L’arrivée des
Empereurs ne nous fait pas oublier les manchots Adélie, habitants originels de
la base Dumont D’Urville. Ils sont très présents pendant l’été austral,
arrivant généralement vers la mi-octobre pour repartir en masse en février-mars.
Le tableau
ci-dessous compare pour les six dernières années le nombre de poussins d’Adélie
comptés fin janvier, sur les îles de Pétrels et Lamarck:
Cette année,
la reproduction a été correcte. Le succès reproducteur fin janvier sur l’île
des Pétrels de 0,65 poussin par couple.
Aux étés
2013/2014 et 2016/2017, l’échec avait été quasi-total. En 2013/2014, une pluie
abondante avait entraîné le gel des jeunes poussins ; en 2016/2017, en
raison de l’étendue de la banquise, le nombre de pontes avait été élevé, mais
la distance à parcourir par les parents pour accéder à de la nourriture étant
trop importante, les petits n’avaient pas survécu.
Une fois les
œufs éclos, les poussins sont couvés par leurs deux parents à tour de rôle.
Quelques semaines après leur naissance, ils s’ « émancipent
thermiquement » et quittent les pattes de leurs parents. Quand les
conditions le nécessitent, ils se rassemblent en crèches pour se tenir chaud.
Les parents
nourrissent les petits, le mâle et la femelle se relayant, pour leur fournir
l’énergie nécessaire à leur croissance et à la mue, la fabrication de plumes
par le corps étant très énergivore. Les parents reconnaissent leurs petits
grâce à leur chant, caractéristique de chaque individu (les parents reviennent
de plus sur l’ancien emplacement du nid, ce qui doit aider à la reconnaissance
mutuelle).
La mue
commence au niveau des ailerons et du ventre, donnant, au fur et mesure du
remplacement du duvet, des styles très personnels, représentatifs des modes qui
ont sévi chez les bipèdes des années 60 à nos jours.
Enfin, au
bout d’un mois environ, lorsque ce premier plumage tout neuf est constitué, les
premiers poussins se jettent à l’eau.
Cet été a été
marqué cependant par une débâcle tardive (mi-janvier), et par un épisode de
neige et de froid long et intense (mi-février), qui ont impacté la survie des
poussins. Après un départ massif des poussins les plus vigoureux vers
mi-février (25-30% des effectifs), une forte mortalité a ainsi été observée chez
les poussins restants, qui ont succombé à un épuisement de leurs réserves suite
à la formation de leur plumage juvénile.
Le dernier
poussin a finalement quitté l’île le 7 mars dernier.
A noter que
les manchots Adélie adultes muent également chaque année. Peu après le début de
la mue des poussins, ils partent donc en mer pour se nourrir (car ils jeûnent
pendant la mue). Ils reviennent ensuite dans l’archipel, de mi-février à fin
mars. Les premiers Empereurs ont semblé apprécier cette compagnie !