lundi 10 novembre 2025

Portrait d'Adélien - François ROUSSEAU, le plombier chauffagiste qui offre de la chaleur au coeur du continent froid

Chaque semaine, nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un de nos compatriotes du bout du monde. Vous découvrirez les portraits de ces hommes et de ces femmes qui exercent leur art dans le territoire français le plus éloigné de la métropole, en Terre Adélie, sur le grand et mystérieux continent blanc.

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Cette semaine, nous vous présentons François ROUSSEAU, 37 ans, originaire de Bourg-en-Bresse, qui occupe la fonction de Plombier Chauffagiste pour la base Dumont-d'Urville. 

François a débuté par un BEP en électrotechnique. Rapidement après son BEP il rentre dans le monde du travail en tant qu'électricien dans le bâtiment. Après 1 an, il décide de reprendre ses études et intègre un bac pro maintenance énergétique en alternance dans une entreprise spécialisée dans la plomberie et la climatisation à Bourg-en-Bresse. A l'issue, il continue son parcours en l'enrichissant d'un brevet de technicien supérieur (BTS) en maintenance énergétique. Il réalisera également ce BTS en alternance dans le secteur tertiaire. Il assurera la maintenance des installations de chauffage et climatisation industrielles.

 

Satisfait de son travail durant son alternance, l'entreprise lui propose de rester dans ses rangs à l'issue de sa formation. Il continuera d'y œuvrer durant 6 mois. Pourtant, il ressent l'appel de sa terre natale et l'envie croissante de retrouver ses amis et sa famille. Il regagne alors Bourg-en-Bresse, retour aux sources. Il intègre une entreprise prestataire du Centre Hospitalier de Bourg-en-Bresse où il exercera alors son art durant 10 ans. Il débutera comme technicien durant 4 ans avant d'évoluer comme responsable de maintenance et enfin de superviser les agents pour les contrats sur lesquels son entreprise est engagée dans l'ensemble du département.  

Et puis au bout de 10 ans, un souffle nouveau l'emporte dans une envie de voyages, de nouveauté. Ce passionné de Kitesurf sillonnera alors tous les spots de son sport favori. Puis c'est une rencontre en Bretagne qui va le faire s'installer dans ce fier département. Il travaillera alors dans un parc d'attraction local (La récré des 3 curés). 

Finalement, l'aventure l'appelle à nouveau. Sa phase de voyage courait encore dans sa tête. Il découvre l’annonce de l'institut polaire français qui recherche un profil autonome, expérimenté. Il décide de relever le défi "Chauffer une base polaire où il fait -30°C, c'est challengeant". Attiré par l'éloignement de ce continent mystérieux où personne ne ne peut aller, il se lance donc dans l'aventure. 

Sur base, François fait en sorte que les installations fonctionnent correctement. A cet effet, il réalise les maintenance et contrôles nécessaires à la prévention de toute avarie. 

Bien sur, "Ça n'a pas forcément suffit... comme chaque année...", et dans ce cas, on répare avec ce que l'on a sur place. 

L’objectif principal demeure le bon entretien des installations afin de minimiser les risques de pannes qui sont toujours critiques dans l'environnement polaire qui est le notre. 

 

En complément de la maintenance quotidienne et de cette partie majeure liée à l'exploitation, François participe également aux chantiers d'amélioration de la base durant l'hivernage mais aussi aux grosses opérations logistiques, notamment les transfert de carburant sur la banquise. Pour cette opération particulière, il ne se séparait jamais de son John Deere à chenille, attendant à D0 l'arrivée des petites citernes pour remplir les grosses cuves qui serviront à alimenter en carburant, les stations de Robert Guillard et de Concordia ainsi que les raids logistiques et scientifiques.  

En dehors de ses périodes de travail et des dépannages urgents, si vous cherchez François, il y a plusieurs pistes pour vous aider dans vos recherches. 

Si c'est après le déjeuner, aucun doute possible, vous le trouverez dans le séjour attablé autour d'une table ronde avec ses partenaires de coinche. Il ne manque aucune partie ! Vous entendrez de loin son rire s'il est parvenu à faire un mauvais tour à ses adversaires. 

Si c'est le soir, assez peu de doute également, vous le trouverez probablement plongé dans de longues discussions autour du comptoir du bar avec quelques compagnons.  

Enfin, un dimanche après-midi ou un soir tard, si vous ne le trouvez pas à ces deux emplacements précédents, vous pouvez toujours tenter de faire une incursion en cuisine, là-bas vous aurez peut être une chance de le trouver avec ses partenaires en train de brasser de la bière. En effet, François s'est particulièrement investi dans le brassage de bière, dont il partage ensuite les cuvées lors de soirée spéciales de dégustations. Chaque nouveau millésime offre des saveurs plus raffinées et travaillées au fil de l'hivernage. Bref rien à envier aux brasseurs professionnels !  Certains crus sont réalisés à base d'eau d'Iceberg ! 

François est aussi l'organisateur et DJ des soirées électro de DDU. Cette année il a notamment organisé 2 soirées au Bâtiment 22, la grosse soirée de la MidWinter et la soirée de fin d'hivernage. Une scène professionnelle qui a permis aux hivernants de danser jusqu'au bout de la nuit.

Ce qu'aime François ici c'est l'environnement dans lequel il baigne. 

"La faune tout autour de nous, nulle part ailleurs on peut voir ça, être aussi proche des animaux

"J'aime aussi le côté humain, se mélanger avec des personnes qui viennent de mondes et milieux différents. C'est pas toujours facile mais c'est une belle expérience humaine"  

Enfin, il apprécie d'être confronté à des climats extraordinaires, faire face aux tempêtes et au froid extrême. 

Une anecdote à nous raconter ?  

"Un jour, durant le mois de Juin, on est parti courir sur la banquise avec Jef, le chef centrale et Lambert, le mécano, il faisait -20°C. C'est déjà bien assez froid... Seulement, ce jour là, le vent a décidé de forcir plus que prévu faisant chuter fortement le ressenti... Sur le retour, je sentais que j'avais... l'entre-jambe... qui commençait à geler... J'ai dû passer les 3 derniers kilomètres avec la main dans le slip pour tenter de maintenir un brin de chaleur... Je vous laisse imaginer les railleries de mes 2 compères à côté... Bref, je vous rassure, plus de peur que de mal finalement"

Photo: Adèle Philippe

Un mot pour terminer ?  

"C'est une expérience de laquelle on ne sort pas indemne, cela nous marque à jamais"

"On a des attentes au début en arrivant, on vient avec des idées bien arrêtées et préconçues sur les merveilles que l'on va découvrir et finalement c'est tout le reste qui nous surprend et nous fait vibrer"   

"Je viens découvrir les empereurs et les aurores australes et finalement je repars attaché aux manchots Adélie et ému devant les levers et couchers de soleil ...


 

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