Il est mythique pour les hivernants. Il est au commencement de l'histoire de l'épopée française en Antarctique. Il est situé à 7,2 km au nord-est de la base Dumont d'Urville et fait partie de l'ensemble dénommé "les îles Dumoulin", composante nord-est de l'archipel de Pointe Géologie. Il en est même l'extrême pointe nord, la première ile rencontrée en arrivant de Hobart.
Par 66°36'19'' Sud et 140°03'50'' Est, il constitue la porte d’entrée de la partie française du 6ème continent. Il culmine à une altitude de 18,7 mètres. C'est là que l'expédition de Jules Dumont d'Urville a posé le pied le 21 janvier 1840 en fin de journée (ou le 22 janvier selon les versions) : C'est le rocher du débarquement !
Jean-Philippe GUERIN/TAAF |
Alors évidemment, s'y rendre est un des enjeux de l'hivernage. Mais ce n'est pas simple de réunir toutes les conditions : une banquise suffisamment épaisse, un ciel clément, des températures agréables, peu ou pas de vent, une visibilité à longue distance, une durée du jour suffisante et aucun risque de dégradation brutale des conditions météorologiques.
Comme pour beaucoup d'activités à DDU, on prépare, on peaufine le sujet et....on attend la bonne fenêtre. Pour nous, elle est arrivée le mercredi 27 juillet. Malgré un épisode neigeux important les jours précédents nous laissant craindre une poudreuse conséquente, en raquettes ou à ski, sept hivernants (Emmanuel, Adrien, Céline, Loïc, Bastien, Iban et Jean-Philippe) ont décidé de tenter l'aventure, avec un départ au petit jour.
Emmanuel LINDEN/Météo France |
Autant vous le dire tout de suite......il y avait de la neige ! Mais nous l'avons fait, quitte à redécouvrir le lendemain certains muscles oubliés...😂.
Céline DUPIN/TAAF |
Chacun prend son rythme, la sortie est collective mais l’effort physique toujours individuel. Rapidement, le groupe s’étale sans prendre aucun risque, la visibilité est optimale et on se regroupe ponctuellement pour s'assurer que tout le monde va bien.
Emmanuel LINDEN/Météo France |
Tout au fond, l'objectif à atteindre. Il le sera après 2h20 d'une marche "complexe" dans la poudreuse, là où en temps normal nous aurions mis 1h30 environ. L'Antarctique, ça se mérite.
Céline DUPIN/TAAF |
Enfin, moment tant attendu, témoignage de notre persévérance (et accessoirement faire regretter à ceux qui n'ont pas pu ou voulu venir), la photo auprès de la plaque commémorant l'évènement de 1840. Nous foulons le rocher sur les traces de Jules...💪. Notre histoire personnelle est en marche.
Bastien LERAY/Institut Polaire Français |
Il fait presque chaud au soleil. Une seconde photographie pour apercevoir tout le monde......
Adrien COLOMB/Météo France |
....et il est temps de reprendre le chemin du retour. Tout au fond, pour les yeux experts, la base Dumont d'Urville. Mais que c'est loin la maison.....!😕
Céline DUPIN/TAAF |
Heureusement, le retour sera moins fatiguant que l'aller, la trace est faite, il suffit juste de la reprendre. Ça avance quand même plus vite et avec moins d'efforts. On comprend mieux pourquoi les manchots empereurs cheminent tous les uns derrière les autres....
Emmanuel LINDEN/Météo France |
Un petit coup de vent catabatique non prévu, viendra néanmoins nous chatouiller dans les derniers kilomètres, histoire de nous rappeler que la prudence et la vigilance doivent constamment être de mise et que la nature a toujours le dernier mot. L'occasion aussi d'admirer de jolis "snown devil" (tourbillons de neige soufflée pour les francophones).
Céline DUPIN/TAAF |
Un dernier effort, un ultime regard sur cet environnement magique, grandiose et majestueux tandis que le vent se lève plus fort, faisant rapidement chuter les températures ressenties. Il est temps d'arriver, on atteint la base à 15h, six heures après l'avoir quittée.
Céline DUPIN/TAAF |
Le rocher du débarquement, un objectif incontournable des hivernants. La TA 72 a répondu présente. En espérant que la glace puisse tenir encore quelques temps pour permettre à d'autres hivernants de s'y rendre prochainement.