

Portrait d'Adélien - Grégory SALVI, Chef du service des télécommunications et gérant postal

 

Chaque Jeudi, nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un de nos compatriotes du bout du monde. Vous découvrirez les portraits de ces hommes et de ces femmes qui exercent leur art dans le territoire français le plus éloigné de la métropole, en Terre Adélie, sur le grand et mystérieux continent blanc.

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Cette semaine, nous vous présentons l’Adjudant Grégory SALVI, 45 ans, Marié et père de 5 enfants, qui nous vient de Mont-de-Marsan.

Gregory fait partie de l’armée de l’air et de l’espace et occupe la fonction de chef du service des télécommunications et de gérant postal pour la 75ème mission française en Antarctique.     

Grégory a d’abord validé un BTS en électronique avant de s’engager à l’armée de l’air et de l’espace. Affecté durant 7 ans à Paris au début de sa carrière militaire comme contrôleur satellite, il a ensuite rejoint Nice en qualité de technicien radio où il a demeuré durant 5 ans, à l’issue, il a été basé en Italie pour une mission OTAN de 4 ans, avant finalement de rejoindre la base de Mont-de-Marsan en qualité d’expert radio depuis 2019.

 


Au sein de la base Dumont d’Urville, Gregory a pour mission de superviser et organiser le bon fonctionnement du service des télécommunications. Il veille au maintien opérationnel des moyens de communication extérieurs (antennes satellitaires,…) et internes (radios, téléphones IP, …) avec le technicien radio. Dans un environnement aussi isolé que la base de Dumont d’Urville, cette mission est essentielle à la sécurité de tous. L’opérationnalité de l’ensemble du dispositif conditionne notre capacité à communiquer avec le reste du monde et nous permet également de transmettre notamment les données scientifiques recueillies par les différents équipements scientifiques installés et entretenus par l’institut polaire au bénéfice des différents laboratoires de recherches.

Gregory est aussi gérant postal, il est le postier du bout du monde, tout comme dans un bureau de poste traditionnel, il prépare et tri le courrier des hivernants et campagnards, les oblitèrent, vend les timbres, …  Bref, Gregory gère le bureau de poste le plus isolé au monde. Au-delà des missions traditionnelles, il anime également l’activité de philatélie, répondant aux demandes précises de philatélistes du monde entier, positionnant les timbres et les cachets demandés, réalisant des propositions de plis personnalisés aux évènements de la mission, …

Relève du courrier déposé dans la boîte au lettre de la base.

 

Le courrier est important pour les hivernants et leurs proches ainsi que pour les philatélistes, chaque année ce sont plusieurs milliers de courriers et colis postaux qui transitent au sein de ce bureau de poste, représentant des centaines de kilos de dépêches postales.

En complément, Grégory gère la coopérative, c’est un peu à la fois l’épicerie du village et la boutique souvenir. On y trouve des cartes postales, des vêtements, des objets souvenirs, de l’alcool, des articles d’hygiène du quotidien, c’est un peu la caverne d’Alibaba. Gregory est un bon commercial et généralement les campagnards ou hivernants qui entrent dans son antre sans volonté particulière en ressortent toujours les mains pleines d’articles.

Enfin, Gregory assure également avec le technicien radio les relevés quotidiens et la maintenance de la station du CEA (Commissariat à l’énergie atomique).

En dehors de ces fonctions professionnelles sur base, Gregory aime s’entretenir physiquement en allant régulièrement à la salle de sport de la base. Il propose également à ses co-hivernants des cours de guitares, ses élèves se font de plus en plus nombreux. Enfin, Gregory est friand de jeux de société et jeux de cartes. Lors des longues soirées d’hiver, vous le retrouverez probablement soit autour d’un jeu au coin du séjour soit devant un film dont il organise chaque semaine un tirage au sort qu’il soumet alors au vote de la base.  

Tri du courrier au sein du bureau de poste

 

Gregory apprécie cette expérience car elle lui apporte de nouvelles compétences professionnelles, et qu’il organise les activités de son service avec une autonomie importante dans la réalisation de ses missions. Au-delà de l’expérience professionnelle, l’aventure en Terre Adélie est une vraie richesse. « Ce que j’aime ici c’est le fait d’être en permanence dépaysé, vivre dans un environnement chaque jour différent tout ça dans un petit groupe avec qui nous partageons tous ses instants. J’apprécie cette vie collective, ce partage entre tous ces profils si différents. »

Une anecdote à nous raconter ?

« Le tout premier jour de mon arrivée dans la base, alors que j’y étais depuis seulement 15 minutes, en sortant du dortoir où j’avais déposé mes affaires, j’ai posé le pied sur un plaque de glace devant le bâtiment et en l’espace d’une demi-seconde j’étais étalé au sol, face contre glace, un plat contre la glace... C’était mon premier contact avec l’Antarctique… Heureusement personne ne m’a vu. Bref je me suis dis que ça allait être long à ce moment-là. J’avais surement raison car depuis j’ai performé quelques autres chutes. »

 

Un mot pour terminer ?

« Pour ceux qui se sentent l’esprit à l’aventure, qui aiment la vie en collectivité et qui veulent découvrir quelque chose hors du commun, extraordinaire, postulez, foncez, vous ne le regretterez pas »