lundi 10 juin 2024

Portrait de Bastien, notre plombier en chef !

Après de multiples demandes dans les commentaires, voici le tant attendu portrait de notre cher plombier, Bastien, qui malgré son jeune âge en est déjà à son troisième hivernage en Antarctique !

« Ça y est c'est le tour du plombier-chauffagiste !

 

Bastien Leray notre plombier-chauffagiste - © Céline Dupin (Médecin TA72)

Je suis chauffagiste depuis disons 15 ans, quand j'ai eu mon diplôme. J'ai eu la chance d'être formé par un très bon artisan avec une très bonne équipe dynamique et efficace. Une vraie deuxième famille avec qui je garde de très bons souvenirs. Quelques années et diplômes plus tard je me retrouve donc à postuler pour un hivernage à Dumont d'Urville !

 

Chaufferie - © Christian Didier (plombier campagnard d'été)

Cette année avec la TA74 marque déjà mon troisième hivernage, après la TA69 & 72 me revoilà à nouveau en Terre-Adélie pour mener à bien mes projets. Grâce à l'Institut polaire français, j'ai à nouveau la chance de pouvoir revenir encore cette année pour terminer certains travaux que j'avais commencé les années d'avant. Certains chantiers prennent parfois des années, et ce pour différentes raisons : budget, matériels, conditions météo, et même l’accès à certaines zones d'interventions parfois délicates à proximité des manchots. Ces fameuses zones sont soumises à autorisations pour intervenir dans des conditions avec le moins d'impact possible pour les oiseaux.

Le plombier travaille partout, dedans, dehors, sur les toits, sous les bâtiments… Toutes ces acrobaties nécessitent un minimum de souplesse. Il faut aussi être polyvalent et pouvoir adapter sa façon de penser et de travailler dans ce milieu exigeant qu'est l'environnement polaire. Il faut toujours aller au bout des choses, je dirais que la règle d'or ici, c'est que lors d'un dépannage on doit toujours traiter les causes de la panne, et après seulement si besoin les conséquences. Traiter uniquement les conséquences revient à pousser les miettes sous le tapis, jusqu'à ce qu'on se prenne les pieds dedans et parfois c'est le plombier suivant qui prend.

 

Intervention en extérieur - © Christian Didier (plombier campagnard d'été)

L'ennemi public numéro 1 du plombier-chauffagiste ici, ce sont les températures négatives. Pour éviter le gel sur nos installations de chauffage nous utilisons du glycol à 50 % (un antigel). Ce glycol permet surtout de gagner du temps si jamais il y a une avarie sur une pompe, en effet la deuxième solution pour éviter le gel c'est d'assurer une constante circulation dans les réseaux.

Pour les bâtiments équipés de réseaux sanitaires nous avons une boucle, donc une arrivée et un retour d'eau. Le retour de cette eau passe par un débitmètre à la centrale qui nous permet de confirmer la bonne circulation et donc d'éviter le gel.

Les avaries sur place sont diverses et variées, pression, débit, gel, panne matériel, fuites, évacuations bouchées et bien sûr le fleuron des pannes, les fameux sanibroyeurs bouchés/bloqués, bref que du bonheur.

Heureusement le plombier peut s'appuyer sur son équipe technique, composées des meilleurs techniciens dans leurs domaines à 1000 km à la ronde. Ces derniers sont essentiels, surtout lors des opérations majeures qui nécessitent une intervention rapide de jour comme de nuit, dans le but d'impacter le moins possible la vie des autres hivernants sur place.

Contrairement à ce qu'on peut lire sur internet le vrai plombier n'est pas celui qui laisse la lune se lever quand il se penche, mais celui qui prouve sa capacité à solutionner les problèmes techniques qui peuvent survenir durant l'hivernage.

 

Nouvelle chaufferie du séjour - © Bastien Leray

 Le travail ici n'est pas la seule chose qui m'a fait revenir, les animaux, le glacier, les icebergs, le silence, le calme de la banquise, les bruits de la glace et bien-sûr le ciel. Les photos de nuit avec la voie lactée et les aurores sont de loin ma première motivation pour ce troisième hivernage. J'ai la chance de pouvoir allier un travail motivant et un environnement exceptionnel, et ça c'est assez rare !

 

 Vue au nord depuis la station - © Bastien Leray

J'ai appris à faire des photos ici à Dumont d'Urville lors de mon premier hivernage, je me suis perfectionné avec le temps et j'ai principalement appris de mes erreurs. A la fin de mon premier hivernage j'ai commencé à faire des panoramiques, parce-qu'à l'époque j'étais assez frustré d'avoir des aurores et une voie lactée coupées sur mes photos. Depuis ce moment j'ai eu une petite révélation, les panoramiques nocturnes étaient plus exigeantes qu'une simple photo, plus techniques et ça me plaisait. Je pouvais enfin figer l'instant présent à 360°. Mes goûts en termes de photos ont évolué et ce sont affutés avec le temps, étant très exigeant je suis toujours en quête de la photo "parfaite", que j'espère pouvoir faire cette année. Je ne partage pas mes photos sur internet ni sur aucun réseau, et je ne sais pas si je le ferais un jour. J'utilise 3 appareils photo en même temps pour faire mes panoramiques, chacun prend une portion du ciel et je pivote ensuite l'ensemble des trois pour atteindre les 360°. Du coup une panoramique comporte à elle seule 45 photos minimum, le résultat est très détaillé mais trop lourd pour la mettre sur un site, sans parler de la compression pour les réseaux sociaux. Je destine donc plus mes photos à de grands ou très grands tirages pour apprécier au mieux les détails. Malgré la compression du site, voilà une petite portion du ciel d'une de mes panoramiques nocturnes pour illustrer tout ça.

Voie lactée et nuages de Magellan - © Bastien Leray

 

6 commentaires:

  1. Bravo Monsieur le plombier-chauffagiste-photographe! Merci pour toutes ces précisions et bonne continuation. Prenez bien soin de vous tous.

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  2. Yeeeeeesssss !!!!!!!!! Nous y sommes arrivés !
    En tout cas, très joli parcours et article passionnant.
    Merci et bonne continuation.
    A bientôt. La bise.

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  3. La plus belle lune de DDU <3

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  4. La plombier aurait également pu parler des difficultés qu'il rencontre au cour de matchs endiablés au ping-pong face à ces adversaires.

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    1. Laurent, le jour où tu me feras passer sous la table de ping-pong à cause d'un 11-0 n'est pas prêt d'arriver, contrairement à toi au babyfoot... Les trous dans tes jeans au niveau des genoux en sont témoins !

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  5. Bravo Bastien, très bel article, très intéressant (pour la souplesse c'est maman!)

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