vendredi 24 mai 2024

Retour sur la commémoration du 8 mai

A l’occasion du 8 mai, marquant la fin de la seconde guerre mondiale il y a maintenant 79 ans, nous en avons profité avec l’ensemble des hivernants pour prendre un moment de recueillement et honorer la mémoire des personnes aillant donné leur vie pour la France, ainsi que pour des idéaux propres à chacun d’eux.

Cette commémoration se fait habituellement en extérieur, avec la montée des couleurs sur le mât de la station. Malheureusement ce jour-là, les conditions météorologiques nous ont bien rappelé qu’à Dumont D’Urville c’est l’Antarctique ! Chutes de neiges et vent très fort nous ont contraint à réaliser cette cérémonie dans la pièce principale de la base.

Un beau moment initié par une minute de silence, durant laquelle beaucoup d’entre nous ont eu une pensée pour des membres de notre famille ayant connu et vécu ces évènements qui demeurent une partie de notre histoire récente.


Minute de silence - © Ugo Chevalier (Responsable Technique)

S’en est suivi un discours, écrit par le ministre des armées Sébastien Lecornu et Patricia Mirallès, secrétaire d’État auprès du ministre, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire. Puis une Marseillaise pour clôturer cette commémoration, avant de passer à un apéritif réalisé par notre équipe cuisine qui n’a encore une fois pas manqué de nous régaler ! Ce moment convivial a permis à chacune et chacun de partager histoires et souvenirs de parents ou grands-parents relatifs à cette période de notre histoire, et de se souvenir, chose si importante pour construire l’avenir.


La TA74 le jour de la cérémonie - © Sophie Faille (Médecin)

Les délices de notre cuisine - © Ugo Chevalier (Responsable Technique) 

 

mardi 21 mai 2024

Portrait de Laurent, notre second centrale de la station

C'est au tour de Laurent, notre bien aimé second de la centrale ô combien importante pour notre survie en Antarctique. Passionné de sport automobile et mécanicien de talent, Laurent nous parle de son métier de centralien et du fonctionnement technique de la base. Bonne lecture !

    

 Laurent Balzac notre second centrale - © Geoffrey Houpert (Dista)

" Centralien à DDU, c’est s’assurer de la production d’électricité et d’eau dans toute la base, tout en gérant la quantité de gasoil sur la station. Sans ce gasoil nous ne serions pas promis à une grande longévité car toute l’énergie sur la base est issue du gasoil !  

Pour la production électrique, on dispose de 3 moteurs de 144 kW couplés à des génératrices qui transforment l’énergie de rotation du moteur en un courant électrique. Chaque groupe électrogène tourne 10 jours, ce qui nous permet d’avoir en permanence 1 groupe qui fournit l’énergie, 1 autre prêt à démarrer en cas d’arrêt du premier et un troisième en maintenance. En hiver notre consommation électrique tourne autour des 80/90 kW.

On a également un 4ème moteur de secours datant de 1960 ! Et si vraiment ça ne suffit pas on pédale à tour de rôle sur un vélo relié à une dynamo pour fournir l’électricité.


Maintenance sur le groupe électrogène n°3 - © Dahan Banse (Électricien)

Groupe de secours Poyaud - © Laurent Balzac (Second Centrale)

Pour la production d’eau on dispose d’un évaporateur qui convertit l’eau de mer en eau douce. Sans ce système il n’y a aucune production d’eau sur la station, et on serait obligés de se laver avec de la bière... L’eau est pompée à 400m de la station sous la banquise. Ce système tourne 24h/24 toute l’année afin que nous disposions en permanence autour de 40m3 d’eau douce. Pour donner quelques chiffres, on pompe environ 2800l/h. Après le passage dans l’évaporateur on produit autour des 120l/h. Le résultat de l’évaporation engendre également de la saumure chauffée à 35 degrés. Celle-ci nous permet ensuite de chauffer les conduites d’eau sur toute la station afin d’éviter qu’elles ne gèlent.

Beaucoup des hivernants s’accordent à dire qu’à Dumont d’Urville, l’eau c’est du gasoil. Ce qui est un peu vrai car j’en verse un verre dans une carafe le midi sans qu’on me voie.

L’objectif de la centrale est également de veiller à ce que chaque bâtiment soit chauffé, car le chauffage des principaux bâtiments se fait via une chaudière indépendante. Ainsi nous faisons régulièrement le tour de la station pour vérifier et refaire les niveaux si besoin en prenant compte de la météo qui pourrait nous jouer des tours. La nuit commençant à tomber petit à petit en journée, cela ne nous facilite pas la tâche pour travailler en extérieur. Oublier son bonnet ou sa frontale peut vite devenir une galère.

  

Installation d'un nouveau coffret électrique  - © Dahan Banse (Électricien)

La majeure partie de notre travail est donc d’effectuer des maintenances préventives ou curatives sur l’ensemble des composants dont nous sommes responsables. Tout le monde à un rôle indispensable, mais les centraliens, c’est nous qu’on fait tourner la boutique. Si quelqu’un nous embête, il nous est très simple de couper l’électricité depuis la centrale, de ce fait tout le monde est aimable avec nous.


Test et tarage d'un injecteur  - © Dahan Banse (Électricien)

Tous les 8 jours, les 8 membres du personnel technique sont amenés à effectuer ce qu’on appelle le quart de nuit, car il faut quelqu’un 24h/24 pour surveiller la base. Pour se faire, nous nous relayons chacun notre tour ce qui peut parfois couper notre semaine en 2 ou bien même le week-end. 

 

Groupes électrogènes de la centrale - © Dahan Banse (Électricien)

Une partie de mon travail est aussi de motiver les troupes à chanter sur du karaoké le samedi soir. Ce n’est pas chose aisée mais indispensable au maintien du moral des troupes. La maintenance moteur reste malgré tout une de mes activités favorites. Étant issu du monde de la mécanique sur véhicules de collection, j’ai décidé de me diversifier et de prendre un peu de distance en tentant cette aventure à l’autre bout du monde. Après tout, quoi de mieux que de venir dans un tel environnement pour se faire plaisir en faisant ce qu’on aime."

Nettoyage d'une cuve de stockage d'eau de mer  - © Michael Lohier (Responsable métier centrale)