jeudi 6 octobre 2022

Les aléas des transferts banquise

Le 23 septembre dernier, je vous ai laissés en plein suspens, car après avoir présenté les transferts en préparation de la campagne d'été, je ne vous ai pas tenus informés des opérations. Je poursuis donc sur ma lancée et comme un symbole par ce salut amical adressé depuis les hauteurs du continent (au lieu dit D3, toujours pour les puristes), je reprends le fil de la conversation.

Nicolas PERNIN/ Institut Polaire Français

Bon, autant lever le voile tout de suite: Les transferts de gazole et de conteneurs se sont achevés le mardi 4 octobre. Ce fût une opération menée avec succès sous la "maestria" du responsable technique de l'équipe, Nicolas. Mais, ça n'a pas été sans difficultés.....

Les douze cuves hivernées en février dernier sur les hauteurs du continent ont toutes été descendues. Sur le plan sécuritaire, ce n'est pas une opération simple car étant donné le degré d'inclinaison de la pente à franchir, outre le "Challenger de tête", on sécurise une éventuelle glissage de la cuve, à la reliant à la dameuse qui suit. Une opération technique longue et délicate.

Nicolas PERNIN/ Institut Polaire Français

Regroupement sur la banquise au pied du continent.

Nicolas PERNIN/ Institut Polaire Français

Et lorsque tout est descendu, on ramène sur la piste du Lion à 7 kilomètres de là. En principe, ça se passe bien.... sauf quand on sort de piste au nord de l'ile des pétrels, à 400 mètres de l'arrivée....

Nicolas PERNIN/ Institut Polaire Français

.....parce que la piste cède sous le poids de l’attelage (15 tonnes pour le tracteur "Challenger" et 4 tonnes pour la cuve vide). Rassurez-vous, aucun risque de passer à travers la banquise, elle a été sondée et re-sondée. Nous avons 1,30 mètres d'épaisseur de glace bien solide sous les chenilles à cet endroit.

Nicolas PERNIN/ Institut Polaire Français

Non, le problème vient d'une accumulation de neige fraiche (cinq tempêtes dans le mois de septembre) qui par endroit atteint un mètre d'épaisseur avant que l'on ne puisse trouver la banquise. Cette neige n'a pas eu le temps de durcir, ni d'être chassée par le vent. Une vraie "farine" sans aucune consistance, dans laquelle on s'enfonce avec ce type de convois lourds, surtout si nous avons quelques remontées d'eau dues à la marée (comme sur la photo de droite).

 Nicolas PERNIN/Institut Polaire Français

Le "Challenger" ne fut pas le seul à y avoir droit, le "John Deere " a aussi gouté aux joies de l’enlisement. Et quand c'est planté,.....c'est planté ! Il faut pouvoir dé-atteler la cuve (pas toujours très simple) et puis le tracter. 3h pour sortir le "John Deere" de son inconfortable position. Autant vous dire que pendant ce temps-là, les transferts ne progressent pas beaucoup.

Nicolas PERNIN/ Institut Polaire Français

Complètement "ventousé" à la neige molle, il a fallu la puissance de la dameuse additionnée à celle du Challenger" pour le tracter par l'arrière. Tout ça sous les yeux des hivernants non engagés dans l'opération, qui suivent les tentatives de dégagement du tracteur depuis la base, bien au chaud.

Nicolas PERNIN/ Institut Polaire Français

Changement de tactique. Ça ne passe pas par le nord de l'ile des pétrels ? Qu'à cela ne tienne, on passera par le sud. Direction le "pré" et sa belle glace. Seul inconvénient de taille, le "pré" est le lieu de passage préféré des milliers de manchots empereurs. Pas question de les brusquer, il faut composer, rouler à très faible allure et petit régime moteur pour ne pas effrayer "les pépères placides".

Une fois les 500 m3 de gazole transférés (en quatre longues journées de travail), il restait deux conteneurs à faire passer sur le continent, ce qui fut fait le mardi 4 octobre. Un nouveau type de convoi.

Nicolas PERNIN/ Institut Polaire Français
Nicolas PERNIN/ Institut Polaire Français

Beau temps pour l'ultime jour de transfert de cette première phase, la plus essentielle. Il y en aura prochainement une seconde, plus limitée. Presque du gâteau.

Nicolas PERNIN/ Institut Polaire Français

Et voilà le résultat sur le continent (à D0). Cuves et conteneurs bien rangés en attendant les campagnards d'été qui prendront le relais pour préparer les raids vers Concordia. Les bouchons de Champagne peuvent sauter (et ils ont sauté😎).

Nicolas PERNIN/ Institut Polaire Français

 Un grand merci à tous ceux qui se sont mobilisés pour cette réussite de la TA 72.

5 commentaires:

  1. Lectrice e-assiDDU8 octobre 2022 à 00:17

    Merci Monsieur DISTA pour toutes ces informations, belle équipe et jolies photos... Bonne fin d'hivernage les Adéliens de la TA 72.

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  2. Félicitations à l’équipe et au responsable technique... qui assure apparemment autant en Adélie qu’il le faisait dans le Jura! Nous sommes quelqu’uns à être fiers de lui!

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  3. Moi, je suis remuée à chaque lecture,
    Admirant et celles et ceux qui endurent
    Neige, froid et tempêtes en Antarctique,
    Chaudement soudés par cet esprit d’équipe…
    Hip Hip Hip Hourra ! Merci pour ce partage,
    Où se mêlent textes et sublimes images,
    Témoignages de vos activités variées….

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  4. Bon boulot Nico et toute l'équipe.
    Seb, chef tech TA 71

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