lundi 17 octobre 2022

Les grandes "manips phoques"

Les grandes concentrations de phoques dans les iles de l'archipel de pointe géologie sont de retour. C'est d'ailleurs à la date du 15 octobre qu'un comptage est en principe effectué chaque année (évidemment selon l’état de la banquise et la situation météorologique du jour).

Et cette année, le rocher du débarquement (la pointe nord-est de l'archipel) a déjà les pieds dans l'eau pour trois de ses quatre cotés. Il était donc temps d'y aller (sans doute une dernière fois), ce qui fut fait le mardi 11 octobre.

Céline DUPIN/TAAF

Depuis son sommet qui culmine à 19 mètres, on a une superbe vue sur le continent à l'ouest et l'on constate l'avancée de la polynie qui ne se trouve plus qu'à 5,3 km de la base.....(le terrain de jeu des hivernants se réduit 😢).

Céline DUPIN/TAAF

La "manip phoques" consiste donc à parcourir le secteur (à l'est ce jour-là, au nord deux jours plus tard) afin de vérifier à proximité des différentes fractures de la banquise préalablement répertoriées (dénommées des rivières), la présence de phoques. Comme ce superbe phoque de Weddell adulte ci-dessous.

Céline DUPIN/TAAF

Le phoque profite d'une fracture de la banquise pour y aménager un trou qu'il entretient avec ses dents, afin de pouvoir partir se nourrir en mer et revenir. La présence d'un trou est donc synonyme d'un espace fréquenté par ces mammifères. Un bon signal pour notre ornithologue Jimmy.

Céline DUPIN/TAAF

Quand le phoque est présent, il n'est jamais très loin de son trou. Très à l’aise dans l'eau, il est beaucoup moins mobile sur la glace. Faut dire que pesant de 300 à 400 kilos à l'age adulte, la reptation pour se déplacer n'est pas aisée....

Céline DUPIN/TAAF

Premier travail : photographier l'animal et noter sa position GPS. Les taches sur son pelage font figure de carte d'identité car sont uniques pour un animal donné. Comme une empreinte digitale pour l'homme.

Il faut ensuite vérifier s'il s'agit d'un animal déjà connu. Pour cela, l’ornithologue passe en bas du dos et à proximité de la nageoire caudale ("la queue" de l'animal) un lecteur de transpondeur.

Si l'animal est connu, on le laisse tranquille, il peut poursuivre sa sieste.

S'il n'est pas connu, il va falloir le transponder, c'est à dire lui insérer sous la peau du bas du dos, un petit transpondeur de 1,5 cm de longueur. Il le gardera à vie.

Céline DUPIN/TAAF

Parfois, cela se fait sous l’œil expert et intéressé de "pépère tranquille" (sa majesté l'empereur), toujours à l'affut d'une curiosité locale.

Céline DUPIN/TAAF

Vous pouvez largement imaginer que transponder un phoque adulte n'est pas forcément une activité de tout repos. L'animal est peu coopératif. Il faut pouvoir le faire bien évidement sans le blesser, le plus rapidement possible et avec le moins de stress pour l'animal. Une seule technique : Parvenir à lui glisser une sorte de capuche sur la tête, puis à trois ou quatre personnes, parvenir à l'immobiliser, le temps que l’ornithologue lui injecte le transpondeur. Puis, après une dernière action de prise de mesure de sa taille, l'animal est relâché.

Céline DUPIN/TAAF

Idéalement, c'est beaucoup plus facile à faire sur un bébé phoque (on l'appelle un veau), immédiatement après sa naissance, comme celui sur la photographie ci-dessous.

Vu le 11 octobre, il ne pesait que 41 kilos. Bon d'accord, faut surtout gérer la mère pendant ce temps-là car l'instinct maternel existe bel et bien chez les phoques......

Céline DUPIN/TAAF

Une nageoire caudale en gros plan. C'est un peu au-dessus que sera positionné le transpondeur.

Céline DUPIN/TAAF

Ci-dessous, un phoque crabier. Généralement, on n'en voit très peu dans l'archipel car ils vivent plutôt en mer, sur les plaques de la banquise. Mais ce jour-là,on a eu la chance d’en croiser un. Vous noterez sa belle dentition.....faudrait pas y mettre la main ! Les phoques crabiers ne font pas partie de l'étude du programme scientifique IPEV P109. En conséquence, à part les photographier et les localiser pour les recenser, on ne s'en occupe pas d'un point de vue scientifique.

Céline DUPIN/TAAF

La météo du 15 octobre n'aura pas été de la partie cette année. Vent et neige se sont conjugués pour limiter la visibilité à quelques dizaines de mètres seulement, rendant impossible toute sortie banquise. Qu'à cela ne tienne, dès que le temps le permettra, par groupe de deux ou trois hivernants (et en fonction de ce qui restera de banquise), la journée de recensement des phoques de l'archipel aura lieu.

(article réalisé avec le concours technique de Jimmy)

3 commentaires:

  1. merci pour ce bel article, et ces magnifiques photos !!
    bonne continuation à tous.

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  2. Blog très instructif qui nous permet de suivre les activités passionnantes de la base dans un bon canapé ;-). Les photos sont splendides, on ne se lasse pas d'admirer la beauté épurée du site. La débâcle signe le retour bientôt de l'astrolabe et nous rappelle qu'il y a presque un an déjà ... une belle aventure commençait.

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  3. Bonjour,
    Ils ont pourtant l'air très pacifiques, ces phoques ! On aurait presque envie de leur faire un câlin ;)
    Combien de personnes sont requises pour assurer la manip ? Ornithos, photographe, agents de sécurité, volontaires pour encapuchonner le mammifère, nounou bébé phoque, ...
    Vos articles sont toujours riches, merci.

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