jeudi 31 juillet 2025

Rocher du débarquement - 185 ans après Dumont d'Urville

 

Prise de possession de la Terre Adélie le 21 Janvier 1840. Dessinée par Louis LEBRETON, chirurgien de 3ème classe de l'expédition. Lith par Sabatier.

185 ans après, rocher du débarquement, le 27/07/2025. Photo: François ROUSSEAU. 

Pas moins de 185 ans séparent ces deux images ...

Il y a un peu plus de 185 ans, le contre-amiral Jules Dumont d’Urville découvrait avec ses hommes, les terres sur lesquelles nous nous trouvons aujourd’hui et prenait possession de la Terre Adélie au nom de la France, c’était le 21 Janvier 1840, après que ses hommes aient posé le pied sur le rocher du débarquement.

C’est en 1837, le 11 Septembre, que cette nouvelle expédition, mandatée par le roi Louis Philippe quitte le port de Toulon avec l’objectif d’explorer les régions de l’océan Antarctique. Composé de 2 navires L’Astrolabe et la Zélée, ils naviguent à travers les océans à la conquête de ces terres inexplorées. Mi-Novembre 1837, ils mouillent dans la rade de Rio de Janeiro. Ils quittent la terre de feu en tout début d’année 1838 en direction des glaces antarctiques.   

L'Astrolabe et la Zélée dans les glaces le 06/02/1838. Dessiné par Louis LEBRETON, chirurgien de 3ème classe de l'expédition. Atlas pittoresque.

Le 7 mars, ils se sortent des glaces de la péninsule, non sans difficulté, après avoir fait face à une barrière infranchissable. L’expédition fait route vers l’Océanie où ils demeureront pendant de nombreux mois à travers les îles. C’est dans ces parages notamment que les deux équipages vont affronter la maladie qui terrassera 17 marins, contraignant Dumont d’Urville à laisser 16 autres malades à Hobart vers les premiers jours de décembre 1839.

Apprenant à ce même moment à Hobart que les capitaines James Clarck Ross et Francis CROZIER étaient en route pour le pôle sud, le commandant de l’expédition décide de retenter une expédition vers l’antarctique.

Dès le 1er Janvier 1840, L’astrolabe et la Zélée déploient les voilent et font cap au Sud. Coupant la route de Cook le 15 Janvier, ils atteignent une zone de mer qu’aucun navire n’avait encore sillonné.  Le 16 Janvier, par 60° de latitude Sud et 141° de longitude Est, ils aperçoivent la première glace, haute de 50 pieds sur 200 d’étendue. Le 17, les glaces font, pour certaines, 130 pieds de haut sur 400 toises d’étendue.

Buste de Dumont d'Urville installé sur la base, observant de loin le rocher du débarquement. Photo: Pierre BASCELLI
 

Finalement, c’est le 20 Janvier 1840, au coucher du soleil à 22h50 que la première terre est aperçue au large du cap de la découverte. Dumont d’Urville écrit "M. Duroch, qui était de quart, avait déjà fixé sa lunette sur un point où un instant il avait cru apercevoir des tâches noires... "Il aperçut à nouveau les rochers, dont la teinte sombre tranchait sur la blancheur des neiges… la terre avait été reconnue de manière non équivoque »

L’Astrolabe et la Zélée mettant à l’eau chacun un canot dès le 21 Janvier 1840, celui de l’Astrolabe comptera notamment à son bord l’enseigne de vaisseau Joseph DUROCH, Pierre Marie DUMOUTIER, préparateur d’anatomie et de phrénologie, Louis Le Breton, chirurgien et dessinateur.  

S’éloignant des vaisseaux, jusqu’à les perdre de vue, la petite expédition met le pied sur le rocher du débarquement à 21h suivi de près par le canot de la Zélée.  Ils y prélèvent notamment des échantillons de roches avant de prendre possession des lieux au nom de la France, en y plantant le drapeau tricolore.

Eugène DU BOUZET, second de la zélée, embarqué sur le deuxième canot raconte :

« Il était près de neuf heures lorsque, à notre grande joie, nous prîmes terre sur la partie ouest de l’îlot le plus occidental et le plus élevé. Le canot de l’Astrolabe était arrivé un instant avant nous ; déjà les hommes qui le montaient étaient grimpés sur les flancs escarpés de ce rocher… J’envoyai aussitôt un de nos matelots déployer un drapeau tricolore sur ces terres qu’aucune créature humaine n’avait ni vues ni foulées avant nous. Suivant l’ancienne coutume que les Anglais ont conservée précieusement, nous en prîmes possession au nom de la France, ainsi que de la côte voisine, que la glace nous empêchait d’aborder. Notre enthousiasme et notre joie étaient tels alors, qu’il nous semblait que nous venions d’ajouter une province au territoire français par cette conquête toute pacifique. Si l’abus que l’on a fait de ces prises de possession les ont fait regarder souvent comme une chose ridicule et sans valeur, dans ce cas-ci, au moins, nous nous croyions assez fondés en droit pour maintenir l’ancien usage en faveur de notre pays. Car nous ne dépossédions personne, et nos titres étaient incontestables. Nous nous regardâmes donc de suite comme étant sur un sol français. Celui-là aura du moins l’avantage de ne susciter jamais aucune guerre à notre pays. (…) La cérémonie se termina, comme elle devait finir, par une libation. Nous vidâmes à la gloire de la France, qui nous occupait alors bien vivement, une bouteille du plus généreux de ses vins, qu’un de nos compagnons avait eu la présence d’esprit d’apporter avec lui. Jamais vin de Bordeaux ne fut appelé à jouer un rôle plus digne ;  jamais bouteille ne fut vidée plus à propos »

Au retour des canots sur les navires vers 23h, Dumont d’Urville écrit :

« Jusque-là et pendant tout le temps où des doutes avaient pu exister, je n’avais point voulu donner de nom à cette découverte, mais au retour de nos canots, je lui imposai celui de terre Adélie. Le cap le plus saillant que nous avions aperçu dans la matinée, au moment où nous cherchions à nous rapprocher de la terre, reçut le nom de cap de la Découverte. La pointe près de laquelle nos embarcations prirent terre, et où elles purent recueillir les échantillons géologiques, fut appelée pointe Géologie ». 

 

Buste de Dumont d'Urville installé sur la base. Photo: Pierre BASCELLI

C’est ainsi qu’il y a 185 ans, Dumont d’Urville prenait possession de la Terre Adélie au nom de la France, ce 21 Janvier 1840. Il nomma cette terre, Terre Adélie, en hommage à son épouse, Adèle, à qui il consacrait un amour inspirant.

Après des années de navigation, ils avaient quitté le port de Toulon en Septembre 1837 (près de 2 ans et demi auparavant). Parfois dans la difficulté la plus extrême, la maladie, la mort de plusieurs marins et sur le point de renoncer à cette folle aventure, la force de l’équipage, sa volonté inébranlable a permis la réussite de l’expédition et nous permet d’être présent aujourd’hui sur la Terre Adélie, ce bout de France aux confins du monde sur ce continent consacré à la paix et à la science. 

185 ans après leurs illustres prédécesseurs, les hivernants de la 75ème mission française se sont rendus sur l'île du débarquement afin de rendre hommage à ces aventuriers qui ont amené un bout de France sur ce continent de glace. 

Les hivernants déploient le drapeau tricolore au sommet du rocher du débarquement, comme l'avaient fait leurs illustres prédécesseurs, il y a 185 ans. Photo: Alice GROS

 

jeudi 24 juillet 2025

Portrait d'Adélien - Lambert DUFRAISSE, le mécano des pôles, des loups de Russie aux moteurs de l'Antarctique

 Chaque jeudi (ou presque...), nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un de nos compatriotes du bout du monde. Vous découvrirez les portraits de ces hommes et de ces femmes qui exercent leur art dans le territoire français le plus éloigné de la métropole, en Terre Adélie, sur le grand et mystérieux continent blanc.

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Cette semaine, nous vous présentons Lambert DUFRAISSE, 26 ans, qui nous vient du département de la Mayenne et qui occupe la fonction de mécanicien engin pour la Base Dumont d'Urville. 

Après un bac scientifique, Lambert intègre une école d'ingénieur à Paris, l'institut catholique d'Arts et Métiers. Durant ses études, il réalisera un apprentissage de 3 années au sein de la société Arquus, anciennement Renault Trucks Defense, spécialisé dans la fabrication de véhicules militaires. Il réalisera ensuite son stage de fin d'étude en Algérie, dans le bâtiment, l'opportunité intéressante de vivre une aventure différente et d'être sur le terrain. 

 

Diplôme en poche, notre jeune ingénieur va intégrer la société Vinci au cœur de Paris en qualité d'ingénieur de travaux. Pourtant, rapidement, Lambert perçoit l'appel des sirènes, celles de ses passions, de sa campagne, loin du centre-ville oppressant de Paris. Chaque week-end, il s'éloigne de la capitale pour retrouver sa vie à la campagne, ses défis mécaniques et participer à des rallyes historiques. 

Il décide donc de quitter la grande ville pour retourner vivre au rythme de ses passions. Ce grand départ est alors pour Lambert, l'occasion de postuler en tant que mécanicien engin en Antarctique, une parenthèse dans sa carrière.

Cependant, pour réellement comprendre notre personnage, et sa soif d'aventure, il faut se tourner sur sa vie, son éducation et ses passions, qui sont les vraies raisons de sa présence dans nos contrées lointaines. 


C'est avant tout, une histoire de transmission de passion par l'éducation. Lambert et son frère jumeau vont évoluer dans une famille avec deux figures parentales inspirantes. 

D'abord, une mère, photographe animalière, passionnée par les pôles, les aventuriers pionniers dans la conquête des terres extrêmes ou des montagnes inaccessibles. C'est dans cette passion pour les pôles, le froid et la neige, que Lambert et son frère vont grandir. A 10 ans, les deux enfants suivent leur mère en Russie, ils traqueront avec elle les loups et aideront dans des refuges recueillant les loups en vue de leur réinsertion dans la population sauvage. 

 

Leur mère les amènera plusieurs fois au Canada, à l'aventure dans des parcs à loups, leur apprenant à évoluer avec des chiens de traineaux. Parfois, en mal d'aventures, au cœur de la Mayenne, sur ses terres, elle les habituera à dormir dans une cabane quand le thermomètre chute en dessous des 0°C, les familiarisant avec les conditions polaires qu'elle apprécie tant. Ils entraîneront même leurs propres chiens de traineaux en Mayenne, attelés à des karts ... 

Le foyer familial, où trône dans le salon une photo de Paul Emile Victor devant son Weasel vous l'aurez compris, prédestine à une vie d'aventure. 

Son père, lui, est passionné de mécanique, de travaux manuels et d'histoire. Il embarque ses deux fils sur les routes, lors de rallyes de véhicules anciens, qu'il retape et entretien lui-même. Rapidement, il associe ses deux fils à sa passion. A 14 ans, il donne aux deux frères des pièces détachées d'une Jeep, une sorte de rituel initiatique. D'abord avec l'aide de son père, Lambert et son frère entreprennent leurs premières rénovations de véhicules anciens, puis rapidement ils gagnent en autonomie et dépassent leur maître. 

A 16 ans, ils reçoivent leur premier camion de 1944, récupéré dans une grange de campagne. Ils le retapent et le remettent en route. Puis tout s'enchaîne, la passion a glissé sur la nouvelle génération, leur père ne contrôle plus rien, il a créé des monstres de la rénovation de véhicules historiques. 

Les deux frères jumeaux sont très proches, et se motivent mutuellement pour faire vivre cette passion. 

Finalement, c'est la vie d'aventure transmise par sa mère et la passion mécanique transmise par son père qui vont lui donner l'envie et les compétences pour cette aventure polaire.  

 C'est donc l'histoire des pionniers qui lui ont fait découvrir l'Antarctique plutôt que son histoire moderne. 

Revenons maintenant au présent, dans notre hiver polaire, au cœur de l'Antarctique.  

Lambert a pour rôle sur base de veiller à la disponibilité du parc de véhicule de la base. Il s'assure donc que tous les véhicules sont fonctionnels et prêt à l'emploi. Il assure la conduite des engins et la logistique interne. Il assure les maintenances préventives sur l'ensemble du parc et les dépannages éventuels. Notre aventurier, très polyvalent, met aussi la main à la pâte pour répondre aux différents besoins techniques de la base. Il apprécie de pouvoir se familiariser, au contact de ses collègues des différents corps techniques, à la plomberie, l'électricité, la menuiserie, etc.... C'est aussi pour lui, l'occasion de développer ses connaissances et sa polyvalence. 

Lambert apprécie le paysage de notre bel archipel, en particulier lorsqu'il déneige la base à bord de la dameuse, face au lever du soleil. Et puis, il apprécie le climat et ses contraintes si singulières au quotidien. Il fait ici des choses qu'il n'aurait jamais cru faire. Démarrer des véhicules sous les -25°C, faire de la mécanique dans ces conditions extrêmes, piloter des véhicules sur la banquise en zigzaguant entre les congères, immergé dans un désert blanc et ses dunes de neige, créer des rampes d'accès pour les véhicules entre les îles et la banquise... Peu de personnes sur Terre peuvent déclarer dans leur CV avoir la compétence de créer des rampes d'accès à la banquise... Lambert fait à présent partie de ce club très restreint des mécanos polaires. 

Lambert, vous l'aurez compris, c'est avant tout un aventurier à la recherche d'une vie polaire authentique, sur la trace des illustres pionniers. Personne n'ignore que la nuit, il rêve secrètement que la centrale électrique défaille et nous oblige à vivre à l'ancienne, dans le froid glacial de l'Antarctique, éclairés aux bougies et chantant des chansons paillardes entre compagnons d'infortune, autour d'un bon rouge.


 Dans l'attente de cette éventualité, il a décidé d'adopter un style capillaire plus primaire et authentique et arbore à cet effet, une barbe de "pionniers de l'Antarctique", dont il refuse de se séparer. Vous le reconnaitrez alors sur la base, à sa longue barbe gelée dépassant de sa salopette de mécano. Après quelques secondes d'étonnement, vous comprendrez que ce n'est pas Mario Marret qui remonte de sa cabane en contre-bas de l'île mais bien Lambert qui remonte de son garage au bâtiment 22. 

 

Notre mécano s'est d'ailleurs présenté aux élections du ONZTA, qui remplace symboliquement le DISTA lors de la semaine de la MidWinter. Tête de liste du parti du Pâté Vin Rouge, il a fait campagne autour de valeurs traditionnelles, prônant haut et fort, un Antarctique Authentique. Cependant, il ne parviendra pas à réunir suffisamment de suffrages et se retirera au profit d'une autre liste.    

 

Une anecdote à nous raconter ?         

"Quand j'ai postulé à l'institut pour la mission, j'ai regardé un peu trop vite l'annonce. J'étais persuadé jusqu'à l'entretien qu'il s'agissait d'un poste pour les 4 mois de l'Eté austral. Finalement, à ma grande surprise, j'ai découvert que j'avais postulé à la mission d'hivernage d'un an ! Qu'importe, j'ai foncé, je ne voulais pas regretter de passer à côté d'une aventure comme celle-ci.

 

Un mot pour terminer ?      

 "Je m'attendais plutôt à une aventure climatique en venant ici mais finalement je découvre d'abord une aventure humaine"

 


 

jeudi 17 juillet 2025

Portrait d'Adélien - Renaud MARC, l'homme des neiges polaires et des vents glacés

 Chaque jeudi (ou presque...), nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un de nos compatriotes du bout du monde. Vous découvrirez les portraits de ces hommes et de ces femmes qui exercent leur art dans le territoire français le plus éloigné de la métropole, en Terre Adélie, sur le grand et mystérieux continent blanc.

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 Cette semaine, nous vous présentons Renaud MARC, 25 ans, qui nous vient d'Avignon et qui occupe la fonction de Glacio-chimiste sur la base Dumont d'Urville. 

Renaud a initié ses études à l'institut universitaire de technologie (IUT) de Sète, étudiant la chimie avec une option environnement. A l'issue, il entreprend une licence professionnelle à Limoges dans le traitement des eaux et leurs potabilisations. Finalement, notre jeune étudiant ne se projette pas dans ce domaine d'action. Il se lance alors dans une deuxième licence professionnelle en analyse chimique appliquée à l'environnement. 


 A l'issue de cette licence, il intègre le laboratoire d'analyse Phytocontrol à Nîmes. Il y réalise durant 3 années l'analyse des eaux à la recherche des contaminants organiques. C'est dans son lieu de travail qu'il rencontre 2 personnes passionnées par les TAAF dont une ancienne glacio de la TA70, Charlène, qui lui a transmis sa passion, autour d'un verre. Avec son accompagnement bienveillant, notre glacio va d'abord être retenu comme suppléant pour la TA74 avant de renouveler sa candidature en 2024 et d'être cette fois-ci retenu pour rejoindre la 75ème expédition. 


 Sur base, Renaud, aussi appelé "Renardo" par les adéliens ou "Renaud le gars sûr", étudie le cycle de l'eau, notamment à travers ses isotopes. Il analyse ces éléments d'une part dans la neige soufflée qui est plus ancienne et qui a stagné, et d'autre part dans la neige fraîchement tombée. Il analyse également l'humidité présente dans l'air. Ces analyses contribuent à mieux connaître et comprendre l'évolution du climat. De plus, le travail de Renaud vient appuyer et donner des références aux équipes de Concordia qui collectent les carottes de glace et analysent les bulles d'air qu'elles enferment. 


 En parallèle, Renardo étudie la capacité oxydante de l'hémisphère Sud. Pour cela, il analyse les aérosols (en particulier l'Azote et ses dérivés) présents dans la neige et dans l'air. En Eté, l'Azote est rejeté par la neige qui fond et favorise le trou dans la couche d'ozone. L'hiver, l'azote est absorbé par la neige et favorise l'épanouissement de la couche d'ozone. Pour réaliser ces mesures il utilise des filtres à particules qui prélèvent en continu l'air. Ces filtres sont ensuite envoyés en métropole pour analyser la présence des composés captés. Si vous voulez faire un barbecue un midi, ne jamais oublier de prévenir Renaud afin de ne pas perturber ses analyses ! Il prélève également des échantillons de neige qu'il fait fondre puis qu'il piège dans de la résine avant de les envoyer également en métropole pour analyse. 



Enfin, Renaud suit l'évolution de la hauteur de glace sur le continent, toujours pour l'étude du climat Antarctique, il réalise pour cela des "manips en H", consistant en des mesures sur une cinquantaine de piquets témoins plantés dans la glace en forme de H.  

L'emploi du temps de notre glacio-chimiste est très variable, il a des tâches fixes à réaliser chaque jour, des maintenances préventives de l'ensemble des équipements, le changement de ses filtres, les prélèvements de neige et leurs traitements, il corrige les pannes éventuelles des équipements en relation avec les laboratoires des différents programmes, il note la teneur quotidienne en Ozone, ...


 Mais finalement, à l'inverse du lidariste Ismaël, notre Glacio est particulièrement sollicité lors des tempêtes de neige, en effet, à chaque épisode neigeux, il doit réaliser les prélèvements de neige toutes les 2h, parfois durant toute la nuit et dans des conditions très défavorables et inconfortables, seul dans l'obscurité polaire, alors que tous les hivernants dorment plus ou moins paisiblement.


  Finalement, peu de chance que notre Lidariste et notre glacio se croisent. Souvent, quand l'un est sur le pont, l'autre est dans les bras de Morphée. La légende ne dis pas que c'est la même personne mais simplement qu'on ne les a jamais vu au même endroit au même moment... 

 Vous le croiserez peut-être un soir en rentrant du séjour après le film du Dimanche soir, dans sa tenue violette de l'institut polaire, relique d'une autre époque, coiffé de son bonnet aux motifs de flocons de neige, souvent recouverts eux-mêmes de nombreux flocons de neige. Vous le verrez sortir du brouillard, tel un yéti des neiges, d'un pas ferme et assuré, le regard malicieux. Malgré les apparences trompeuses de ce jeune blondinet, ce n'est pas sa couleur de cheveux naturelle, il a suivi la mode de beaucoup d'hivernants durant la MidWinter et s'est décoloré les cheveux. Un résultat aux effets garantis naturels et discrets.

Si par un heureux hasard, il ne neige pas, alors, en rentrant au dortoir, vous le verrez sûrement assis à son bureau, éclairé par l'écran de son ordinateur, au fond de Géophy, en train d'écrire son dernier roman fantastique qu'il partage avec les autres hivernants. C'est ici que Renaud trouve l'inspiration pour faire naître toutes sortes de créatures et personnages de mondes fantastiques.  

Pour le reste, Renardo fait de la lecture mais également de la course à pied et du renforcement musculaire. Parfois, il s'offre une petite séance de jeux vidéo. 

Renaud fait également parti de l'équipe de rédaction du pétrel enchaîné, où il rédige chaque mois, entre autres, la rubrique du "Roast d'Acétone", un Roast (Récit ou portrait satirique visant un hivernant de la base, lequel est tenue de le prendre avec bonne humeur et auto-dérision). Chacun y prend pour son grade pour le plus grand plaisir des autres hivernants, toujours inquiet que leur tour approche lors de la prochaine édition. On entend alors glousser de part et d'autre du séjour les lecteurs de la gazette.

Renaud imite les hivernants en "PLS" après le Roast qu'il leur inflige mensuellement

 Renardo est également membre de l'équipe Rescue de la base, prêt à bondir en cas d'accident. 

Renaud, c'est aussi, comme l'un de ses surnoms le laisse entendre, un "gars sûr", fiable, d'humeur constante, apprécié par tous les hivernants, il a la pêche, toujours un petit rire ou une mimique quand vous le croisez, même au cœur de la nuit polaire, même quand il vient de passer la nuit dans la tempête, à gratter de la neige et qu'il a plus de neige au visage que dans ses tubes de prélèvement. 

 


Renaud est dans son élément ici, "j'adore la vie sur base, le rythme de vie, c'est comme une grande colonie de vacances, je m'y sens vraiment bien". 

La vie en communauté n'est finalement pas une difficulté pour lui au contraire, "J'appréhendais un peu la vie en petite communauté mais finalement, c'est un des points que j'aime beaucoup ici"

Il apprécie l'environnement qui nous entoure et ses nombreux animaux. "En cas de coup de mou, je sors, je regarde le paysage extraordinaire qui nous entoure et ça disparaît, entouré d'une telle beauté, je n'ai pas le droit d'avoir un coup de mou

Renaud aime les promenades sur la banquise, face à la beauté bleutée des glaciers.  

 

Quand le ciel est dégagé et que l'activité solaire récente nous offre de magnifiques aurores australes, Renaud est aux premières loges, "Je pourrais rester des heures à regarder les aurores"

Le soleil est aussi un spectacle pour notre chimiste, "Les lumières offertes par le soleil sur la ligne d'horizon au cœur de l'hiver sont magnifiques

 Enfin, il apprécie l'organisation du travail sur base "J'aime mon travail et le fait de pouvoir organiser moi-même mes semaines"

 Une anecdote à nous raconter ?   

 "Il y a une énigme que l'on essaye de résoudre avec mes camarades de Géophy, Victor, l'informaticien science et Théo, l'électronicien science, on essaye de savoir qui est le doyen de la TA, en termes d'ancienneté sur le sol de Terre Adélie. Après de longs débats, il semblerait que ni Victor, ni Théo n'ai été les pionniers. De toute évidence, je suis donc le doyen de la TA 75 ! En sortant de l'avion le premier, j'ai foulé le sol de Terre Adélie avant tous les autres hivernants !

Un mot pour terminer ? 

"Je suis hyper heureux d'être ici, c'est une vraie chance. Je suis fier de pouvoir participer à des études sur l'environnement. Cette aventure m'a énormément donné envie de voyager, ce que j'envisage de faire à l'issue de ma mission. Difficile de retourner tout de suite dans un laboratoire quand on a vécu une aventure pareille.



 

     

mardi 15 juillet 2025

Fête nationale à Dumont d'Urville - 14 Juillet 2025

 Hier, les Adéliens, en harmonie avec leurs concitoyens français du monde entier, ont célébrés la fête nationale du 14 Juillet ! 

Cérémonie en présence de Pierre BASCELLI, chef du district, Corentin. G, Radio et Gregory. S, Chef BCR

 Malheureusement, le défilé motorisé prévu sur la base a dû être annulé en raison ... d'une tempête de neige ... pas courant comme motif d'annulation d'une fête du 14 Juillet ! Mais ici, rien de bien étonnant finalement, au cœur de l'hiver ... 


C'est donc au séjour que les hivernants se sont retrouvés afin de fêter ce 14 Juillet. Une fois la Marseillaise jouée, marquant la fin de la cérémonie militaire, tous les hivernants se sont retrouvés autour d'une coupe de champagne pour fêter fraternellement les valeurs de notre nation. 

Lambert, notre mécanicien engin et Amandine, notre ornitho
 

Steven, notre électricien

Les hivernants, relookés aux couleurs de la France, ont alors profité d'un bon déjeuner préparé par Alice, notre cuisinière et d'un dessert très français ... préparé par Narcisse notre pâtissière. 

Buffet du 14 Juillet, préparé par Alice, notre cuisinière

 

Desserts du 14 Juillet, réalisés par Narcisse, notre pâtissière

Narcisse et Alice devant leur buffet du 14 Juillet.

Vive la République ! Vive la Terre Adélie ! et Vive la France !  

 

samedi 12 juillet 2025

Fortes chutes de neiges en ce début de mois de Juillet 2025

 En Antarctique, la météo n'est jamais modérée. La neige hivernale envahie la base, les accès à certains bâtiments deviennent impossible, bloqués par d'énormes congères dont la hauteur atteint les toitures des bâtiments. Ces congères formées par la neige, soufflée par les puissants vents du continent, rendent les déplacements d'un bâtiment à l'autre complexes.   

Le début du mois de Juillet a été particulièrement neigeux, avec un cumul de neige estimé à plus d'1m80 depuis le début du mois, dont 1m50 en moins de 48h.  

Après chaque tempête de neige, les hivernants prennent les pelles et dégagent les accès, un rituel quotidien.

Déneigement à la pelle d'une des passerelles de la base par notre informaticien.
 

Mais les hivernants font aussi preuve d'adaptation, lorsque les tempêtes sont trop importantes et que les chutes de neige s'inscrivent dans la durée. Quelques uns d'entre eux ont donc entrepris de construire des réseaux de tunnel pour faciliter les accès aux bâtiments principaux. Utile et en même temps esthétique et symbolique, le jeune ouvrage n'a "presque" rien à envier aux tunnels souterrains de la base russe de Vostok, voisine d'un peu plus de 1600 kms ou de la base américaine Amundsen-Scott au pôle Sud... ;p

 

                                         Les hivernants de DDU creusent un nouveau tunnel pour accéder au séjour 

 

                                                              Tunnels d'accès au séjour une fois le chantier terminé.

 

vendredi 4 juillet 2025

MidWinter 2025 - Au coeur de la nuit polaire

Retour en arrière, il y a 2 semaines....

Les hivernants de la 75ème mission française en Antarctique fêtaient l'apogée de la nuit polaire, la journée la plus courte de l'année, le 21 Juin. 

La semaine de la MidWinter, comme le veut la tradition, a été une semaine de vacances bien chargée en activités originales et en festivités. 

La semaine a commencé par la traditionnelle élection du Onzta, qui remplace symboliquement le DISTA pendant cette semaine exceptionnelle. Cette année, malgré une campagne opposant pas moins de 4 partis politiques aux idées pour le moins très différentes et souvent extravagantes, c'est le parti du Serpent Sanglier mené par Hugo, notre jeune électricien, qui a remporté les élections. Hugo a donc endossé avec brio le rôle de ONZTA durant toute cette semaine. 

Au programme de cette belle MidWinter, des apéros jeu de piste, de très bons repas et buffets, une grande soirée discothèque au 22 (Garage), des bains chauds, une chasse au trésor à travers les îles de l'archipel, une soirée incroyable talents des hivernants, des projections de film sur iceberg, une soirée film d'horreur en Antarctique "The thing" et enfin, une belle cérémonie de clôture sur la banquise éclairé aux flambeaux. 

Un grand merci à tous les hivernants qui se sont mobilisés pour organiser toutes ces belles activités ! 

Carte de vœux de la MidWinter adressée aux autres stations antarctiques comme le veux la tradition. 


Les spectateurs de la séance de film du soir se rendent sur le lieu de projection (Iceberg de la météo)

Projection sur l'Iceberg de la météo

Projection sur l'Iceberg de la météo
 
 
Soirée du 21 Juin au bâtiment 22 (Garage) 

 
Soirée de clôture de la MidWinter

Les hivernants s'éclairent dans la nuit polaire avec les flambeaux

 
Cérémonie de clôture de la MidWinter - La TA 75 brille sur la banquise.