Nous nous trouvions hier sous le trou d'ozone. Au même moment, le service météo se préparait à lancer un ballon-sonde de mesure du précieux gaz. L'occasion pour notre chef météo François de nous livrer quelques explications.
"Journée très intéressante pour scruter l'ozone de la stratosphère 
antarctique aujourd'hui à DDU. En effet, nous nous trouvions sous le 
trou d'ozone, comme on peut le voir ci-dessous.
 
Avec 
en plus des vents favorables en altitude, nous avons décidé d'effectuer 
un lâcher de ballon Ozone ce mercredi matin, à moins de 12h d'intervalle 
avec le tir de LIDAR d'Antoine, ce qui permet de mettre en relation les 
données acquises par ces deux moyens différents.
Le ballon a très bien fonctionné, il a éclaté au bout de 2h30 de vol à 
423km à l'est/sud-est de DDU, au delà du mega glacier Mertz, non loin de 
l'autre mega glacier Ninnis; dans une vaste baie appelée 
Disappointment Bay (tout un programme !). Il a atteint l'altitude tout à 
fait respectable de 33876m soit 5hPa au moment de l'éclatement. 

Ci-dessous, voici le profil d'ozone mesuré par le ballon 
durant son vol. On mesure la pression partielle d'Ozone en mPa avec nos 
sondes. On voit que l'ozone augmente comme on s'y attend juste au 
passage de la tropopause vers 10 000m, c'est à dire à l'entrée dans la 
stratosphère. Mais vers 12 500m, alors que sur une situation habituelle, 
on s'attendrait à voir la courbe d'ozone continuer à augmenter, chute 
brutale de l'ozone sur environ 2500 m d'épaisseur, on a une pression 
partielle quasi nulle ! Cela correspond aux températures les plus 
froides mesurées lors de ce sondage atmosphérique, voisines de -75°C 
dans cette couche. Or on se rappelle que ce sont les très basses 
températures stratosphériques, combinées au retour du rayonnement 
solaire et à la présence des fameux CFC qui dégradent l'ozone 
stratosphérique.
 
 
Ensuite, l'ozone a repris quelques couleurs dans ce sondage, mais reste 
bien en dessous des valeurs habituelles jusqu'à au moins 20 000m 
d'altitude, là où on le trouve habituellement de façon abondante.
En tout cas, pour ce sondage,il est satisfaisant d'avoir pu lâcher dans 
de bonnes conditions dans le trou saisonnier d'ozone : on mesure 
finalement une quantité totale d'ozone de 129 unités Dobson sur la 
colonne d'air sondée, sachant qu'on a habituellement près de 270-300 
dans une situation classique hors trou."
***
Un commentateur nous demandait des précisions sur l'ampleur et l'évolution du trou d'ozone ces dernières années. Voici la réponse de François : 
"L'organisation météorologique mondiale (OMM) a indiqué (https://public.wmo.int/en/media/news/2020-antarctic-ozone-hole-large-and-deep 
) que le minimum du trou d'ozone saisonnier avait probablement été 
atteint ces jours ci, à l'échelle du continent antarctique, avec une 
valeur de 95 unités Dobson seulement dans les zones les plus concernées, 
autour du Pôle Sud selon la carte jointe.
Nous avons cette année un trou d'ozone plus étendu que la moyenne de la 
dernière décennie, un des plus vastes et importants de ces dernières 
années.
D'après les études récentes de 2018, on s'attend à pouvoir retrouver une 
situation "normale" sans trou d'ozone, comparable à ce qui existait 
avant les années 1980, vers 2060. Pour cela, il faut continuer à 
respecter le protocole de Montréal, ce qui ne semble pas gagné ces 
dernières années, et explique peut être la bonne forme de notre trou 
d'ozone 2020...
Attention cependant pour nous, car le trou d'ozone ne va pas disparaître 
comme cela du jour au lendemain, il va se résorber progressivement dans 
les prochaines semaines, et même si dès demain nous ne sommes plus sous 
une zone de trou, nous pouvons très bien nous y retrouver encore avant 
la fin du mois d'octobre, on continue à surveiller tout cela à la météo 
!
"
Nous voilà prévenus ... Heureusement, Météo France veille !