Le programme
d’étude sur les phoques de Weddell en Terre Adélie (Programme IPEV 1182 dirigé
par Jean-Benoit Charrassin et Sara Labrousse) vise à améliorer nos
connaissances sur l'alimentation en mer de l’espèce en fonction des conditions
environnementales.
On tente de comprendre les zones où les phoques
s'alimentent, leur dépendance à certaines conditions océanographiques
(température, contenu en sel, types de masses d'eau, courants) et de banquise
pour leur alimentation et donc le bon déroulement de la reproduction, de la
croissance des nouveau-nés, de la mue qui influenceront leur survie.
Ces
populations en Terre Adélie sont suivies depuis 2006, cela permet de
comprendre le comportement de ces animaux, leur trajet, leur alimentation à
différents stades de leur cycle de vie mais aussi d’étudier si les populations
rencontrent des difficultés face aux nouvelles menaces liées au changement
climatique de leur habitat.
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©Sara Labrousse
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Dans ce
cadre, deux expérimentations ont eu lieu à Dumont D'Urville pendant la campagne
2022/2023.
Durant la
première en octobre-novembre 2022, Jean-Benoit et Sara sont venus pour étudier
à très fine échelle l'alimentation des femelles en période d'allaitement des veaux
pendant la saison de reproduction.
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©Sara Labrousse |
Le but était de déployer sur des femelles
allaitantes des microsonars permettant de suivre si durant cette période de
leur cycle de vie (après avoir mis bas et avant le sevrage du petit, une phase
de grand stress physiologique pour ces animaux) elles s’alimentent et de quelle
façon.
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©Sara Labrousse |
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©Sara Labrousse |
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©Sara Labrousse |
Les capteurs déployés enregistrent à très haute résolution la
profondeur, l'accélération de l'animal, la magnétométrie (ce qui permet de
reconstruire la trajectoire de l’animal en 3D) et des données acoustiques
indiquent les proies présentes devant la tête de l’animal à une distance allant
jusqu’à 7m.
Ces données ne peuvent pas être transmises
par satellite, ces capteurs sont donc déployés sur les femelles puis récupérés au bout d’un certain temps.
Ainsi, 7 jours de
données sur 4 femelles différentes ont été enregistrés, certaines sont restées très proches de leur
petit et ont effectué de très courtes plongées sous la banquise, alors que
d'autres sont allées dans un rayon de 7 km autour de la base et ont effectué
des plongées allant jusqu'à 400m !
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©Sara Labrousse |
Durant la
deuxième partie en février, Xavier Hoenner et Sara Labrousse ont déployé
d'autres instruments sur un mâle et 7 femelles après la mue des animaux.
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©Valentin Guillet - IPEV
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©Sara Labrousse
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Cette fois-ci, l’accent est mis sur l’étude des conditions océanographiques
(température et salinité) et de la fluorescence sous la banquise, un proxy de
la production primaire (phytoplancton), afin de comprendre la saisonnalité de
la production primaire en été et en hiver sur le plateau Antarctique, et les
conséquences de cette production primaire sur l'alimentation des phoques de
Weddell.
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©Sara Labrousse
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Nous souhaitons savoir si les phoques ciblent des zones plus riches en
phytoplancton que d'autres pour s'alimenter durant la phase de post-mue, jusqu'à
quelles périodes nous observons de l'activité du phytoplancton en automne-début
d'hiver, et le rôle de la banquise et des conditions océanographiques sur cette
activité du phytoplancton.
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©Sara Labrousse
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Les balises permettront de suivre les animaux entre
8 à 11 mois, fournissant des données extrêmement précieuses sur leur plongée et
leurs mouvements en plein hiver sous la banquise Antarctique.
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©Servanne Kiss - IPEV
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L’équipe remercie l’ensemble des manipeurs et leur sourire qui ont
participé au travail de terrain de près ou de loin, le programme 109 et 137,
l’IPEV et le CNES qui finance ce projet.Tous les suivis suivent des protocoles
et des règles éthiques très précises, le bien-être animal est au cœur de nos
préoccupations.
Rédaction : Sara Labrousse et Xavier Hoenner - Programme
IPEV 1182 ASSET