dimanche 23 octobre 2022

D10 reprend vie

Pour venir en terre Adélie, deux possibilités : le bateau et l'avion.  A Dumont d'Urville, on a bien une piste avion, on l'appelle même la "piste du lion" avec son hangar avions au toit jaune. Vue du ciel, elle est "tip-top", juste à côté de la base, bref idéale mais.......elle n'a jamais accueilli le moindre avion ! Ce n'est pas l'histoire du jour.

Audrey A./Marine nationale

Alors, sur les hauteurs du continent vers 270 mètres d'altitude (D10 pour les puristes), bien au dessus de la station Robert Guillard, un vaste plateau (moins de 1% de pente), suffisamment plat pour y recevoir des avions de petites capacités, a été aménagé. Comme il n'y a pas de vol en hiver, à chaque début de campagne d'été, il faut la retracer et la remettre dans un état acceptable pour faire poser des avions sur ski.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

C'est le travail de l'équipe technique sous la responsabilité de Nicolas, en particulier de son mécanicien Loïc. A l'aide du challenger (le même qui servait à tirer les cuves de gazole), il tracte alors un "groomer" de plusieurs tonnes qui a pour effet de tasser et lisser la neige. C'est un travail fastidieux, régulier et monotone mais indispensable, pour offrir au pilote une piste digne de ce nom.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

D'une longueur de 1200 mètres pour une largeur maximale de 70 mètres, la piste est alors parcourue durant plusieurs jours consécutifs, sous forme d'allers et retours afin de casser les accumulations de glace, tasser la neige durcie pour que l'avion ne s'y enfonce pas et bien entendu lisser pour qu'il ne rebondisse pas. Après 3h de travail par séance pour un passage intégral, on laisse le froid de la nuit produire son "effet durcisseur".

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Pendant de temps-là, l'équipe météorologique prépare son instrumentation. Le pilote a non seulement besoin d'une piste en très bon état mais aussi de quelques informations minimales, à savoir la force et la direction du vent. Pour cela, au même moment, un mat météo de 10 mètres est réinstallé, solidement fixé et c'est à son sommet que sera positionné l'anémomètre qui donnera directement à la station DDU, la force du vent, ainsi que la girouette qui indiquera sa direction. Ces informations sont indispensables aux pilotes pour préparer leur vol et prendre la décision de venir ou pas (4h de vol depuis la station la plus proche).

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

L'équipe du montage : Adrien, Bertrand, Étienne et Nicolas.

Jean-Philippe GUERIN/TAAF

Mais avant d'arriver jusqu'à DDU, nos amis campagnards d'été ont quelques escales à réaliser. En effet, nous ne recevons à DDU que des petits avions qui effectuent la liaison entre les bases antarctique. Aujourd’hui à Hobart en Tasmanie, les campagnards d'été prendront initialement un A319 pour arriver sur la base américaine de Mac Murdo (la seule cette année en situation de recevoir les gros porteurs), puis un petit avion pour rejoindre la base italienne "Mario Zucchelli" et enfin à nouveau un petit avion pour rejoindre DDU. Et s'ils ne tardent pas trop, il restera un peu de banquise pour rejoindre l'ile des Pétrels....Ouf ! Quand on vous dit que rien n'est facile en Antarctique....😂

3 commentaires:

  1. Quel travail !!! Il n'y a plus qu'à attendre l'avion... Merci pour tous vos posts qui nous permettent de mieux connaître la vie sur DDU.
    Mais au fait, pourquoi la piste qui semble parfaite pour accueillir des avions ✈️ ✈️ ✈️ n'a-t-elle jamais vu d'avions se poser ?
    Bonne journée

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    1. La décision de construire une piste en dur à DDU a été prise en 1982 et les travaux de génie civil ont aussitôt débuté. La polémique relative à la construction ainsi qu'aux conséquences de cette piste a été presque immédiate, provoquant de multiples interruptions de chantiers, par décisions politiques puis manifestations écologiques de Greenpeace. La construction a néanmoins été achevée en 1993. La dérive financière du projet, la dégradation très rapide de la piste sous l'effet de la houle et du gel ont conduit à l'abandon du projet. En parallèle, dans les années 1990 était discuté et rédigé le protocole de Madrid qui entrera en vigueur en 1998, véritable document de protection de la faune et de l'environnement en Antarctique, scellant ainsi définitivement le sort de cette "piste avion."
      Cordialement.

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  2. Merci de votre réponse. Beaucoup d'énergie .....

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