vendredi 20 janvier 2023

Etude de la démographie des manchots Adélie de Dumont d'Urville

 


Le manchot Adélie est l’espèce d’oiseau la plus abondante de l’archipel de Pointe-Géologie, avec 43 000 couples reproducteurs recensés au début de la saison.

 

Valentin Guillet©Institut Polaire Français

 Ce chiffre est relativement stable depuis quelques années, après avoir augmenté entre 1990 et 2010. À Dumont D’Urville (DDU), les manchots Adélie se portent donc plutôt bien, même s’ils ne sont pas à l’abri des conséquences des changements climatiques.

 

Laurent Le Guiniect©TAAF

 La population du secteur australien de Mawson, à 3000km à l’Ouest de DDU, a par exemple perdu la moitié de ses effectifs en seulement dix ans, alors qu’elle suivait jusque-là une trajectoire similaire à celle observée en Terre Adélie.

Valentin Guillet©Institut Polaire Français

Pour les manchots Adélie, leur présence à DDU  rime avec reproduction. Celle-ci commence fin octobre, avec l’arrivée des mâles et des femelles à la colonie. Les couples se forment et les deux partenaires construisent leur nid jusqu’à la ponte d’un ou deux œufs, mi-novembre.

 Après 34 jours d’incubation, les poussins éclosent et les parents se relaient pour aller chercher de la nourriture en mer, et garder les poussins à terre pour les protéger des skuas et du froid.

Valentin Guillet©Institut Polaire Français

 La croissance des poussins est impressionnante : d’une centaine de grammes à l’éclosion, ils peuvent atteindre les 5kg en à peine deux mois ! 

Laurent Le Guiniect©TAAF

Début janvier, les poussins sont assez gros pour être laissés seuls, ce qui permet aux deux parents de partir en mer en même temps, et de ramener ainsi la nourriture nécessaire pour supporter la croissance des poussins.

 Les poussins se rassemblent alors en groupes appelés « crèches ».  Cette année, la première crèche a été observée le 05 janvier, soit deux jours plus tôt que l’année précédente.

La prochaine grande étape dans le cycle de vie des manchots Adélie sera le départ en mer des poussins, en février. Ils auront alors perdu leur duvet, et partirons en mer avant de revenir se reproduire là où ils sont nés, entre 2 et 5 ans plus tard. 

Valentin Guillet©Institut Polaire Français

Au cours de cette période, leur probabilité de survie oscillera autour de 50%. Une fois à l’âge adulte, leur survie atteindra les 80%, ce qui est un schéma caractéristique chez les espèces longévives (les manchots Adélie peuvent vivre plus d’une vingtaine d’années).

Ces données démographiques sont issues d’un suivi individuel à long-terme, en place à DDU depuis 2006. Chaque année, tous les poussins nés dans la colonie ANTAVIA sont pucés par les biologistes du programme IPEV 137. 

Lorsqu’ils retournent à la colonie pour se reproduire, ils sont détectés grâce à un système d’antennes, et ce sont ces données qui sont ensuite analysées pour calculer les taux de survie mentionnés plus haut.

 

Rédaction : Téo Barracho – Doctorant programme 137 ECOPHY- ANTAVIA

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