jeudi 27 mai 2021

Courir sur la banquise : une échappée vers le rocher de la Dent...

La course à pied sur la glace de mer a déjà fait l’objet de plusieurs articles en 2017, que vous pouvez retrouver ICI, ICI et ICI.

La mission TA71 compte également quelques amateurs de "running", qui ont pu s'initier, depuis la consolidation de la banquise, à la course sur la glace.

Thomas, Nathan et Laurent © Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

La sortie du jour consistait à aller jusqu'au rocher de La Dent, au nord de l'île des Pétrels, pour revenir ensuite par les îles du zodiaque.

Le rocher de La Dent © Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français
 
Le parcours (cf. plan ci-dessous) est d'une longueur d'un peu plus de 9 km et la température de -25°C, quasiment sans vent.

La lumière est magnifique à cette saison car le soleil est très bas sur l'horizon.

Serge et Nathan © Laurent LIFFRAUD - TAAF/Institut Polaire Français

Les reliefs et les formes des icebergs sont mis en valeur par les ombres et les couleurs orangées.

© Laurent LIFFRAUD - TAAF/Institut Polaire Français

© Laurent LIFFRAUD - TAAF/Institut Polaire Français

Les "micro spikes", petits crampons très légers, permettent d'avoir une excellente adhérence sur la glace sans trop gêner la foulée.

Serge, Thomas et Laurent © Nathan CHAIGNAUD - Institut Polaire Français

Le sac à dos de secours est bien entendu obligatoire pour tous les coureurs, ainsi que la radio qui permet de garder le contact avec la base.

© Laurent LIFFRAUD - TAAF/Institut Polaire Français

samedi 22 mai 2021

La tempête Laurent

La tempête Laurent s'est abattue sur l'archipel Pointe Géologie du 19 au 21 mai.

© Météo France - Dumont-D'Urville

Le vent a soufflé en moyenne (en jaune sur le graphique ci-dessus), entre 100 et 130 km/h et les rafales (en gris) entre 130 et 180 km/h avec une pointe maximale à 206 km/h.

© Météo France - Dumont-D'Urville

Le toit de l'abri de gonflage des ballons météo n'a pas résisté et une partie des tôles a été arrachée par le vent.

© Sébastien JULLIEN-PALLETIER - Institut Polaire Français

Les déplacements entre les bâtiments sont périlleux pendant ces périodes et il faut se cramponner solidement, à deux mains, aux rambardes qui longent les passerelles.

mercredi 19 mai 2021

Ponte de manchot Empereur : une vidéo sur le vif

Un œuf de manchot Empereur pèse environ 465 g et mesure à peu près 12 cm de long pour 8 cm de diamètre. La coquille est très épaisse.

Afin d'éviter le contact avec la glace, le manchot Empereur conserve son œuf sur ses pattes et le recouvre d'un repli de peau afin d'y conserver une température de 30 °C environ.

La vidéo ci-dessus a été tournée il y a quelques jours dans la colonie de l'archipel de la Pointe Géologie, par Camille MERMILLON, qui étudie les manchots Empereur pour le compte du programme 109 "Ornithoéco".

dimanche 16 mai 2021

Un exercice grandeur nature

Hier samedi 15 mai a eu lieu un exercice d'entraînement complet au sauvetage sur banquise, de la recherche de la victime au rapatriement et à la prise en charge à l'hôpital.

Tous les hivernants ont été mobilisés. Température -26°C - 15 nœuds de vent.

Le scénario de l’exercice était le suivant :
le Dista (le chef de district) est parti courir seul sur la banquise autour de l'île des Pétrels, comme l'autorise le périmètre de sécurité (zone 1).

Pris d'un malaise (douleur à la poitrine et difficulté à respirer), il a juste le temps de prévenir la radio et d'indiquer approximativement sa position, en l’occurrence au sud de l'île, avant de s'évanouir.

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

Pour l'occasion, un mannequin a été placé à l'endroit correspondant (photo ci-dessus), situé à environ 1 km de la base haute.

Aussitôt, l'alerte est donnée sur la base et les hivernants se regroupent au séjour.

© Michaël BITEAU - Institut Polaire Français

Thomas, le médecin, organise un rapide briefing et distribue les rôles. Pendant que l'équipe N°1, les "lièvres" - deux hivernants entraînés et rapides - partent en premier rejoindre la victime...

© Michaël BITEAU - Institut Polaire Français

... l'équipe n°2  (le médecin et un équipier) et l'équipe n°3 se rendent au local "rescue" (local de secours) pour récupérer le matériel lourd (photo ci-dessous).

Le local "rescue" © Michaël BITEAU - Institut Polaire Français
 
Pendant ce temps là sur la glace....

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

...l'équipe rapide approche de la victime.

Les "lièvres" ont rejoint la victime © Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

Arrivés sur les lieux, les "lièvres font un premier bilan, transmis immédiatement par radio au médecin (victime inconsciente, qui respire, sans blessure apparente).

Le temps de mettre la victime en position latérale de sécurité, l'équipe numéro 2 (médecin plus un hivernant) arrive sur les lieux.

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

Le médecin prend en charge la victime et donne ses consignes aux équipiers sur place.

Thomas le médecin est sur place © Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

L'équipe n°3, chargée du matériel lourd (barquette de transport, oxygène, sac médical "Thomas" etc...) est déjà en vue...

Arrivée de l'équipe n°3 © Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

La victime est installée dans la barquette de transport, avec des couvertures et des duvets pour l'isoler du froid.

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

La barquette est tractée sur la banquise par 3 secouristes. En temps normal, ce serait un véhicule type "Kubota" qui serait directement venu mais les circonstances du jour ne permettent pas à l'engin de sortir de l'île des Pétrels.

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

En effet, l’épaisseur de la glace n'est pas encore suffisante pour tenter une sortie, mais surtout les banquettes (zones de fractures qui entourent l'île) sont en eau à cause de la marée haute.

L'eau remonte par les failles le long des îles © Michaël BITEAU - Institut Polaire Français
 
Le passage des banquette inondées, même à pied, est délicat. Des échelles servent de pont provisoire.


Le passage de la banquette © Michaël BITEAU - Institut Polaire Français

Enfin une fois le pied sur l'île des Pétrels, il est possible de charger la barquette sur le Kubota pour franchir les 400 derniers mètres en montée, avant d'arriver sur la base haute.

© Michaël BITEAU - Institut Polaire Français

Le Kubota se gare au plus près de bâtiment 42, où se trouve l'hôpital.La barquette dans laquelle se trouve la victime est transportée directement en salle de soins.

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

Quatre membres de l'équipe médicale ont préparé l'hôpital pendant le temps du rapatriement de la victime et les premiers soins peuvent être donnés sans perdre de temps.

© Serge FUSTER - TAAF/Institut Polaire Français

La couverture à air chaud (photo ci-dessus), mise en place sur la victime, permet de la réchauffer plus vite.

Cet exercice a duré exactement 55 minutes, du message de détresse à la prise ne charge à l'hôpital.
 

"L'organisation des secours a déjà été abordé ICI sur ce blog, mais il s’agissait pour l'occasion d'un blessé sur l'île des Pétrels." 

mercredi 12 mai 2021

Les sentinelles de l'espace

La surveillance de la glace de mer est une activité constante sur la base Dumont-D'Urville.
Son étendue, son évolution, sa solidité sont suivies par plusieurs moyens, du classique sondage à la tarière aux images satellites les plus sophistiquées.

© European Union - Sentinel 2 data via Sentinel Hub EO Browser

A cette période de l'année, les photos satellites classiques, comme celle ci-dessus, ne sont plus disponibles car il fait nuit au moment des prises de vues.

Heureusement, il existe un moyen très efficace de visualiser la banquise grâce à une paire de satellites de l'agence spatiale européenne (ESA), dénommée Sentinel-1.  

La mission Sentinel-1 est une constellation de deux satellites. Chaque satellite pèse 2300 kg et est équipé d’un instrument radar de pointe pour fournir des images de la surface de la Terre en tout temps, jour et nuit, même avec une couverture nuageuse.
 

© European Union - Sentinel 1 data via Sentinel Hub EO Browser

Positionnés à 693 km d'altitude, ils produisent des clichés en plan large qui permettent d'évaluer très facilement l'étendue de la glace de mer et du pack au large de DDU (cf. photo ci-dessus)....

© European Union - Sentinel 1 data via Sentinel Hub EO Browser

...et d'une qualité suffisante pour zoomer sur l'archipel et calculer les distances vers les polynies les plus proches.

Sur la photo ci-dessus, on remarque que la polynie est à 7,8 km de DDU, distance que parcourent, en ce moment, les femelles manchots Empereur pour repartir se nourrir en mer après la ponte.

"Pour mémoire, les deux satellites qui composent la mission Sentinel-1 ont été lancés à partir de Kourou, en Guyane Française, à l'aide de fusées Soyouz.

Date: 3 avril 2014 - Sentinel-1A, 25 avril 2016 - Sentinel-1B"

samedi 8 mai 2021

Commémoration du 8 mai 1945

Malgré des rafales de vent à plus de 100 km/h, les hivernants de la base Dumont D'Urville se sont réunis au pied du mât des couleurs pour la commémoration du 8 mai 1945.

© Thomas MOUGEOT - TAAF/Institut Polaire Français

Le message de Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre déléguée auprès de la ministre de Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants, a cependant été lu, bien au chaud, à l'intérieur du séjour.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Pour mémoire, le 8 mai est aussi la date anniversaire du décès de Jules Dumont D'Urville.
Il trouva la mort à l'âge de 51 ans, avec sa femme Adèle et son fils de 16 ans, le 8 mai 1842, dans l'accident de train de Meudon, une des premières catastrophes ferroviaires françaises."

mercredi 5 mai 2021

Manchots Empereur : premières pontes à la manchotière.

Au dernier comptage, ils étaient plus de 8200 individus, répartis en plusieurs groupes, constituant la grande manchotière de l'archipel Pointe Géologie.

© Nathan CELLE - Institut Polaire Français

© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français

Les parades ont eu lieu, les couples se sont formés......

© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français

© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français

... et cette semaine, les premières pontes ont eu lieu.

© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français

Le premier œuf a été observé officiellement le 3 mai.

© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français
 
Après un jeûne de 40 jours, la femelle va pouvoir laisser le mâle couver l'oeuf, afin de repartir en mer se nourrir pendant 2 mois.

© Camille MERMILLON - Institut Polaire Français

Pendant cette période et jusqu'à l'éclosion, le manchot empereur mâle va porter l’œuf sur ses pattes, en le recouvrant d'un épais repli de peau pour le protéger du froid. Ils se regrouperont pour former des "tortues", dans lesquelles ils seront suffisamment serrés pour se protéger du froid.

La prochaine étape du cycle reproductif des manchots sera l'éclosion des œufs à partit de mi-juillet.

lundi 3 mai 2021

Petite histoire de la radio HF à Dumont D'Urville

Un article proposé par Gilles DUMONT ancien technicien Radio/Télécoms de la TA55.

------------------------------------------------------------------------------------------------------

Gilles DUMONT lors de la TA55

Il y a 69 ans, sur les ondes radio HF (hautes fréquences -  ondes radio dont la fréquence est comprise entre 3 Mhz et 30 Mhz) à DDU

Cabane Marret © Source Archipôles

Le premier opérateur Radio, sur l’ile des Pétrels, fut Georges Lépineux,en 1952, dans la cabane Marret.

Georges Lepineux et l'équipement de la base Marret © Source Archipôles

Il y a 62 ans, sur les ondes radio HF à 19000km de DDU

Le 1er contact Radio HF entre deux expéditions Polaires Françaises situées l’une au Groenland et l’autre en Terre Adélie fut effectué en 1959 par René Merle.

René Merle © Source Archipôles

Il y a 16 ans, sur les ondes radio HF à 1100km de Dumont d’Urville

Contact RADIO HF pour le 1er hivernage de CONCORDIA et récit des premiers préparatifs de la Midwinter à Dome C raconté par Pascal BORDAIS (cf. extrait vidéo Youtube ci-dessous)



En utilisant l’émetteur 1kw , à tubes électroniques de puissance, sur une antenne W3HH.


Lors de la relève 2004, une réparation majeure sur l’antenne de l’émetteur a été filmée . - L’antenne avait été endommagée lors d’une tempête.

Les deux haubans ont cédé et il était indispensable de les remplacer.L'intervention  a été filmée (cf. vidéo You Tube ci-dessous).


Il s'agit des mâts démantelés cette année : http://terreadelie-antarctique.blogspot.com/2021/04/demantelement-des-anciens-mats-hf.html

 

Enfin plus récemment, pendant les campagnes d’été 2005-2006, des liaisons radio HF ont été établies avec la base italienne Mario ZUCCHELI.

Aujourd’hui, avec l’évolution des techniques, certains pensent que la Radio longue distance n’a plus sa place dans les télécommunications modernes avec les satellites. Et pourtant nous ne sommes pas à l’abri d’avoir nos satellites inopérants lors d’énormes éruptions solaires.

© Source Archipôles

En cas de défaillance de ces liaisons spatiales, les liaisons radios seront indispensables, même avec une absence totale de propagation pendant plusieurs jours.
« Ce fut le cas en 1959, où René Merle relate que durant les périodes de forte activité aurorale observées à Dumont d’Urville en juin , juillet et aout, ont souvent provoqué une absence totale de propagation pendant 8 ou 10 jours ».