vendredi 31 octobre 2025

Fin de l'hivernage pour la 75ème mission française avec l'arrivée ce Mercredi 29 Octobre 2025 du premier avion

 

Arrivée des premiers campagnards d'Eté. Photo: Nathan CLAUSSE

Il est un peu plus de deux heures de l'après midi, ce mercredi 29 Octobre quand les hivernants sont alertés par le radio "Avion en visuel". 

Une partie des hivernants restés sur la base se regroupe afin d'apercevoir au loin la première trace étrangère de civilisation depuis les 9 derniers mois, c'est à dire depuis le départ de l'Astrolabe en tout début d'année. 

Finalement, un ronronnement d'avion, qui ne nous est plus du tout familier, se fait entendre au loin. Le Basler entame sa danse autour de la piste puis se pose sur D10, avec une simplicité déconcertante. 

Photo: Nathan CLAUSSE
 Il est 14h28, l'hivernage se termine. 

Le premier avion de l'année (AB1) a atterri, avec 5 jours de retard.   

C'est le début de l’effervescence de la campagne d'Eté, 12 campagnards débarquent à la station Robert Guillard. Sans perdre de temps, ils s'attellent à redémarrer les engins et déneiger la base.

6 campagnards rejoignent la Base Dumont-d'Urville.

Photo: Nathan CLAUSSE
 

Dans quelques jours, quand la météo le permettra, nous accueillerons 18 autres campagnards avec le deuxième vol de l'année (AB2). 

Enfin, l'Astrolabe nous rejoindra pour sa première rotation de l'année (R0), quand les glaces de l'Antarctique le voudront bien. 

 

 

mardi 28 octobre 2025

Cérémonie en hommage aux victimes de l'accident d'hélicoptère en Terre Adélie - 28 Octobre 2025

Cérémonie en hommage aux victimes de l'accident d'hélicoptère - 15 ans - 28/10/2025 - Base Dumont-d'Urville. Photo: Adèle Philippe

C'était il y a 15 ans précisément, le 28 Octobre 2010.

L'hivernage de la 60ème mission française vit alors ses dernières heures et le début de la campagne d'Eté 2010-2011 s'annonce avec l'arrivée de l'Astrolabe au large de la Terre Adélie. 

L'Astrolabe est alors bloqué à quelques centaines de kilomètres de la base. Les deux hélicoptères embarqués se préparent pour rallier la base Dumont-d'Urville par les airs.  

Un premier hélicoptère décolle, suivi d'un deuxième, quelques minutes plus tard. 

Le deuxième hélicoptère ne parviendra finalement jamais jusqu'à la base.  

L'accident aura coûté la vie à 4 expéditionnaires.  

La beauté de l'Antarctique va être voilé ce jour là d'une immense tristesse.

Aujourd'hui, 15 ans après ce drame, nos pensées, ainsi que celle de tous les polaires sont pour la famille, les proches et camarades de ces 4 expéditionnaires. 

Nous n'oublions pas ceux qui ont donné leur vie au grand continent de glace. 

Parmi eux, 

Lionel, Pilote d'hélicoptère

Jean, Mécanicien

Frédéric, Chef de Raid 

Anthony, Mécanicien engins Raid

Ces 4 expéditionnaires nous ont quitté, ici, sur les terres de glace qu'ils admiraient tant. 

Ils demeurent à jamais dans nos cœurs et dans celui de l'Antarctique. 

mercredi 22 octobre 2025

Portrait d'Adélien - Steven TERRASSOUX, l'électricien qui voulait illuminer le monde, toujours plus loin

 Chaque semaine, nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un de nos compatriotes du bout du monde. Vous découvrirez les portraits de ces hommes et de ces femmes qui exercent leur art dans le territoire français le plus éloigné de la métropole, en Terre Adélie, sur le grand et mystérieux continent blanc.

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Cette semaine, nous vous présentons Steven TERRASSOUX, 31 ans, qui nous vient des Pyrénées Orientales et qui occupe la fonction d'électrotechnicien pour la Base Dumont-d'Urville. 

Steven, passionné de sport et de dépassement de soi, débute son parcours dans une filière Sport Etude section triathlon d'un lycée sportif de Font-Romeu. N'atteignant pas totalement les objectifs attendus, il rejoint alors Montpellier et se réoriente vers un Bac Pro électrotechnique qu'il réalise en alternance à Castelnaudary chez EDF. Il participera alors aux activités de création et de maintenance des lignes électriques du groupe. 

Son Bac Pro en poche, notre jeune électrotechnicien décroche son premier contrat au sein de la mairie de Le Barcarès où il assurera durant 3 ans la maintenance de l'éclairage public, la préparation et l'installation des décorations lumineuses de noël ainsi que la préparation des festivals organisés par la ville. 

Après cette première expérience professionnelle, Steven, n'ayant pas perdu son esprit sportif, en quête d'aventure et de dépassement de lui-même, décide de s'engager dans l'armée. Ce milieu ne lui ait pas inconnu, beaucoup de ses proches en sont issus. Dans l'armée de terre, il intègre alors le 31ème régiment de génie de Castelsarrasin où il occupera le poste d'Electro-mécanicien. Il s'occupe notamment des groupes électrogènes indispensables au bon fonctionnement des infrastructures militaires déployées. A la fin de son contrat de 3 ans, il décide de ne pas continuer l'aventure. Il est à la recherche de nouveautés et de stimulations différentes. 

Il réalise alors des missions en intérim, pour des sous-traitant d'EDF puis au profit d'Enersteel. Appréciant son travail, la société spécialisée dans le photovoltaïque va finalement l'embaucher directement comme électricien photovoltaïque. Rapidement, il est alors promu chef d'équipe. Épanoui dans cette fonction et cette entreprise, il y demeurera durant 5 ans. 

Finalement, c'est l'appel du large, de l'inconnu, de l'aventure, qui continue à germer dans son esprit et qui va le pousser à quitter son poste.

Steven va inonder de CV des entreprises du monde entier, en quête d'une nouvelle aventure inconnue et lointaine. Finalement, c'est l'institut polaire français qui va le contacter, recherchant un électricien en support à la science pour la campagne d'Eté 2024-2025. 

Steven rejoint alors la base Dumont-d'Urville en Novembre 2024, à bord de l'Astrolabe, où il restera bloqué dans les glaces de l'Antarctique. En effet, la traversée durera finalement 2 semaines. Captivé par les paysages, il passera la majorité de son temps sur la passerelle du patrouilleur polaire. Lors de cette longue aventure sur les mers gelées, il témoignera à plusieurs reprises, notamment au futur DISTA que j'étais, son rêve d'hivernage dans ces lointaines contrées, les yeux brillants.

Finalement, quelques temps après son arrivée sur le district, l'institut polaire lui proposera de participer à l'hivernage, suite au départ imprévu d'un des hivernants. 

C'est ainsi que Steven rejoint la 75ème mission française en Terre Adélie. 

Steven, plus communément appelé "Steevi" par les hivernants s'occupe de toute l'infrastructure électrique de la base. "De la centrale jusqu'à l'ampoule de la chambre... Sauf celle du DISTA..." Ajoute-t-il en ricanant. Steven participe également aux quarts de la centrale avec le reste de l'équipe technique. Enfin, il travaille principalement cette année sur 2 chantiers, la rénovation de l'hôpital d'une part et la rénovation électrique du SIPOREX, d'autre part. Au Siporex, tout est refait à neuf, câbles électriques, supports, équipements. Steven fait preuve de polyvalence, "cela va de la dépose des équipements à la remise en fonction complète en passant par le nettoyage, la peinture, l'installation des supports et des cables".

Tout cela, toujours accompagné de son "Chef VSC", Hugo, comme il l'appelle en rigolant. C'est simple, au travail, ils se suivent partout et si toutefois ils ne sont pas ensemble, ils se cherchent systématiquement par radio. "Hugo Hugo de Steven" peut-on entendre quotidiennement sur les ondes de DDU.

Immersion dans une journée type de notre aventurier électrotechnicien  

7h20 : La journée commence pour Steven, il se réveille dans sa chambre du rez-de-chaussée du 42, impeccablement rangée. A faire rougir n'importe quel militaire. Pas un objet ne traine. Steven prend le temps de s'apprêter, un brin coquet, il ne se laisse jamais aller. 

8h : Réunion des techniciens au BT. 

8h10 : Réveil musculaire au séjour, animé par son "petit Hugo

 
Puis il prend la direction du Siporex où il va œuvrer toute la journée avec son acolyte. Il s'interrompra uniquement s'il est appelé pour un dépannage quelque part sur la base avant de regagner rapidement son antre.

12h : Steven se précipite, au coude à coude avec son binôme Hugo, vers le buffet. Une assiette à la main, il n'attend plus qu'une chose, la cloche, tel un coureur de haut niveau qui attend le signal de départ, il se rue alors sur le buffet et remplit son assiette.   

Retour au Siporex pour l'après-midi. 

17h30 : "C'est la débauche"   

Sans perdre de temps, il se change puis rejoint la salle de sport, c'est également son repaire, quand il n'est pas au travail.  
 
Il enchaîne alors les séries, méthodiquement, chaque muscle ou presque y passe. Ce n'est finalement que l'appel du ventre à 19h30 qui le fera quitter la salle de sport. 

Il saute dans la douche puis rejoint le séjour pour être certain d'être également le premier au buffet. 

Steven ne traîne pas au séjour le soir. Une fois le repas avalé, car il est aussi toujours le premier à finir son repas, il regagne sa chambre. Là, il prend le temps de planifier ses futurs voyages, rêvant de ses futures aventures. Il profite également de ce temps pour écrire des livres, assisté de l'IA (Intelligence artificielle), pour laquelle il se passionne particulièrement et suit attentivement son évolution. Enfin, il s'endort généralement vers 23h, devant une série, souvent un manga.

Ce qu'aime Steven ici, c'est avant tout de faire partie d'une longue succession d'explorateurs français. En apportant ses compétences et en accomplissant ses missions, il est fier de représenter son pays et de perpétuer la présence française en Terre Adélie, au cœur du grand continent blanc. 

Bien sûr, il apprécie l'environnement exceptionnel qui l'entoure et ses paysages, la tranquillité absolue que lui offrent ces terres isolées, loin du tumulte de la civilisation. "Pas de voitures, pas de feu rouge, rien, ici on ressent une tranquillité pure"    

Il aime les balades sur la banquise à la découverte de ces paysages de glace changeants. 

Enfin, il apprécie son travail. "Ici il n'y a aucun stress au boulot, on est autonomes, on sait ce que l'on a à faire, il n'y a pas de pression, on travaille donc plus sereinement et en prenant le temps de réfléchir."

"Steevi" est aussi de nature très curieuse. Vous le trouverez au séjour toujours immergé profondément dans une activité insolite. Il vous suffit de laisser trainer subrepticement un Rubis-cube au séjour pour que ce petit objet devienne l'objet d'étude principal de notre électricien durant les semaines qui suivent. Il y consacre alors tout son temps libre, cherchant à se perfectionner dans le domaine. Il enchaîne donc ces passions insolites et transitoires au fil de l'hivernage. Parmi ses exploits, Steven s'est également passionné pour la broderie, les mots-croisés, le coloriage de précision, ... En somme, il reviendra chez lui gonflé de nouvelles compétences qu'il n'avait surement pas prévu d'acquérir ici.  

Steven est aussi bricoleur, il a notamment été à l'initiative de la création de 3 jacuzzis à l'occasion de la MidWinter pour permettre aux hivernants de se prélasser dans un bain chaud avant de regagner l'extérieur par -20°C. Le tout, installé dans une ambiance cosy appuyée par une lumière tamisée rouge.   

Steven fait également partie de l'équipe Rescue de la base, avec laquelle il s'entraîne chaque semaine pour secourir ses co-hivernants en cas d'accident.

Enfin, autre activité et pas des moindres, Steven est le garçon coiffeur de la base. Il est très demandé. Les rendez-vous s'enchaînent souvent dans son petit salon situé au rez-de-chaussé du dortoir hiver. Il a acquis, là encore, une nouvelle compétence avec des dégradés qui n'ont rien à envier à ses confrères coiffeurs de métropole. Il nous permet finalement de garder le style même par delà les 60ème déferlants.  

Une anecdote à nous raconter ?  

"Un jour, durant la campagne d'Eté, je travaillais sur le profileur de vent quand j'ai été appelé par mon référent électricité de l'institut (un homme avec une coupe mulet affreuse), il m'a demandé de passer au bureau. J'étais un peu stressé, je croyais avoir fait une bêtise. Dans le bureau, lui et la responsable technique m'ont demandé si j'étais prêt à rester pour l'hivernage. Ils m'ont laissé le temps pour réfléchir mais c'était déjà tout réfléchi et ce depuis l'Astrolabe. J'en avais toujours rêvé. Finalement, cela s'est officialisé 1 mois après et j'ai donc rejoint les hivernants de la 75ème mission française en Terre Adélie."    

Une citation à nous partager ?  

"Tout est possible ! Tant que l'on ne se lance pas et qu'on garde des appréhensions, on reste bloqué. Quand on se lance, qu'on ose, les barrières tombent et on parvient aux objectifs qui nous font rêver"


Un mot pour terminer ?

"C'est super ! Une opportunité en or, une super expérience qui restera gravée à jamais dans mon cœur et mes pensées."  

 En parlant de cœur, n'y a t-il pas un tout dernier mot pour clôturer ?         



 

jeudi 9 octobre 2025

Portrait d'Adélien - Hugo GUILLAUME, l'électricien qui apporte du soleil dans la nuit polaire

 Chaque jeudi (il fallait oser commencer comme cela...), nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un de nos compatriotes du bout du monde. Vous découvrirez les portraits de ces hommes et de ces femmes qui exercent leur art dans le territoire français le plus éloigné de la métropole, en Terre Adélie, sur le grand et mystérieux continent blanc.

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 Cette semaine, nous vous présentons Hugo GUILLAUME, 23 ans, qui nous vient de Quimper et qui occupe la fonction d'électricien pour la Base Dumont-d'Urville.

Hugo a d'abord réalisé un Bac professionnel "Métiers de l'électricité et de ses environnements connectés" ainsi qu'un brevet d'études professionnelles dans la même spécialité. Durant cette première partie d'étude, il réalise des stages dans plusieurs usines spécialisée et va avoir l'opportunité d'effectuer un stage ERASMUS d'1 mois, à Portsmouth, au Royaume-Uni, au sein d'un hôtel où il participera à la maintenance générale des installations de l'établissement.

Il poursuit ses études par un BTS en électrotechnique.  

Lancé dans ses études, avec un bon niveau, il s'oriente initialement sur une prépa ATS (adaptation technicien supérieur) et envisage aussi de rejoindre des prépa pour écoles d'ingénieur. Mais rapidement, il ne se projette pas dans ces fonctions et décide de rentrer dans la vie active. Après plusieurs petits jobs, il décide de se lancer dans sa spécialité et commence par faire de l'électricité navale, qui ne lui apporte cependant pas assez de stimulation.


 Il expérimente également l'électricité tertiaire chez Actemium, filiale de Vinci Energie puis rejoint Aire-service, spécialiste de l'installation et maintenance des bornes de distribution d'électricité et d'eau pour les bateaux. Enfin, il rejoint le groupe Veolia à Quimper en tant que technicien d'usine, il y assure la maintenance courante, l'analyse de l'eau, une partie de la plomberie, un poste finalement assez polyvalent qui lui fait toucher à tout.

Pourtant, notre jeune électricien, couve au fond de lui un vieux rêve, qu'il entretien depuis le collège. Tout remonte à un exposé qu'il avait présenté sur la station Concordia, en cours de technologie. Ce rêve ne l'a jamais quitté, il voulait aller en Antarctique, pour son côté insolite, isolé de tout. Il voulait vivre une expérience qu'il imaginait déjà exceptionnelle sur le plan humain, social et professionnel. 

 

Hugo, surnommé ici "Hugolino de la Mamma", depuis qu'il a préparé des pizzas à ses co-hivernants en début d'hivernage, arbore un pendentif au motif de l'Italie autour du cou, des cheveux bouclés et une barbe bien noire qui lui donne un côté très italien, qu'il n'hésite pas à appuyer. 

Bref, Hugolino de la Mamma s'occupe, avec "son contractuel" ou "son Steevee" comme il dit, c'est à dire son binôme électricien, de toutes les installations électriques de la base ainsi que de l'électronique portatif. Il assure la maintenance curative et préventive de l'ensemble de ces installations et équipements. Une grande partie de son travail est aussi consacrée aux chantiers qui occupent la base, pose de goulottes, tirage de câbles, connexion de divers appareillages, etc... 


 Cette année, le gros chantier de Hugo c'est le SIPOREX (Bât 69...), son objectif : remettre à neuf toute l'installation électrique du bâtiment, y compris l'armoire électrique. 


Immersion dans une journée type de notre jeune électricien :  

7h-7h20 : Le réveil sonne, le temps de se préparer, il rejoint le séjour où il partage le petit déjeuner avec ses co-hivernants (au menu : Pain, Yaourt, Jus de fruit, Café,...). Un bon petit déjeuner pour une journée de chantier. 

8h pétante : Réunion technique au BT avec le reste de l'équipe. 

8h15-8h30 : Hugo anime une session de réveil musculaire au séjour. Une grande partie de l'équipe technique y assiste, parfois quelques autres hivernants y prennent également part. 

08h30-10h : Hugo se lance dans les chantiers ou maintenances diverses en fonction de la planification qui lui a été donnée en réunion technique.  

Hugo au "Sipo" avec son contractuel préféré, Steven. 

 10h : C'est la pause ! Les techniques "se mélangent au scientifiques" comme ils disent, 2ème café de la journée pour Hugo. 

10h30-12h : Retour au travail. 

12h-13h30 : C'est enfin la pause déjeuner ! Hugo a une règle, il doit être le premier à table, il guette de loin l'arrivée des hivernants de service base et tend l’ouïe pour que dès que la cloche sonne, il puisse profiter du buffet. Son binôme électricien n'est d'ailleurs jamais très loin de lui ! 

Et puis l'après-midi, rebelote, jusqu'à 17h30.

Steven sécurise son binôme durant la manipulation du poste haute tension. 
 

17h30 : "Fin de chantier" comme dirait Théo, notre Instrumentiste.

Hugo rejoint alors la salle de sport où il réalise ses exercices de musculation, objectif 2-3 séances par semaine. 

Une bonne petite douche au 42 puis il est déjà l'heure de dîner, même rituel que pour le déjeuner, "Hugolino de la Mamma" est dans les Starting-blocks.    

Enfin, le soir il rejoint souvent son canapé fétiche où son compère Renaud, le glacio, l'attend. Vous pourrez les entendre, tous les deux, glousser de rire devant des films, séries ou devant Pekin Express. 

Puis c'est déjà l'heure de rejoindre son lit ! La journée du lendemain s'annonce tout aussi chargée. 

Hugo apprécie ici l'immensité des paysages qui l'entourent, les manchots, en particulier les empereurs. "C'est une chance d'être ici" reconnaît t-il. 


 "L'humain est très important ici, on est 23 sur cette petite base perdue dans le grand Sud. On est à l'écart, à part, on est dans notre bulle. Impossible de retrouver ça en métropole, on n'est jamais confiné aussi longtemps."    

Hugo observe aussi beaucoup son environnement : "C'est très intéressant de voir le changement et l’évolution de nos co-hivernants, on voit les réactions évoluer, les phases différentes de l'hivernage, c'est une belle expérience sociale".  

       Hugo réalise un sondage de la banquise avec le DISTA.
 

Si vous cherchez Hugo, c'est assez simple, il est toujours avec Steven, tel le poussin empereur avec son parent et vous trouverez probablement ces deux-là au Siporex. Si vous ne le trouvez pas, cherchez dans la bibliothèque du séjour, il y sera alors probablement. Vous entendrez de loin ses éclats de rire, il y sera sans nul doute avec Renaud, son acolyte. Peut être qu'ils seront en train de regarder un Louis de Funès, comme Hugo les aiment (ce qui lui fait un point commun avec le DISTA). 



 Hugo est aussi le DJ années 80 attitré pour les soirée de la base ! Une revue de tous les grands titres assurée ! 


 Une anecdote à nous raconter ? 

"J'ai aimé aller au Nunatak avec mon acolyte, Renaud, pour une manip scientifique. On était seuls face à l'immensité Antarctique. Seuls face au monde entier. Un Pétrel géant Antarctique est arrivé, il a fait le tour de la colonie de manchots empereurs, c'était magique. Un moment de calme et de sérénité absolue. On réalise alors où l'on est et la beauté qui nous entoure."  


 Un mot pour terminer ? 

"C'est une aventure hors du commun, qui sort des chemins battus, à des années lumières du Métro Boulot Dodo de métropole. On peut vraiment apprécier le moment présent." 

"C'est beau comme le soleil !" 

vendredi 26 septembre 2025

Quelques nouvelles de Terre Adélie !

Chers lecteurs, chers passionnés de nos terres polaires,

J'ai le plaisir de reprendre la plume pour vous donner quelques nouvelles, après une interruption de 2 mois dans mes récits. J'aurai pu prétendre, pour justifier de cette absence, une longue expédition à Port Martin ou des aventures polaires rudes et lointaines mais la réalité est un peu différente. Vous le savez peut-être, le temps ne passe pas ici à la même vitesse qu'en métropole, et il est le seul vrai responsable, il m'a manqué ces derniers mois. Le temps de déneiger une petite congère, et paf, déjà 2 mois s'écoulent. Je sais que beaucoup d'entre vous regardent très régulièrement notre blog, pour avoir des nouvelles de notre vie sur base, de la Terre Adélie, ou simplement de vos proches, hivernants, qui vous en donnent parfois assez peu. J'ai reçu beaucoup de messages s'inquiétant de l'absence de nouvelles, témoignage de l'assiduité et de la passion que vous portez aux aventures polaires. 

Rassurez vous, nous allons reprendre la routine, et même vous offrir un peu plus de rations hebdomadaires, car je souhaite bien entendu vous avoir présenté tous les hivernants de la 75ème mission ,qui le veulent bien, avant la fin de notre mission.

Dans l'attente du prochain portrait, qui sera publié dans quelques jours, voici quelques actualités sur la base et les dernières opérations. 

Du côté de la manchotière

Amandine recueille les œufs abandonnés au Nunatak -  Photo: Pierre BASCELLI

Nos compagnons d'hivernage, les manchots empereur n'ont pas chômé, les premières pontes ont été observées par Amandine, notre ornitho, le 03 Mai 2025, annonçant également le premier jour de départ des femelles, après avoir confié leurs œufs aux mâles, qui en prendront soin durant le cœur de l'hiver. 

Photo: Pierre BASCELLI

 Le premier retour des femelles manchots empereur a été observé le 29 Juin 2025. Ce n'est que quelques jours après, le 01 Juillet 2025, que les premiers poussins ont été entendus, marquant les premières éclosions.     

Photo : Pierre BASCELLI
 Les poussins ont vite grandis et les crèches commencent à voir le jour, délaissant la protection rapprochée de leurs parents.  

Photo: Pierre BASCELLI

Une bonne nouvelle a souligner cette année, malgré sa fragilité, la population de manchots empereurs sur la colonie du Nunatak se porte bien ! Nous n'avions pas observé autant d'individus depuis 1975 ! 


 
Du côté de Géophy

Nos deux MESABSiens, Victor, notre informaticien science et Théo, notre électrotechnicien science continuent à se relayer chaque jour pour réaliser les mesures du champ magnétique terrestre.

Les relevés de sismologie leurs ont permis d'observer de façon franche, le gros séisme de magnitude 8,8 qui a touché la plaque au large du Kamtchatka le 30 Juillet 2025, permettant aux observatoires de collecter de précieuses données. 

Enfin, ils ont déployés sur la banquise de l'archipel, dans 3 zones distinctes, 5 nodes sismiques autonomes permettant l’enregistrement des signaux sismiques sur la banquise. 

Victor découpe des blocs de banquise avec la tronçonneuse pour pouvoir installer les nodes sismiques.Photo: Nathan CLAUSSE
 
 
Greg dépose une node sismique dans la banquise. Photo: Alice GROS

 Renaud, notre glaciologue, ne compte plus les prélèvements de neige qu'il a réalisé depuis son arrivée, submergé un temps par la rivière atmosphérique, que nous vous avions décrite dans un article précédent. Cette rivière est un événement très important pour les laboratoires, s'agissant d'un phénomène encore méconnu en Antarctique. Renaud a également reprit les manip en H le 31 Juillet, réalisées sur le continent mensuellement, afin de suivre le bilan de masse de la calotte glaciaire. 


 Enfin, Ismaël, notre lidariste, a profité durant la nuit polaire, de chaque accalmie entre les tempêtes et les couvertures nuageuses, pour réaliser ses tirs. 

 

Du côté des opérations techniques et logistiques  

Plusieurs chantiers ont bien avancés sur la base. 

D'abord, l'hôpital. Une aile entière a été vidée en vue des travaux de rénovation qui débuteront l'Eté prochain. Le bloc opératoire a été transféré temporairement dans l'ancien bureau du chef de District, puis les autres espaces de l'aile (Pharmacie et bureau médecin) ont été déplacés.  


Nouveau bloc opératoire provisoire dans l'ancien bureau du DISTA. Photo: Adèle PHILIPPE

Le Siporex a également profité d'un beau rafraichissement, tant sur le fond que sur la forme. Nos deux électriciens, Steven et Hugo ont travaillé et continuent à œuvrer à la refonte complète des systèmes électriques du bâtiment, de l'armoire électrique en passant par l'éclairage et le câblage. Le reste de l'équipe technique, accompagné parfois des hivernants volontaires, ont participé au chantier ainsi qu'au déménagement et débarrassage des déchets, à la peinture, au démontage des circuits de fluides, gazs et de chauffage sous l’œil attentif de François. Le chantier continu, mais déjà, le bâtiment offre un cadre plus convivial, si j'ose dire, avec la nouvelle peinture et les luminaires à leds posés par nos électriciens. 

1ère couche de peinture pour le SIPOREX, dans l'atelier de chaudronnerie. Photo: Nicolas LANASPEZE
 

Enfin, comme chaque année, les hivernants ont réalisés la grosse opération de transfert du carburant et des containers à travers la banquise. 

 

Descente des cuves mobiles depuis D3. 

Transfert de cuves sur la banquise. Photo: Amandine BARLES

Nicolas, notre chef technique, présente le dispositif mis en place au DISTA, Pierre BASCELLI. Photo: Victor VELASQUEZ

 Une opération importante, nécessitant une bonne préparation et une vigilance de tout instant. Nicolas, notre chef technique, accompagné de Lambert, notre mécano, a coordonné l'opération d'une main de maître, se terminant il y a quelques jours sans aucun incident. 

Lambert, notre mécano, vide la citerne mobile. Photo : Amandine BARLES

 

Jef, chef centrale et Renaud, glacio remplissent les cuves sur le Lion. Photo: Pierre BASCELLI

 Au final, ce sont 47 allers retours de cuves qui ont été réalisés sur la banquise pour transvaser 570 m3 de carburant et ce sont 15 containers qui ont transité de part et d'autre. 

Bravo à tous les hivernants impliqués dans cette grande opération. 

 

Léo, notre Mépré, au volant du Challenger sur la banquise. Photo: Nathan CLAUSSE

 Du côté de la vie de base

Trois événements ont ponctué ces derniers mois: 

Les jeux australiques d'une part, où DDU affrontait ses confrères des iles subantarctiques et de la station Concordia. DDU a été représenté dans toutes les disciplines ! Entre les épreuves de musculation, de course à pied, de baby foot, ping-pong, corde à sauter, relais, rédaction de gazette à thème, peinture, etc... Nos athlètes ne se sont pas ennuyés ! Grâce à nos exploits, DDU remporte .... la 5ème place ! Sur 5... "Amsterdam a probablement triché comme chaque année", "Kerguelen il n'y a que des militaires, c'est facile"; voilà quelques paroles que l'on entendra couramment au bar de DDU le soir des résultats... Bref, pas de quoi casser 3 pattes à un manchot. Peu importe, les hivernants se sont bien amusés et notre athlète omniprésent sur toutes les épreuves, Steven, notre électricien, n'a pas démérité, contrairement à notre radio, qui n'était pas au rendez-vous de cette compétition. Enfin, Gregory, notre Gérant Postal a crée la surprise en nous offrant plusieurs titres dans différentes disciplines.    

Nathan, notre menuisier, tente d'aller chercher une médaille à la corde à sauter. Capture vidéo: Steven TERRASSOUX

 

Corentin, notre radio, tente de décrocher une médaille en course à pied entre deux messages radios. Capture vidéo : Steven TERRASSOUX

   

Renaud va chercher la médaille d'or en course à pied. Photo: Adèle PHILIPPE

Nathan, notre menuisier, porte en autonomie complète, 200kg de poids. Oups ...la photo est mal cadrée... Capture vidéo : Steven TERRASSOUX

 

Steven, notre électricien, s'échauffe avant les nombreuses épreuves qui l'attendent.

Nos athlètes, Nathan, Victor et Steven s'entraînent pour la compétition. Photo: Adèle PHILIPPE

Les athlètes peintres réalisent leur chefs-d’œuvre. Photo: Adèle PHILIPPE

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Deuxième événement, Le WIFFA. Il s'agit du Winter International Film Festival of Antarctica.

Un rendez vous attendu chaque année par toutes les stations de l'Antarctique et du SubAntarctique. Les différentes stations participantes peuvent proposer 2 films, de catégorie différente. 

Première catégorie : l'OPEN, il s'agit d'un film de moins de 8 minutes sur un thème libre.

 Cette année, nous avons proposé dans cette catégorie, le film "Code Survivor : Race to the south pole", on y suit l'aventure de John Ryan et de son équipe qui participent à la course pour la conquête du pôle sud géographique. 

Deuxième catégorie : Le 48h, il doit être réalisé en 48h (tournage, montage), uniquement avec des pistes vidéos tournées dans cette période de temps. 5 thèmes sont imposés chaque année et doivent figurer dans la vidéo. 

Cette année, nous avons proposé dans cette catégorie, le film " To Burn", on y suit l'aventure des hivernants de DDU qui découvrent accidentellement un vieux film qui dévoile quelques secrets historiques qu'ils n'auraient pas dû voir... 

L'équipe de tournage, d'acteur et l'excellent monteur (Victor), ont obtenu plusieurs récompenses dont 2 médailles d'or (meilleur film et meilleur acteur) pour le film OPEN et 3 médailles d'argent (meilleur montage, meilleure cinématographie, meilleur acteur),  et 2 de bronze (meilleur film, meilleur son) pour le film 48H. Soit au total 7 médailles. Une réussite ! 

Vous pourrez retrouver ces films sur le site officiel du WIFFA : 

https://www.wiffa.aq/station?tid=76 

Remise des 5 médailles pour le film "To Burn" avec l'équipe de tournage. 

Remise des 2 médailles d'or pour le film "Code Survivor" avec l'équipe de tournage. 


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Troisième événement, la formation PSE (premiers secours en équipe de niveau 1&2) suivie par 10 hivernants de la base. 

C'est une première en Antarctique. Cette année, 10 hivernants volontaires ont suivi la formation PSE organisé par la Croix-rouge française en collaboration avec la préfecture des TAAF . Après 21 h de formation e-learning et 6 jours complets de mises en situation, les 10 hivernants ont décrochés le diplôme officiel de secouriste (PSE 1 et PSE2), une belle reconnaissance pour leur engagement et le travail qu'ils ont réalisé. Ils pourront poursuivre leur engagement en métropole, s'ils le désirent, fort de leur nouveau diplôme.  

Bravo à tous ! Le formateur et DISTA que je suis est très fier de leur belle évolution ! 

L'équipe des nouveaux secouristes du bout du monde - Photo: Adèle PHILIPPE - Pierre BASCELLI

 

Prise en charge d'une victime en arrêt cardio respiratoire par Hugo, notre électricien et Renaud, notre glaciologue. Photo: Pierre BASCELLI

 

Prise en charge d'une victime en détresse respiratoire par Narcisse notre pâtissière et Lambert notre mécano. Photo: Pierre BASCELLI


Prise en charge d'une victime traumatisée par Victor, notre informaticien, François notre plombier chauffagiste, Andréas notre second centrale et Théo, notre electrotechnicien. Photo: Pierre BASCELLI

Voilà, c'est déjà la fin de ces quelques nouvelles. J'espère avoir pu vous restituer les événements de ces derniers mois avec l’authenticité habituelle, bien entendu, ce ne sont pas les seuls événements, bien d'autres ont ponctué nos derniers mois mais ils resteront pour l'instant dans la seule mémoire collective des hivernants. 

Rendez-vous très prochainement pour de nouvelles actualités et portraits.