Après de multiples demandes dans les commentaires, voici le tant attendu portrait de notre cher plombier, Bastien, qui malgré son jeune âge en est déjà à son troisième hivernage en Antarctique !
« Ça y est c'est le tour du plombier-chauffagiste !
Bastien Leray notre plombier-chauffagiste - © Céline Dupin (Médecin TA72)
Je suis chauffagiste depuis disons 15 ans, quand j'ai eu mon diplôme. J'ai eu la chance d'être formé par un très bon artisan avec une très bonne équipe dynamique et efficace. Une vraie deuxième famille avec qui je garde de très bons souvenirs. Quelques années et diplômes plus tard je me retrouve donc à postuler pour un hivernage à Dumont d'Urville !
Chaufferie - © Christian Didier (plombier campagnard d'été)
Cette année avec la TA74 marque déjà mon troisième hivernage, après la TA69 & 72 me revoilà à nouveau en Terre-Adélie pour mener à bien mes projets. Grâce à l'Institut polaire français, j'ai à nouveau la chance de pouvoir revenir encore cette année pour terminer certains travaux que j'avais commencé les années d'avant. Certains chantiers prennent parfois des années, et ce pour différentes raisons : budget, matériels, conditions météo, et même l’accès à certaines zones d'interventions parfois délicates à proximité des manchots. Ces fameuses zones sont soumises à autorisations pour intervenir dans des conditions avec le moins d'impact possible pour les oiseaux.
Le plombier travaille partout, dedans, dehors, sur les toits, sous les bâtiments… Toutes ces acrobaties nécessitent un minimum de souplesse. Il faut aussi être polyvalent et pouvoir adapter sa façon de penser et de travailler dans ce milieu exigeant qu'est l'environnement polaire. Il faut toujours aller au bout des choses, je dirais que la règle d'or ici, c'est que lors d'un dépannage on doit toujours traiter les causes de la panne, et après seulement si besoin les conséquences. Traiter uniquement les conséquences revient à pousser les miettes sous le tapis, jusqu'à ce qu'on se prenne les pieds dedans et parfois c'est le plombier suivant qui prend.
Intervention en extérieur - © Christian Didier (plombier campagnard d'été)
L'ennemi public numéro 1 du plombier-chauffagiste ici, ce sont les températures négatives. Pour éviter le gel sur nos installations de chauffage nous utilisons du glycol à 50 % (un antigel). Ce glycol permet surtout de gagner du temps si jamais il y a une avarie sur une pompe, en effet la deuxième solution pour éviter le gel c'est d'assurer une constante circulation dans les réseaux.
Pour les bâtiments équipés de réseaux sanitaires nous avons une boucle, donc une arrivée et un retour d'eau. Le retour de cette eau passe par un débitmètre à la centrale qui nous permet de confirmer la bonne circulation et donc d'éviter le gel.
Les avaries sur place sont diverses et variées, pression, débit, gel, panne matériel, fuites, évacuations bouchées et bien sûr le fleuron des pannes, les fameux sanibroyeurs bouchés/bloqués, bref que du bonheur.
Heureusement le plombier peut s'appuyer sur son équipe technique, composées des meilleurs techniciens dans leurs domaines à 1000 km à la ronde. Ces derniers sont essentiels, surtout lors des opérations majeures qui nécessitent une intervention rapide de jour comme de nuit, dans le but d'impacter le moins possible la vie des autres hivernants sur place.
Contrairement à ce qu'on peut lire sur internet le vrai plombier n'est pas celui qui laisse la lune se lever quand il se penche, mais celui qui prouve sa capacité à solutionner les problèmes techniques qui peuvent survenir durant l'hivernage.
Nouvelle chaufferie du séjour - © Bastien Leray
Le travail ici n'est pas la seule chose qui m'a fait revenir, les animaux, le glacier, les icebergs, le silence, le calme de la banquise, les bruits de la glace et bien-sûr le ciel. Les photos de nuit avec la voie lactée et les aurores sont de loin ma première motivation pour ce troisième hivernage. J'ai la chance de pouvoir allier un travail motivant et un environnement exceptionnel, et ça c'est assez rare !