Et voici un article sur Mélanie,
notre ornithologue et biologiste du programme 137, qui nous parle de son
appétence pour les milieux polaires et de son métier sur notre base scientifique !
Portrait de Mélanie ROUSSEAU - © Antoine Carrara (Mécanicien de précision)
« Bien que fascinée depuis
toujours par les récits des grands explorateurs polaires, jamais je n'avais
imaginé que l'Antarctique pourrait un jour faire partie de mon parcours. Jusqu’à
une discussion qui allait tout changer.
Je venais
de terminer mon doctorat en biologie, après quatre années de recherche en
cancérologie. Bien que passionnée par la recherche, je sentais qu'il me
manquait quelque chose. Quelque chose de plus concret, de plus en phase avec
mes valeurs, une connexion plus directe avec la nature. C'est alors qu'un
collègue m'a dit : "Tu devrais parler à Claude. Il a passé un an en
Antarctique à étudier les manchots. Je suis sûr que ça te plairait."
Quelques
jours plus tard, je me retrouve dans le bureau du Dr Claude Sardet alors
directeur de l'Institut de Recherche en Cancérologie de Montpellier, où j'ai
réalisé ma thèse. Claude me raconte alors son expérience inoubliable en tant
que biologiste sur la 34e mission à Terre Adélie - la science, les manchots, la
banquise, l'isolement. Je ne saurais dire ce qui m'a le plus convaincue, mais
une chose est certaine : je souhaite, moi aussi, hiverner sur la base Dumont
d'Urville.
S'en
suivent alors de nombreux mois de bénévolat dans des stations de baguage pour
approfondir mes connaissances en ornithologie et développer mes compétences de
terrain. Des étangs corses aux Alpes suisses, en passant par la Camargue, je me
sens enfin dans mon élément !
Vient
ensuite le moment de déposer ma candidature auprès de l’Institut polaire
Paul-Emile Victor. Puis, quelques mois plus tard, le verdict : je suis
sélectionnée pour hiverner en tant que biologiste pour la 74e mission en Terre
Adélie ! Et voilà comment, 40 ans après celui qui m’a inspiré cet hivernage, je
me retrouve à mon tour dans ce petit coin d’Antarctique !
Et donc, concrètement, ça
consiste en quoi le rôle de biologiste en Antarctique ? Dans le cadre du programme 137 ANTAVIA, mon travail a pour
objectif d’étudier la dynamique des populations et les stratégies d'adaptation
des manchots empereurs et Adélie face aux changements rapides de leur
environnement.
Check Adélie Antavia - © Ugo Chevalier (Responsable Technique)
En été, je
me concentre principalement au suivi des manchots Adélie de notre colonie
d’étude ANTAVIA. Cela inclut le suivi biquotidien de couples d’intérêt
et de leur descendance, le transpondage de la cohorte de poussins, la maintenance
du système de pesée et de détection des entrées et sorties des individus de la
colonie et le déploiement d’antennes de détection pour étudier la dispersion
des individus transpondés dans l’archipel.
En hiver, place aux
empereurs et à l’étude acoustique ! Immobile, malgré le froid,
j’enregistre les chants des individus d’intérêt. Chaque manchot empereur a un
chant qui lui est propre, une signature acoustique permet la reconnaissance
entre partenaires, essentielle pour leur succès reproductif. A travers ces
enregistrements, nous cherchons à identifier les éléments du chant importants
pour la reconnaissance interindividuelle et à déterminer si le chant peut également
contenir des informations sur l’âge ou encore l’état corporel de l’individu.
L’occasion pour moi de passer d’incroyables moments auprès de ces oiseaux
fascinants afin de tenter de décrypter leur langage !