De mémoire de campagnards d’été, la période ‘’estivale’’
2022-2023 (novembre 2022 à février 2023) fut particulièrement maussade. Leurs
témoignages la décrivent comme ayant été marquée par un temps souvent gris,
venteux et neigeux.
Ce ressenti météorologique est dû à un défilé quasiment
continu et inhabituel de systèmes dépressions-perturbations sur
Dumont-d’Urville. Un constat que les chiffres et les graphiques
qui suivent viennent confirmer.
Commençons par la neige et
l’ensoleillement, deux paramètres marqueurs des régimes
dépressionnaires ou anticycloniques sur une région.
Chaque mois, le nombre de jours de neige a dépassé la
normale, parfois largement comme en novembre avec 18 jours (normale à 5,5
jours). Le cumul sur les 4 mois atteint 60 jours pour une normale à 30,9 jours.
Il a donc neigé quasiment deux fois plus souvent qu’à l’habitude.
Ce résultat est à mettre en
parallèle avec l’insolation, déficitaire chaque mois :
Novembre 2022 est le mois le plus marquant avec un déficit de
42 % d’heures d’ensoleillement. C’est un record : jamais depuis 1991
un habitant de DDU n’a vu si peu de soleil au mois de novembre.
Février 2023 affirme la tendance avec 39 % de déficit
d’insolation, soit le deuxième rang des mois de février les moins ensoleillés,
toujours depuis 1991.
Pour conclure, le déficit global sur les 4 mois atteint
24 % et on dénombre 31 jours d’insolation nulle, soit un jour sur quatre
sans voir le soleil.
On retrouve cette
particularité sur la figure suivante, qui croise les données d’insolation
cumulée avec les données de pression atmosphérique (dépression-anticyclone) sur
la période novembre-février. L’été 2022-2023 apparaît comme l’été le plus gris
et le plus dépressionnaire depuis 1960.
Abordons maintenant le vent, en général plus fort et plus
fréquent sous influence dépressionnaire. Durant ces quatre mois, le nombre de
jours où les rafales ont dépassé les seuils de 80, 100, 120 km/h est
quasiment toujours supérieur à la normale (à l’exception de décembre pour le
seuil 100 km/h et janvier pour le seuil 120 km/h).
Si l’on
s’intéresse maintenant au vent moyen (moyenne de la mesure sur 10 minutes) ou
plus précisément à ses valeurs maximales quotidiennes, on constate que la
moyenne mensuelle de ces plus forts vents moyens quotidiens (oui, c’est bien
ça, bienvenue dans la climatologie) atteint presque 2 fois la normale à chaque
mois (entre 1,7 et 1,9 fois).
Un exemple : la moyenne
mensuelle des plus forts vents moyens quotidiens de janvier est de
55,8 km/h pour une valeur normale à 28,8 km/h.
On peut donc conclure que
le vent a été particulièrement vigoureux durant l’été, aussi bien dans la
fréquence de ses fortes rafales que dans l’intensité de son vent moyen. C’est
en effet ce dernier qui fait référence, par exemple, pour l’échelle Beaufort utilisée en
marine.
Enfin, un petit mot sur les
températures : elles ont été globalement assez clémentes, avec des
moyennes mensuelles au-dessus des normales en novembre, décembre et février. Seul janvier inverse la tendance, avec une moyenne mensuelle 1,5 °C sous
la normale
Rédaction : Pauline Jaunet et Hervé Fauvre - Météo France
Photos : Pauline Jaunet