mardi 11 décembre 2018

« Et où vont les manchots (Adelie et Empereur) quand ils ne sont pas à DDU ? »

Question-commentaire intéressant(e) de M. Tessier et dont la réponse n’est pas si simple. Le suivi est techniquement ardu. Nos ornithos ont apporté leurs connaissances et ont bûché, voici quelques éléments de réponse :

Lorsqu’ils ne sont pas en période de reproduction, les manchots vont se nourrir en mer (les seuls moments qu’ils passent sur terre sont la reproduction et la mue).
Les Empereurs ne dépassent presque pas le courant circumpolaire en termes de latitude. En termes de distance, ils parcourraient plusieurs centaines de kilomètres, voire un peu plus de mille. A titre de comparaison, en hiver, quand les femelles partent refaire leurs réserves après la pont, elles parcourent de 300 à 1000km sur les deux mois de voyage (avec une importante variabilité d’un individu à l’autre, et suivant les conditions de glace).

Les Empereurs atteignent leur maturité sexuelle vers 4-5 ans. Avant, ce sont des juvéniles, qui vont partir à la découverte et apprendre à trouver leur nourriture, connaître leur environnement : c’est la dispersion.
Cette année, un seul juvénile âgé de deux ans, né à DDU et marqué, a été repéré, quelques individus âgés de trois ans, un peu plus ayant 4-5 ans.
Ils vont se déplacer largement avant de revenir sur la colonie (parcourant sans doute de l’ordre de plusieurs milliers de km).
Une partie des juvéniles va changer de colonie après ce voyage initiatique, comme le montrent des analyses génétiques : il est estimé que dans chaque colonie, il y a entre 1 et 4% de nouveaux arrivants venant d'autres colonies (une fois sur une colonie, les adultes y seront fidèles).

Répartition des colonies connues de manchots Empereurs autour de l’Antarctique (source : programme IPEV 109)

Ci-dessous, une carte indiquant le trajet de quelques juvéniles équipés avant leur départ de la colonie de Dumont d’Urville, donnant une idée de la dispersion :
Source: programme IPEV 109
Les adultes se déplacent moins loin. Les trajets semblent complexes et très variables d’un individu à l’autre, et dépendant fortement du pack et des conditions de glace (comme actuellement avec la présence de la polynie toute proche depuis plusieurs mois). Certains se dirigent directement sur des lieux présentant une nourriture abondante.

Il semblerait que les Adélie aient un profil de déplacements assez similaire, mais sur un calendrier opposé, puisqu’ils se reproduisent en été.

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