Portrait de Vincent, doyen de notre mission et hivernant multirécidiviste dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises ! Vincent nous parle de son métier de météorologue et de sa passion pour notre environnement si singulier. Bonne lecture !
Vincent Terol notre technicien météo - © Geoffrey Houpert (Dista)
« Je suis chef technicien à Meteo-France depuis… Houla… Presque 40 ans ! Déjà !
Je suis spécialisé en instrumentation et informatique et je complète l’équipe météo composée de Rachel (responsable de la station) et Stéphane (prévisionniste).
Meteo-France est présent sur les territoires des TAAF dès l’installation des bases scientifiques, parfois même, à l’origine de celles-ci. Les bases Martin-de-Viviès sur l’ile d’Amsterdam et Alfred Faure à Crozet portent le nom de leurs fondateurs, tous deux ingénieurs de la Météorologie Nationale. L’océan Austral et le sud de l’océan Indien sont des déserts météorologiques. Les paramètres de l’atmosphère récoltées depuis les bases de Kerguelen, Crozet, Amsterdam (subantarctique) et de Dumont d’Urville en Terre-Adélie (antarctique) sont essentielles pour nos modèles de prévisions numériques.
Ainsi les données de pression, température, humidité, vent et rayonnement sont envoyées toutes les trois heures à notre concentrateur à Toulouse qui se charge ensuite de les diffuser aux autres organismes météorologiques mondiaux.
Autrefois - et c’était le cas lors de mon premier hivernage en 1989 - ces données étaient récoltées manuellement. L’observateur se rendait toutes les heures à l’abri, notait les valeurs, les enregistrait religieusement sur le carnet d’observation, puis codait le message sur un télétype pour les envoyer en métropole.
Aujourd’hui, l’acquisition des données est réalisée par une station automatique couplée à un calculateur qui réalise les traitements et les transmissions tous les jours, du lundi au dimanche. A cela, on ajoute toutes les 3 heures entre 7h et 19h locale l’observation humaine (visibilité et type de nuages).
Lancer quotidien du ballon de radiosondage - © Stéphane Besnoist
Nous effectuons quotidiennement un lâcher de ballon équipé d’une radiosonde qui transmet en temps réel les données de pression, température, vent et humidité au fur et à mesure de son ascension. Nous obtenons ainsi le profil de l’atmosphère. Celui-ci est intégré par les modèles numériques de prévisions, utilisé par les satellites météorologiques pour calibration de leurs instruments de mesure.
Nous assurons également le suivi climatique de la station : les données sont quotidiennement transmises à notre base de données nationale. Responsables de leur bonne intégration, nous en vérifions la pertinence. Nous éditons un document climatologique mensuel à destination du personnel de la base.
Vent catabatique - © Vincent Térol
Enfin, nous réalisons aussi du lundi au dimanche, la prévision pour le personnel de la base, ainsi que pour les opérations logistiques pendant la campagne d’été. Nous assurons par ailleurs la veille météo et la prévention d’épisodes catabatiques qui génèrent des vents particulièrement violents.
Je suis plus particulièrement chargé de la bonne marche des équipements de la station. Cela va du simple capteur à nos systèmes informatiques (centrale d’acquisition, postes de travail informatiques, système de sauvegarde et d’archivage). Pendant l’hivernage, je soulage mes collègues sur le poste de prévision à raison d’une vacation par semaine.
Il s’agit-là de mon quatrième et dernier hivernage en Antarctique et subantarctique.
J’ai eu la chance d’avoir fait partie de la 39éme mission (1989 au siècle dernier donc :-) ) à Kerguelen. Une révélation. Après une longue pause de 25 ans, je suis revenu aux îles Kerguelen 64eme mission (2014). J’ai noté au passage les changements dûs à la modification du climat.
Par un concours de circonstance heureux, je suis reparti en 2017 (67eme mission) en Terre-Adélie cette fois-ci. A mon retour j’occupe le poste de responsable adjoint au service informatique du centre météorologique de la Réunion. Je fais de l’administration système windows et Linux, encadre une super équipe d’amis plutôt que collègues. Je travaille en parfaite osmose avec mon responsable. Il y a des enjeux, l’informatique est un domaine en perpétuelle évolution. Tout ça me plait énormément… Oui, mais comment quitter un tel environnement, sans connaître le grand vide une fois retraité ? Car ce sera bientôt le moment. Je songe alors à terminer mes services pour Météo-France en Terre-Adélie. Je postule, j’ai la chance d’être retenu, la chance de revenir, de faire partie de cette mission, la 74eme.
Mon dernier hivernage sur la Base de Dumont d’Urville. Un point final rêvé du chapitre de ma vie professionnelle.
J’aurais vécu les progrès considérables en matière de prévision du temps : En 1989, liaison avec la métropole de type télégraphique. Le type de document reçu sur un fac-similé pour élaborer une prévision. Difficile d’aller au-delà de 24h …
Kerguelen 2014 : liaison internet à 225Kb/s. Accès (très restreints aux modèles numériques en libre accès type Windguru.
Terre-Adelie 2017 : liaison 225Kb/s. Nous emmenons, à des fins de tests, l’application développée par Météo-France. Le flux de toute la base est coupé le temps que l’on puisse télécharger les données :
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Les phénomènes locaux (épisode catabatiques) sont de mieux en mieux vus par le modèle ECMWF maille 25km :
Super parcours, merci beaucoup !
RépondreSupprimerEt on attend toujours le plombier en chef !
Trop fière de toi Vincent.
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